CHAPITRE 2 :
L'ENTRE-DEUX : LES PIÈGES CULTURELS ET
IDENTITAIRES
Au-delà des conditions de vie des
immigrés, que l'on peut qualifier de précaires, contribuant
à faire naître en eux le sentiment du retour au pays natal, les
problèmes d'identités et de culture constituent un autre facteur
propice à l'éclosion de ce sentiment. En effet, cultures et
identités forment ce que nous nommons ici « l'entre-deux ».
L'immigré en partant de son pays d'origine à la recherche de la
terre promise, doit faire face aux transformations que tente de lui imposer ce
nouveau pays. Transportant avec lui un bagage culturel et identitaire
(Amabiamina, 2017), lequel n'est parfois pas en phase avec le nouveau lieu de
vie, l'immigré fait face à un véritable défi. Il
doit se plier aux changements, s'il veut atteindre ses objectifs de
départ, notamment une aisance financière dans l'optique de
satisfaire à la fois ses besoins et surtout toutes les attentes
placées en lui par les siens. Ce processus de transformation
n'étant pas une entreprise des plus simples, il se retrouve à la
croisée du changement et de la conservation, situation l'obligeant la
plupart du temps à comparer le pays d'origine au pays rêvé,
à nourrir quelques fois des regrets et de la colère, à
être tourmenté etc. Il est question dans ce chapitre de voir
comment cette situation le conduit à la renonciation et le pousse
fortement à reconsidérer sa théorie de la réussite
dans ce pays dont il ne parvient toujours pas à cerner les
contours.
I- De l'identité : quête et contraintes
La notion d'identité est omniprésente
lorsqu'on s'intéresse à la question de
l'immigration29. En effet, elle constitue l'un des véritables
problèmes que rencontrent les immigrés. Ils sont des personnes en
perpétuelle quête de repères. Difficile de se
définir tant par leur société de départ que par
celle d'arrivée, ceux-ci se retrouvent confinés dans un espace
indéfinissable, un entre-deux identitaire, d'où la naissance d'un
sentiment de non-appartenance.
I.1 L'immigré à la quête de
l'identité
La question de l'identité, nous venons de le
dire, est indissociable de la découverte de l'autre. Elle est «
toujours rupture, doublement définie vis-à-vis de la
société d'origine, de sa langue, de ses codes culturels et de la
société d'accueil qui tend [...] à la perte
d'identité
29 Christiane Albert le démontre dans son
ouvrage paru en 2005.
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d'origine. » (Albert, 2005 :113). Seulement,
cette notion a été récupérée et
théorisée de toutes parts, ce qui tend à conférer
à l'expression « quête identitaire », un
caractère de vacuité.
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