WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I.1.3 Les batailles de l'immigré

Il arrive bien un moment où l'immigré se doit de prendre son destin en main. À ce niveau, la réalité rattrape le plus souvent de nombreux immigrés. Ils comprennent que la réalité est tout autre. Elle est loin d'être celle-là qu'ils se sont fabriquée. Ils sont ici à l'image d'un enfant qui, au jour le jour, lorsqu'on le tient par la main, marque des pas avec assurance et fierté, mais une fois la main lâchée, reste debout, hésitant. Deux options sont envisageables dans ce cas : soit il avance, soit il retombe. Maxime n'est jamais tombé.

22

En effet, Maxime n'a pas connu de « moment de galère » durant tout son séjour en France. De son arrivée à son départ, il s'est toujours tiré d'affaire. Il a eu un séjour respectable. Cela ne fait pas pour autant de lui un modèle d'immigration réussie. La réussite de son séjour trouve son sens dans les motifs de son départ. La réussite et l'échec d'un immigré dépendent de ses représentations de sa terre d'accueil, mais aussi et surtout des motivations qui les accompagnent. Ces motivations liées au départ de l'immigré de sa terre d'origine, nous les avons opposées plus haut, pour ce qui était des cas de Maxime et du couple Jende. Ce couple n'aura pas les chances de réussite égales à celles de Maxime. Dès que Jende perd son boulot de chauffeur, le couple se retrouve confronté à la dure réalité de l'Occident avec son lot de tracas : « M. Jones, patron de la société de taxis, n'avait pas de taxi pour lui » (VVR : 283). En revanche, son ardeur et sa détermination lui permettront de trouver « une place de plongeur dans deux restaurants » (VVR : 284).

Le bonheur connu au départ cède place peu à peu à la souffrance sous toutes ses formes. Le couple Jende prend un coup véritable sur le plan économique. Leur niveau de vie doit baisser considérablement. Il doit fournir davantage d'efforts s'il veut le maintenir. Les efforts, Jende en fait car « il partait avant que Liomi ne soit réveillé et rentrait lorsqu'il était déjà couché. Pour toutes ces heures de travail, il gagnait moins de la moitié de ce que rapportait son travail pour Clark Edward » (Ibid.). C'est dans des moments de souffrance que l'immigré réalise qu'il existe deux mondes. L'un est celui qu'il s'est construit et dans lequel il rêvait de vivre, l'autre correspond à la réalité pure, loin du rêve. Si la situation précaire de Thamar peut susciter de la pitié au regard de la vie de rêve qu'elle a menée avec son amant et de ce qu'elle se retrouve aujourd'hui loin, très loin de son niveau de vie d'antan, cela l'est davantage pour Jende. Son niveau de vie, au fil du temps, s'améliorait peu à peu jusqu'à ce qu'il se retrouve sans ce travail de chauffeur auprès d'Edwards. Avec sa famille qui s'est agrandie, la situation devient davantage préoccupante. Jende réalise que

La chute [est] dégradante. Avoir porté un costume, être parti avec une mallette tous les jours, être allé devant les lieux importants, tout ça pour se retrouver à jeter des restes et mettre des assiettes au lave-vaisselle. Avoir roulé en Lexus, emmené des Directeurs à leurs réunions, tout ça pour rester planté debout dans un coin à astiquer les couverts. Avoir disposé d'heures d'attentes entières dans la voiture [...] tout ça pour disposer de quinze minutes de pause ici et là » (VVR : 284-285).

Telle est la nouvelle vie de Jende.

Misère, aisance, bonheur-misère, voilà à quoi se résume la vie de nos personnages, du point de vue socioéconomique en situation d'immigration. Il a été établi qu'il s'avère difficile

23

pour les immigrés de vivre une situation d'épanouissement total sur les plans sus-cités. L'aspiration au bonheur et à une aisance matérielle ne se concrétisent pas toujours. Thamar, Maxime et le couple Jende en sont des illustrations. Thamar semble être celle qui a le plus souffert parmi les trois. Le décès de son amant avec tout ce que cela a eu comme implication, associé à son rejet par son propre fils, constitue un véritable fardeau pour elle. Le couple Jende quant à lui, n'a également pas atteint ses objectifs ; « leur budget-nourriture réduit de deux tiers » (VVR : 306) montre le changement qui s'est opéré dans leur vie. Leur situation est, elle aussi, déplorable et inquiétante.

Maxime est celui qui se tire le mieux d'affaire Il est une sorte de pont entre les deux cas. Le bonheur, on ne saurait dire qu'il l'a connu car, en réalité, ce n'est pas ce qu'il est venu chercher. La misère matérielle, il ne l'a non plus connue. Cela nous amène une fois de plus à dire que la situation socioéconomique d'un immigré dépend en partie des motivations de son départ. Le pays d'accueil étant le plus souvent représenté de façon chimérique, il se trouve que de nombreux immigrés deviennent victimes de leurs illusions, et cela s'observe à plusieurs niveaux.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway