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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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III.2. L'étrangéité

Nombreux sont ces immigrés qui, plus ou moins longtemps après leur arrivée en terre d'accueil, ont le sentiment de demeurer étrangers dans leur être. Ils sont conscients du fait que cette nouvelle terre ne leur appartient pas. Il est évident que demeurer dans ce sentiment est l'un des facteurs d'une auto-marginalisation et donc d'une non-intégration. Pour Brigitte Fichet (2004), est étranger « celui qui est l'objet de mise à l'écart par le groupe majoritaire qui ne reconnaît aucune appartenance au groupe, quels que soient ses points communs ou ses différences objectivement partagées par les membres du groupe ». C'est dans cette logique que nous appréhendons le concept d'étranger, bien qu'il sera davantage question d'expliquer les raisons de cette « mise à l'écart » ou alors parfois, de cette auto-mise à l'écart par soi-même qui, dès cet instant, le disqualifie d'une probable intégration.

III.2.1. La solitude

La prise de conscience de la solitude est l'un des facteurs concourant au développement de ce sentiment immigré. Il arrive à un moment donné que l'immigré prenne conscience de ce qu'il est « seul »25. Il réalise en effet que, contrairement à tout ce monde qui l'entourait jadis dans le pays laissé et dont il maîtrisait les contours, il semble désormais, beaucoup plus un être-jeté-au-monde. Il doit créer ses propres contours. Le narrateur de Voici venir les rêveurs décrit cet aspect lorsqu'il nous présente Jende qui vient de décrocher un emploi, ce qui le rend fier.

25 Abandonné à ses dépens d'un point de vue psychique.

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À Limbé, il aurait bondi hors de la voiture, pris le premier venu dans ses bras et crié devant tout le monde, Bo26, tu ne vas jamais deviner ce qui vient de m'être dit. À New Town, il serait forcément tombé sur une connaissance avec qui partager la nouvelle ; pas comme ici, dans les rues du Bronx bordées de vieilles maisons [...] il y avait bien un jeune noir qui marchait avec des écouteurs [...] trois asiatiques qui pouffaient [...] il y avait un Africain aussi, mais vu sa peau noire, son visage anguleux [...] cet Africain-là était très certainement un sénégalais ou un Burkinabè [...] Jende ne pouvait pas lui tomber dans les bras sous-prétexte qu'ils étaient tous deux Africains. » (VVR : 24)

À travers la description de cette scène, on comprend clairement que Jende ne se sent pas chez lui, parmi les siens. On remarque effectivement que ce n'est pas une présence humaine qui lui manque -car ils sont nombreux dans la rue, les Africains aussi- mais il se sent différent de toutes ces personnes. Il n'est pas des leurs, il est étranger à toutes ces personnes, à tout cet environnement, ou alors inversement. Jende est conscient de ce qu'il est seul, qu'il est un étranger. Cette solitude, bien que perceptible par bribes dans CAC, n'a pas la même ampleur que celle ressentie par les personnages de VVR. Cela peut s'expliquer par le fait que le destin des personnages de CAC semble croisé. En effet, on peut dire de Thamar qu'elle a longtemps été seule, de par le temps qu'elle a passé dans la rue. Mais pareille affirmation pêcherait par vice de flexibilité. Elle recevait la visite27 de l'un de ses fils de manière périodique. Et c'est toujours l'un de ses fils qui la fait sortir de la rue.

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