III.2 La redéfinition de la culture de
l'immigré
Pour que l'immigré cesse d'être pris dans
le piège de la culture qui entrave son épanouissement dans sa
terre d'élection et subit des malaises pouvant le pousser à
anticiper son retour, il lui faut orienter son appréhension de la
culture, laquelle orientation devrait lui épargner des problèmes
d'ordre culturel.
III.2.1 Bases théoriques pour une nouvelle
orientation
Il a été établi que les
déplacements entraînent des rencontres de cultures et cela
provoque parfois des chocs culturels. Nous avons pris en compte les deux
visions largement répandues sur la culture. S'il l'on opte pour le
phagocytage des cultures tel que le présage Kelman, on se rend compte
que l'immigré peut oublier la perspective d'un retour heureux au pays
natal tant il aura perdu ses repères. Et si l'on milite plutôt
pour la sauvegarde de ces habitudes tout en restant ouvert, il est aussi
évident que ces habitudes du pays natal puissent parfois jouer des
mauvais tours à l'immigré. Étant donné que la
réussite ou l'échec de
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l'immigré dépend entre autres de son
épanouissement en terre d'accueil, les problèmes de culture
auxquels l'immigré est confronté constituent un handicap à
son épanouissement.. Que faut-il faire pour briser les obstacles
culturels qui nuisent au vivre pleinement de l'immigré, telle est la
grande question. Nous proposons ici un concept tout nouveau qui résume
notre pensée et indique les pistes à suivre.
III.2.2 Pour un mutantisme culturel 37
La théorie du mutantisme culturel
présuppose que la notion de culture est vide de sens et qu'il revient
à l'individu, le mutant, de lui donner un sens. Le mutant ici ne doit
pas être perçu dans le sens des dictionnaires de langue,
c'est-à-dire « un être qui a subi une mutation » mais
dans le sens d'une personne qui "mute". Le mutantisme revient à ne pas
se définir par rapport à une culture quelconque, mais de
définir sa propre culture à chaque fois que l'on a à se
déplacer. Concrètement, cela voudrait dire qu'un migrant partant
par exemple de l'Afrique pour l'Europe, devient européen une fois qu'il
s'y retrouve. Et à son retour en Afrique, il redevient Africain. Il ne
doit pas s'identifier à travers un ancrage acquis car, le faire, le
condamnerait à être une victime du déracinement ou du choc
culturel. Il doit considérer qu'il est en quelque sorte « un homme
sans culture », à l'image d'un caméléon prenant
toutes les formes qui lui conviennent selon les situations auxquelles il fait
face. Comment parvenir à un tel idéal ? C'est là que
réside tout le problème.
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