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De quoi l'auto-gynécologie est-elle le nom ?


par Lolane Dentand
Université Lumière Lyon 2 - Master Psychologie Sociale 2017
  

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C. La théorie des représentations sociales appliquée aux phénomènes et comportements de santé

Après avoir développédans les précédentes parties l'objet santé à travers le prisme des sciences sociales et les choix épistémologiques dans son appréhension, il convient désormais de présenter le regard des représentations sociales appliqué à l'étude des phénomènes sanitaires.

Dans un premier temps, il s'agit de rappeler les liens entre les domaines de la santé et des représentations sociales. En effet, qu'il s'agisse de la psychanalyse (Moscovici, 1961), de la santé et de la maladie (Herzlich, 1969), ou de la santé mentale et de la folie (Jodelet, 1989), les études princeps issues de la théorie des représentations sociales ont relation avec la santé. Jodelet rajoute qu'une deuxième vague d'études s'est concentrée sur des maladies ou pratiques spécifiques, sur la promotion de la santé et la prévention de la maladie, avant de voir naître dans un troisième temps une attention portée sur les représentations dont font l'objet les personnes faisant l'expérience de la maladie ou du handicap, leur stigmatisation ou les relations développées avec elles (2013).

A titre d'exemple, il convient de présenter l'ouvrage devenu référence de Herzlich pour illustrer ce que peuvent apporter les représentations sociales à l'étude de l'objet santé. En appliquant la nouvelle théorie développée par Moscovici quelques années plus tôt (1961), elle propose « une conception pluraliste de la santé » (Herzlich, 1996, p. 79-80), idée selon laquelle il n'existe pas une, mais des santés. Trois conceptions principales en sont proposées ;la santé comme vide, pensée comme l'absence de maladie, la santé comme capital ou réserve, et la santé comme équilibre, qui se présente comme une valeur comprenant un bien-être psychologique, physique, un ressenti. De même, la maladie est représentée selon trois modèles, la maladie destructrice, la maladie libératrice et la maladie métier. Ainsi, au gré de l'expérience, de la culture, l'individu juge de son état de santé et en développe une représentation active, c'est-à-dire directement impliquée dans l'interprétation et l'action.

Cette étude permet de rappeler le constat qu'avait fait Moscovici quelques années plus tôt ; ce qui importe n'est pas tant la réalité que le rapport qu'entretient l'individu avec elle, notamment pour les questions de maladie et de santé. Elle permet également de souligner que la santé et la maladie ne sont pas l'affaire des seul·e·sexpert·e·s de la santé, mais bien de tout·e individu en tant que concerné·e par l'expérience. En somme, la santé est aussi l'« objet profane d'une pensée sociale » (Morin, 2004, p 39).

Au-delà du contenu des représentations autour de la santé et de la maladie, de leur dimension symbolique et de leur finalité profane, un élément reste à traiter, celui du social. Le social, c'est aussi la dimension symbolique de la connaissance, ce qui construit et donne du sens aux vécus de santé et de maladie, ce qui en fait un savoir partagé (Morin, Apostolidis, 2002). De plus, les cognitions et comportements relatifs à la santé et à la maladie sont des lieux « éminemment chauds, [c'est à dire] imprégnés de processus affectifs faits de préférences et de répulsions témoignant ainsi de leur caractère sensible teinté d'enjeux sociaux », d'interaction entre l'individuel et le social (Dany, Apostolidis, 2012, p.69). C'est également de cette perspective-là que peut être éclairée la mise en relation entre ordre biologique et ordre social qu'illustre la maladie en tant que réalité représentée.

« Nos représentations ne nous renseignent pas seulement sur la relation que nous entretenons avec les phénomènes corporels et notre propre état de santé, mais sur les relations qu'à travers eux, nous entretenons avec les autres, avec le monde et l'ordre social. »

Herzlich, 2001, p.198.

En définitive, l'étude des représentations sociales permet de prendre en considération le rôle de la culture et des valeurs, l'articulation entre connaissances savantes et profanes, l'implication des facteurs sociaux et culturels dans la construction des savoirs et de leurs objets. C'est cette approche multidimensionnelle et holistique qui confère sa pertinence à la théorie des représentations sociales pour appréhender l'objet santé ''(Jodelet, 2013). Une deuxième partie sera donc consacrée à l'approfondissement et au développement de celle-ci.

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