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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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III.1.2 Culture comme donnée innée

Plusieurs auteurs voient en la culture, de nos jours, quelque chose de propre à l'homme, quelque chose d'essentiellement ancré en l'homme et par lequel il se définirait. Nous retenons ici les points de vue de deux penseurs : Aimé Césaire et Flora Amabiamina. Pour Césaire, la culture s'entend comme « la civilisation en tant qu'elle est propre à un peuple, à une nation, partagée par nulle autre et qu'elle porte, indélébile, la marque de ce peuple et de cette nation » (Césaire, cité par Flora Amabiamina, 2017 :8). Selon lui, la culture est une entité authentique, pure, elle est la marque d'un peuple. De cette manière on peut parler de culture camerounaise, culture française, culture chinoise, etc. Flora Amabiamina partage ce point et s'interroge notamment sur les « mécanismes de préservation de sa culture » (Ibid.)

En effet, les déplacements qu'effectuent les migrants aujourd'hui posent ce problème de sauvegarde de la culture. Les immigrés transportent avec eux un bagage culturel conséquent. Suivant cette logique, Thamar, Jende, Maxime et Neni par exemple, portent en eux, bien qu'étant dans un nouveau pays, les marques de la culture africaine, entendu comme des agissements, des habitudes vestimentaires ou alimentaires par exemple, tandis qu'Antoine en se déplaçant en Afrique draine avec lui les marques de la culture française. Il est clair que l'immigré se retrouve en conflit. Doit-il, pour survivre abandonner sa culture et embrasser celle de son pays d'accueil ? Peut-il concilier les deux ? Apporter une réponse affirmative à ces questions paraît bien compliqué. En effet, la culture, entendue comme une marque de l'individu, serait indissociable de ce dernier. Embrasser celle de son pays d'accueil n'est pas aussi une entreprise aisée. Flora Amabiamina propose non pas d'abandonner sa culture, mais plutôt de s'ouvrir à la culture de l'autre tout en préservant la sienne. Un tel appel est salutaire et règlerait les différentes crises culturelles que traversent les immigrés. Mais en pratique, on se rend compte que plusieurs immigrés n'intègrent malheureusement pas ce principe. Cela peut s'expliquer par le fait que le contact avec la terre d'accueil est parfois violent et ne leur laisse aucune chance d'apprendre quoi que ce soit. Il leur semble plus facile de vivre à l'africaine en Occident. Cependant, d'autres penseurs s'opposant à la conception de la culture dans le sens d'une chose acquise, montrent qu'il est bien parfois important voir impératif pour l'immigré de faire des concessions s'il veut s'en sortir dans son pays d'accueil.

III.1.3 La culture comme inscription dans un chronotope

Quand on conçoit la culture d'une manière autre que celle renvoyant aux conceptions des auteurs que nous venons de citer, on ne saurait s'empêcher de penser à Gaston Kelman.

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En effet, Kelman ôte à la culture toute référence d'ordre historique ou ethnique. Pour lui, «la culture est un élément social et non ethnique même si l'ethnie sert souvent d'espace d'enracinement à un modèle culturel. Ce cas de figure se retrouve notamment et presque exclusivement en milieu traditionnel et rural. Dans tous les cas, la culture reste un élément spatial et temporel. C'est la capacité de s'adapter à son milieu et à son temps. » (2003 :42). Théoriquement, Kelman propose aux immigrés de se fondre dans leur pays d'accueil et de faire corps avec lui. Cette conception de culture s'apparente un peu au concept d'assimilation, vu dans le sens de la capacité et la volonté d'intérioriser les moeurs de sa société d'accueil. Cette vision de la culture ne saurait, toutefois, prospérer pour deux raisons : premièrement parce que Kelman dans son appel à s'adapter à son espace-temps, privilégie le pays d'accueil, l'Occident surtout. Dans sa logique c'est aux Africains, qu'il revient de fournir ces efforts une fois en Occident car, dans le sens inverse, cela s'avère plutôt compliqué. Le cas d'Antoine l'illustre à suffisance ; deuxièmement parce que l'immigré qui fait immersion dans le pays d'accueil perd ses repères une fois qu'il lui arrive de retourner chez lui. Renoncer à des choses acquises et qui constituent entre autres la marque de fabrique de l'individu, rend difficile le retour de l'immigré. Dans la plupart des récits de l'immigration, les personnages, s'y étant essayés, en ont payé le prix. L'impasse de Daniel Biyaoula en est une illustration. De l'une comme de l'autre conception de la culture, le problème de l'épanouissement de l'immigré n'est pas résolu. Que faut-il faire ? C'est ce que nous essayons de voir.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway