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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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II.1.2 Sur le plan du développement

Un autre aspect comparé par les migrants est le niveau de développement des deux pays. Les immigrés partis du sud pour le nord sont le plus souvent frappés par le développement, notamment infrastructurel qu'ils y retrouvent. Cette comparaison a un objectif à la base. En effet, elle s'opère parfois avant même que le voyage ne soit effectif. C'est dans l'intention de réaliser quelque chose qu'il aurait été difficile de faire dans le pays natal. Mais, à la différence de la comparaison des niveaux sociaux qu'on a pu observer avec Jende, et dont nous avons vu qu'elle est explicite, celle-ci est implicite. Si l'immigré en provenance du sud et débarqué au nord est frappé par le développement de manière positive, celui parti du nord pour le sud l'est inversement, à l'image de son trajet. Deux personnages nous permettent de lire cette forme de rapprochement des deux espaces. Il s'agit de Maxime et d'Antoine. Ces deux personnages n'ont pas rêvé de l'ailleurs de la même façon que Jende et son épouse ou encore Thamar. On pourrait même dire qu'ils ont été contraints d'effectuer le voyage. Il est évident que, pour eux, l'ailleurs ne symbolise pas le lieu de tous les bonheurs, le lieu de la réussite, ce lieu offrant tous les plaisirs que la terre natale n'a jamais su ou pu leur offrir. Ils n'ont aucunement assimilé le pays natal à un lieu de misère ou de souffrance. Au contraire, il connote une certaine aise et un confort doux. De Maxime, le narrateur nous fait savoir que

s'il avait tenu à demeurer dans ce pays, cela n'avait été que pour valoriser son diplôme, apprendre ce qui n'était pas enseigné dans les salles de cours [au pays natal], ce qu'il aurait besoin de savoir pour exercer convenablement son métier, une fois rentré au pays. Il n'osait s'avouer qu'il était également resté dans l'espoir de retrouver Thamar [sa mère] même s'il n'était plus certain de pouvoir la reconnaitre (CAC :50)

Il se dégage de ces propos une comparaison implicite mettant en relief deux éléments : le niveau de développement des deux espaces (Nord/Sud) et une situation de manque à combler. Le projet d'immigration de Maxime a été motivé par le niveau de développement de l'ailleurs. S'il y est allé parce que, à l'exemple de Jende, cet ailleurs avait quelque chose à lui offrir, il reste qu'il ne s'agit pas d'une quelconque réalisation des rêves car il n'a nullement désiré s'accomplir dans ce pays. Par ailleurs, l'argument familial est aussi entré en jeu. Le narrateur nous fait savoir qu'il était resté dans l'espoir de retrouver sa mère. Cela signifie que

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la terre natale, à ce moment, connote pour lui un espace de manque, un manque à combler. Ainsi, lorsqu'il se retrouve dans ce pays nouveau, il est cette fois-là à l'image de Jende. Pour les deux, être en terre étrangère est symbole de la fin de sa souffrance. Maxime sait que sa mère y est, et l'espoir de la retrouver constitue, entre autres, un des éléments qui le maintiennent debout. Il est certain que si elle ne s'y trouvait pas, il y a longtemps qu'il serait rentré au Mboasu.

Avec Antoine, on est toujours au niveau de la comparaison implicite du niveau de développement des deux espaces. Dès son arrivée à l'aéroport, il éprouve un dégoût pour tout ce qu'il observe autour de lui. Son arrivée dans le quartier de sa grand-mère est la goutte d'eau qui fait déborder le vase (CAC : 80) :

le garçonnet avait décidé, avant même de connaitre la demeure de sa grand-mère, que ce Mboasu ne sera jamais son pays. Il ne ferait pas le moindre effort pour composer avec ce nouveau monde, compterait les jours jusqu'au départ pour l'Hexagone. [...] il mit un point d'honneur à rendre la communication impossible entre lui et le voisinage, il n'apprit pas leur langue, n'en saisissait jamais que des bribes, bien malgré lui.

De même qu'avec Maxime, on observe deux choses chez Antoine. Premièrement, ce pays est différent du sien. S'il refuse de s'y accommoder, c'est parce qu'il le confronte implicitement au sien et ne retrouve rien pouvant le lui rappeler. Au-delà de cette comparaison, il y a également le facteur familial. Sombe est pour lui synonyme d'abandon et de rejet par sa mère et le Mboasu, le pays de tous ses malheurs.

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