C. Interprétation au
regard des mécanismes d'ancrage et d'objectivation
Comme présenté lors de la partie
théorique, les mécanismes d'ancrage et d'objectivation servent
à expliciter le processus de formation d'une représentation
sociale. Ici, leur analyse permet de répondre à un des
questionnements principaux de cette étude, l'instrumentalisation et la
transformation du savoir gynécologique dans le sens commun qui permet la
pratique de l'auto-gynécologie. Comment le savoir gynécologique
devient-il auto-gynécologie ? De quelles manières l'ancrage
et l'objectivation permettent l'intégration du savoir
gynécologique ?
L'interprétation des résultats au regard de ces
deux mécanismes ont mis en lumière trois manières
d'objectiver et d'ancrer le savoir scientifique autour de la
gynécologie. Il conviendra de les présenter et de les illustrer
à l'aide de schémas.
1. Le savoir
gynécologique représenté autour de la consultation
gynécologique ; un protocole observation-diagnostic-soin, et une
figure experte
En premier lieu, le savoir gynécologique est mis en
parallèle avec la consultation gynécologique. Il semble
s'objectiver et s'ancrer d'une part autour de la figure
experte et d'autre part autour du protocole
thérapeutique. L'objectivation s'opère autour de figures
sélectionnées et décontextualisées comme le
spéculum ou la figure savante, et l'ancrage intervient alors
respectivement en faisant le lien avec les significations associées au
protocole thérapeutique observation-diagnostic-soin (voir figure 6).
Amandine : « ça m'évoque des
spéculums pour faire des... Ouais, de l'autoexamen, j'allais dire auto
consultation » ;
« [l'auto-gynécologie peut être
adaptée à toute les situations], oui, mais si tu connais des gens
vraiment assez informés sur le sujet »
On retrouve ici l'image du spéculum et de l'examen de
consultation, ainsi que la présence d'un·eexpert·e, qui n'est
pas nécessairement un·e gynécologue, dans la deuxième
citation.
Deux constats peuvent ainsi être faits dans
l'opérationnalisation de l'auto-gynécologie. Premièrement,
sa pratique est donc une sorte de reproduction, matérielle ou
symbolique, de la consultation sur la base des trois étapes
d'observation de diagnostic et de soin. Ensuite, elle se construit dans un
rapport à l'autre, reconnu comme détenteur de
savoir. Cet autre, figure savante,peut être une personne
concernée, mais aussi une personne professionnelle. Dans ce cas, la
consultation est alors envisagée comme une collaboration en dehors de la
relation asymétrique traditionnelle rejetée.
Caroline : « la première sage-femme qui
nous mettait à disposition un miroir, pour qu'on puisse, `fin du mieux
possible quoi, pour voir en même temps ce qu'elle, ce que elleelle
pouvait voir, nous expliquer ce qui allait se passer, donc `fin pour l'instant
ça a été un peu, `y a certaines choses ça a
été l'auto-gynécologie accompagnée »
Figure 6. L'ancrage et l'objectivation du savoir
gynécologique autour de la consultation gynécologique
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