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Le motif du retour au pays natal dans le roman de l'immigration: l'exemple de ces à¢mes chagrines de Leonora Miano et voici venir les rêveurs d'Imbolo Mbue


par Fabrice Lyonel NJIOTOUO NJAKOU
Université de Douala - Master 2 2019
  

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III.1.3 Les immigrés : victimes d'abus et des peurs

Une autre forme du phénomène décrit, observée chez les personnages de CAC, est celle liée à leur condition de clandestin sur le territoire français. Cette situation les expose à diverses formes d'abus et les amène à se poser des questions au rang desquelles pourquoi ils y sont. Si Maxime « avait dû faire appel [...] pour se faire employer, acquérir une expérience valable dans son domaine, gagner sa vie » (CAC : 58), cela montre qu'il est de ce fait exposé aux arnaques et abus de toutes sortes. Son frère Antoine est sans pitié pour lui. Il ne manque pas l'occasion de se faire de l'argent sur son dos. Si le narrateur, tentant d'expliquer les motivations d'Antoine, souligne qu'il « avait vu là l'occasion de se venger de ce demi-frère qui avait toujours été si parfait, si solide, si responsable » (Ibid.) et que Maxime, lui, ne voit pas véritablement en cela un problème, il reste qu'il n'est pas sans inquiétude. D'ailleurs, pour peu que s'offre l'occasion de sortir de ces murailles dressées par son frère, il n'hésite pas un seul instant.

Maxime n'est pas le seul immigré victime de la cupidité d'Antoine. Moustapha, un autre immigré clandestin, en fait aussi les frais. Antoine « gardait une visibilité assez nette sur les avoirs de Staff [...] si le salaire avait augmenté, il l'aurait su. » (CAC : 100). Profiter de la situation des immigrés pour leur enfoncer le couteau dans la plaie, non seulement cela nourrit en eux un profond malaise, mais cela constitue un fardeau difficile à transporter et s'érige en une sorte de hantise. Telle est la situation de Maxime et de Moustapha. Tous deux finiront, heureusement pour eux, par trouver une issue favorable. Si Maxime, certainement par amour pour son frère, lui tiendra la main plus-tard, ce n'est pas le cas pour Moustapha qui avait hâte de « lui démontrer qu'il serait bientôt aisé de se débarrasser de lui. » (CAC : 103)

Par ailleurs, l'angoisse observée chez les personnages de Voici venir les rêveurs n'a pas les mêmes fondements. Contrairement à Ces âmes chagrines qui décrit à quel point cela peut être rongeur et dévastateur, Voici venir les rêveurs montre que cela est dû aux mécanismes à emprunter pour améliorer leurs conditions plus ou moins prometteuses. Autrement dit, les personnages décrits sont angoissés non pas par ce qu'ils vivent, mais parce qu'ils redoutent les jours à venir. Écoutons Jende se confier à son patron Clark Edwards :

Car mon pays n'est pas bon, monsieur, commença-t-il. Il n'a rien à voir avec l'Amérique. Si j'étais restée dans mon pays, je ne serais devenu rien du tout. Je serais resté un rien du tout. Mon fils serait devenu un homme pauvre comme moi, qui suis devenu pauvre comme mon père. Mais en Amérique Monsieur, je

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peux devenir quelqu'un. Je peux même de venir un homme digne de respect. Mon fils peut devenir un homme digne de respect. (VVR : 49)

Si la confession de Jende à son patron connote d'emblée une comparaison mettant aux prises Jende, le pays laissé et le pays rêvé, il y transparaît, en toile de fond, une préoccupation beaucoup plus sérieuse. Jende est inquiet et espère que son fils soit ce qu'il n'aurait jamais pu être dans son pays natal. Apparaît donc la peur de l'échec. L'immigré a peur de l'échec, peur de ne pas pouvoir réussir. Cette angoisse s'érige en hantise et emmène l'immigré à être prêt à tout pour ne pas sombrer dans l'échec. S'il est vrai que « le premier contact avec l'Europe se révèle très décevant d'autant que les personnages ont longtemps rêvé de ce voyage », pense Christiane Albert (2005), plus décevant l'est encore, lorsque ceux-ci s'installent dans la durée. Une autre forme de sentiment qu'ils développent à cet effet est l'étrangéité.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon