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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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I.2.3 La place du souvenir dans le quotidien des immigrés

Face à cette rigidité du pays d'accueil faisant des immigrés des personnages situés dans cet espace de l'entre-deux, ce dernier nourrissant à son tour, en eux, ce sentiment de non-appartenance total à l'un ou l'autre espace, ils optent pour le souvenir comme échappatoire, ou encore moyen de revendication d'un espace qui leur serait acquis. « Qu'ont à leur offrir ces espaces dysphoriques et oppressants en échange des espaces euphoriques fantasmés qui meublent leurs rêves ? » s'interroge Flora Amabiamina (2017 : 202 ), montrant la raison que brandissent les immigrés pour justifier leur théorie de l'ailleurs ou rien. Les deux espaces que la critique oppose (dysphorique et oppressants / euphoriques et fantasmés) sont intéressants ici car ils connotent la dialectique de l'ici et l'ailleurs ; et ne prennent sens que relativement à la condition de l'immigré. Au moment où ils sont encore dans leur pays natal, les immigrés se représentent cet espace de façon dysphorique et oppressante et l'Occident tel un espace « euphorique ». Or, à partir du moment où ils foulent l'ailleurs et qu'il leur est inaccessible, qu'ils ne peuvent comprendre ses codes, la représentation des espaces s'inverse.

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Le lieu longtemps euphorisé devient dysphorique et celui autrefois dysphorique, se positionne en une voie de sortie ; une voie d'échappement. À défaut de pouvoir le rejoindre, le plus tôt possible, le souvenir joue le rôle de médiateur. Il leur permet de renouer avec cet espace qu'il ne faut pas oublier, surtout lorsque l'ici pourtant convoité devient dysphorique.

Lise Mba Ekani pense que : « contre l'oubli, le souvenir surgit comme une nécessité absolue. Le souvenir, défini d'une manière générique comme la présence à l'esprit d'une image qui n'existe plus, est une notion qui charrie de nombreux éléments. Se souvenir c'est non seulement accueillir, recevoir une image du passé, c'est aussi la chercher, « faire » quelque chose » (2011 :35). Pour elle, évoquer le souvenir revient à éclairer la mémoire, l'histoire et le temps. Ceux-ci surgissent à la fois « au niveau des mécanismes d'accumulation qu'au niveau du processus de recomposition des représentations » (Ibid.). Le souvenir apparaît pour l'immigré tel un motif de (re)création d'un espace perdu/désiré. Le pays d'origine, espace de tous les maux au moment d'une représentation chimérique de l'ailleurs, devient le lieu du salut. S'en souvenir est en quelque sorte un moyen de reconquête. Il donne à l'immigré l'impression d'avoir, lui aussi, quelque chose à faire valoir, quelque chose qu'il possèderait de façon intrinsèque et que la confrontation entre les deux espaces permet enfin de révéler. De Thamar à Jende en passant par Antoine, tous optent pour ce moyen, le souvenir comme tentative d'effacement des préjudices subis et de (re)construction d'un espace enviable et acquis. Lorsque Thamar se souvient de ses années d'enfance passées au Mboasu et du traitement de reine auquel elle y a eu droit, on peut voir en cet acte un moyen pour elle d'échapper à la réalité de misère à laquelle elle fait face en Occident. Son pays natal, lieu de tous les malheurs au moment où naquit son projet de départ, devient un lieu de convoitise. Il en est de même pour Jende. Il ne cesse de se souvenir de son Limbé natal. Et ces souvenirs ne surgissent que quand les choses semblent aller de travers dans son nouveau pays.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery