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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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III.2.2 Les différences

Les conditions de vie différentes constituent un autre facteur qui développe le sentiment d'étrangeté. Il faut relever le fait que ce sentiment naît également de la perception différente d'une situation de l'immigré par une personne à priori non étrangère, ou alors inversement. Mighty par exemple est surpris28 de constater que chez les Jende, « tout le monde dort dans la même chambre » (VVR : 182). Cette surprise naît de ce qu'il n'est pas habitué à cette pratique. Chez eux, les choses se passent différemment. Cela peut donc être vu en symbole d'étrangéité par les Jende. Ils constatent que leur pratique ne colle pas à celles de leur nouvelle société. Cette différence se perçoit également à travers Thamar. Les parents de son amant, en l'expulsant après le décès de leur fils, lui renvoient au visage son étrangeté.

26 L'expression est identique dans le texte original.

27 Il est vrai que la nature de ces visites peut être questionnée. Mais, au-delà de tout, Thamar semblait tout de même heureuse de voir son fils de temps en temps.

28 Positivement d'ailleurs.

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Étrangère, Neni aussi l'est. Elle qui ne maîtrise pas le mode d'emploi de sa nouvelle société et veut se comporter avec celle-ci pareillement à sa société de départ. Évidemment cela ne peut pas fonctionner et ne peut que lui révéler cette dimension étrangère qui l'habite. L'extrait ci-dessous décrit cette méconnaissance de sa nouvelle aire.

Il lui semblait fou de constater que la même somme d'argent ne permettre d'acheter que trois plantains, qui ne suffisaient même pas à nourrir Jende un seul jour [...] ces prix-là n'avaient aucun sens. Trois plantains pour deux dollars ? Pourquoi ? Deux dollars correspondaient à mille francs CFA, et pour cette somme-là une femme pouvait acheter de quoi nourrir sa famille pour au moins trois repas. (VVR : 307)

Cela s'observe dans l'attitude qu'elle adopte au foyer. Dans son pays d'origine, le Cameroun, la femme a généralement tendance à jouer la carte de la douceur, à accepter la domination de son époux dans tous ses aspects. Voilà pourquoi elle accepte de se faire bastonner par son époux parce que le mari est celui qui décide.

III.2.3 La langue

Enfin, on note la méconnaissance de la langue. L'immigré ne maîtrisant pas la langue de son pays d'accueil est condamné à demeurer étranger dans ce pays-là, la langue étant fondamentalement un outil d'intégration. Antoine est étranger à l'Afrique. Ses passages dans ce continent durant ses années d'enfance ont relevé une impossible intégration. On peut le comprendre à travers ce récit de sa première visite du continent, dressé par le narrateur.

Une hôtesse s'était occupée de lui pendant le vol qui avait duré sept interminables heures, une vieille l'avait accueilli à l'aéroport, le serrant dans ses bras comme s'ils s'étaient quittés la veille. Elle se parlait à elle-même, une langue qu'il ne comprenait pas (CAC : 79)

On peut donc constater qu'Antoine, dès son premier contact avec ce pays, est frappé par le facteur langue. On parle une langue qu'il ne connaît pas, ce qui ne fera que conforter ce sentiment d'étrangeté. Toute la suite, pour lui, dans ce pays, ne sera qu'étranger. Au-delà de la langue qu'il ignore, il trouve tous les actes et pratiques exercés dans ce lieu, extérieurs à sa personne:

Dans la maison, d'énormes cafards aux ailes noires volaient [...] se jetaient dans les plats venant d'être servis à table. Des rats aussi gros que des chats vous narguaient [...] tout cela l'avait tenu à distance du repas. La vieille l'avait couché sur un matelas de mousse que partageaient déjà les trois autres gamins [...] elle l'avait couché, lui avait passé la paume de sa main calleuse sur le visage [...] il refusait de s'abandonner à cette caresse, de se mettre à aimer l'inconnu chez

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qui on l'avait jeté comme une pelure de patate au fond d'une poubelle. Pouvait-on s'attacher au fond d'une poubelle ? » (CAC : 80-82)

Ils sont nombreux ces facteurs qui participent à faire de l'immigré un être plongé dans le sentiment d'étrangeté. Nous en avons établis trois dans notre corpus.

Dans ce chapitre, nous nous sommes focalisé sur la personne de l'immigré dans son nouveau lieu de vie. L'étude de la dimension psychique a primé sur celle physique car elle est celle qui participe le plus de la naissance du sentiment du retour. On a pu établir que le séjour de l'immigré n'est pas toujours agréable car ce dernier, en plus d'être inconfortablement épanoui sur les plans socio-économiques et administratif, pour d'aucuns, est en proie aux préjugés et au regard de l'autre. Il développe alors un sentiment d'étrangeté et d'angoisse profonde. Tout cela porte atteinte à son intégration. Il figure dès lors un personnage toujours marginalisé. Aussi comment réagir, y faire face ? Comment, en effet, se positionner ? Comment se définir ou alors vouloir se définir pour au moins exister ? Telles sont entre autres les réflexions développées dans le chapitre suivant.

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