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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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II.2 Une volonté d'affirmation du sujet : supporter le poids des autres.

Il arrive à un moment de la vie de l'immigré que ce dernier commence à comprendre qu'il lui est impossible de réaliser les rêves nourris parfois longtemps avant son arrivée. Il se rend compte qu'entre ce qu'il prenait pour réel et faisable, et la réalité sur le terrain, il y a un fossé. Étant donné que l'immigré est généralement l'espoir de toute famille, la lumière de toute une communauté, il réalise que baisser les bras est une solution très mauvaise dans ces circonstances. Une seule issue : il se doit de s'affirmer. S'affirmer ici signifie refuser de se résigner pour continuer à entretenir les rêves des siens et nourrir leurs espoirs.

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II.2.1 Demeurer à tout prix : le projet de l'immigré

Quand les choses commencent à se compliquer pour l'immigré et qu'il se rend compte que ses rêves de réussir peuvent prendre fin du jour au lendemain, il met sur pied tous les stratagèmes pouvant contribuer à le faire rester encore plus longtemps. Être au moins dans cet `ailleurs' lui permet d'entretenir ses rêves de réussite. Cesser d'y être serait synonyme de retour à la case de départ. Alors, il n'en est pas question. Des mensonges aux pensées les plus insondables, tous les moyens sont bons pour demeurer dans le pays de ses rêves. Thamar est celle qui n'a de pensée que pour elle-même. Son bonheur tant désiré auprès de Pierre, elle n'a nullement l'intention de le voir s'envoler. Sachant que son amant n'aime pas vraiment son fils et que la présence de ce dernier auprès d'elle pourrait mettre à mal sa relation, elle opte pour une mesure drastique :

Pour éviter les heurts, elle avait placé le petit à l'internat durant l'année scolaire [...] l'été, elle l'expédiait chez sa mère au Mboasu, se contentant d'envoyer un peu d'argent pour son entretien c'était vrai, elle ne l'avait pas fait uniquement pour lui permettre de faire connaissance avec ses racines, mais aussi parce que la jeune femme qu'elle était avait besoin des regards d'un homme et qu'il n'y avait eu, sur son chemin solitaire, que celui-là qui ne voulait pas entendre parler de son fils (CAC :30).

Cet extrait montre que le bonheur de Thamar passe par sa séparation avec son fils, fruit de ses entrailles. On se serait attendu, en toute logique, qu'elle choisît de rester aux côtés de son fils. Seulement, cet acte aurait impliqué la fin de ses rêves et probablement un retour à la case de départ. Puisque son bonheur et son bien-être comptent davantage, elle n'hésite pas à isoler son fils. Elle doit rester en Hexagone à tout prix car sa réalisation en tant que femme passe par là.

L'attitude de Thamar rompt d'avec celle de Maxime. Demeurer à tout prix n'a jamais été son objectif. Si son aventure arrivait à tourner court, « il serait alors retourné sans regrets d'où il était venu, convaincu d'avoir tenté le maximum. Et, de toute façon, cela avait toujours été son objectif ». (Id. : 50). On peut établir à partir de ces deux exemples que la réaction de l'immigré dans sa terre d'accueil est étroitement liée aux raisons de son départ. En effet, ces attitudes divergentes de Maxime et Thamar s'expliquent par les raisons à l'origine de leur émigration. Thamar est venue en Occident à la recherche du bonheur, raison pour laquelle elle s'accroche et est prête à tout pour y rester. Maxime, en revanche, n'a jamais rêvé de « l'Hexagone comme une sorte de paradis terrestre » (Ibid.). Alors il n'est pas partisan de la théorie de l'Occident à tout prix.

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À l'inverse, le couple Jende autant que Thamar en sont des adeptes. S'il est vrai que Jende est un peu plus modéré et prêt à rebrousser chemin quand les choses commencent d'aller de travers, son épouse est plutôt une extrémiste à l'image de Thamar. Tandis que son époux Jende « racontait mille et un mensonges à l'immigration simplement pour devenir un jour citoyen des États-Unis et passer le restant de sa vie dans cette grande nation » (VVR : 16) ou encore accepte de « plaider la persécution motivée par l'appartenance à un groupe social particulier » (Id. : 33), pour la même cause, Neni se confesse en ces mots : « je dois... je dois divorcer de mon mari pendant quelques années. Ensuite, je pourrais me marier à l'ami de ma cousine pour avoir des papiers (Id.:315).

Tel est l'état d'esprit des immigrés à un moment de leur vie en terre d'accueil. Ils sont gênés, surtout ceux qui y sont venus dans l'espoir de faire fortune, de voir ce rêve prendre fin en chemin. Il faut tout tenter, et tous les moyens sont bons dans ces périodes difficiles. En revanche, chez d'autres qui n'y sont pas allés dans l'espoir de faire fortune à l'instar de Maxime, la réaction est différente. Et en toute logique, pour ceux des immigrés dont le premier contact a été décevant avec l'ailleurs, Antoine par exemple, le seul rêve est de revenir sur ses pas, raison pour laquelle on ne le retrouve pas en train d'essayer quoi que ce soit pour rester au Mboasu, le lieu de dégoût et de rejet, contrairement à ce que l'Occident représente pour les autres immigrés.

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