L'auto-gynécologie
comme remise en question de l'institution médicale
Enfin, une troisième conception de
l'auto-gynécologie se développe autour de la remise en cause de
l'institution médicale et se construit comme moyen
d'accéder à l'autonomie. Dans le discours des
participantes, cette représentation s'articule autour d'une
méfiance face à la figure toute-puissante du médecin et
à son savoir unique, une redistribution des rôles
médecin-patient·e pour tendre à plus d'horizontalité.
De plus, l'évocation de vécus directs ou indirects de violences
ou maltraitances médicales influence également la conception et
la pratique de l'auto-gynécologie, amenant quelques fois jusqu'au
renoncement au recours à la gynécologie
institutionnalisée. De ces appréhensions découlent une
pratique de l'auto-gynécologie en parfaite autonomie, pour se
libérer de la consultation, ou une pratique en collaboration avec la ou
le professionnel de santé, pour se réapproprier la consultation.
Là encore, la représentation se développe autour d'un
duel, « actif-passif ».
Prune : « je dirais l'auto-gynécologie
c'est une façon de... de bien connaître son corps, d'être
active finalement sur... alors, si on utilise l'auto-gynécologie comme
un moyen de contraception, pour moi c'est vraiment un moyen d'être
très active, de contrôler. »
Florence : « Bah pour moi c'est le fait de
reprendre mon pouvoir dans la mesure où je considère que euh...
aujourd'hui, enfin... l'humain en général, en particulier
aujourd'hui et en plus en particulier les femmes, on a tendance à s'en
remettre à quelqu'un d'autre pour plein de choses, et à pas
assumer nos propres responsabilités dans plein de
domaines »
Eve : « gérer soi-même cette
relation, et savoir si de temps en temps il y a un truc qui, qui déconne
ou quoi, savoir être à même, en fait, de, de, de
répondre soi-même à ça, sans avoir besoin d'aide
extérieure. »
Melissa : « Pour moi ça évoque le
fait de, de reprendre un pouvoir de connaissances, c'est de, de pas toujours
être dans une position où on est toujours complètement
dépendant du corps médical, ouais, c'est de pouvoir se soigner
soi-même »
Maud : « Euh ouais ! `fin d'arriver à me
diagnostiquer ce qui nous gêne ou ce qu'on veut améliorer, sans
l'avis d'un médecin extérieur... euh euh, et savoir quelle
réponse on donne à ça, sans l'avis de UNE personne
référente enfin on peut avoir l'avis même de plusieurs
personnes référentes mais on se fait un jugement, à la fin
on tranche soi-même »
Alice : « Et que le but, c'est, pour moi, de
l'auto-gynéco, c'est plus de s'approprier des trucs, et de
connaître ses limites, et en fait les limites moi j'en ai plein, j'ai
juste la mycose où je gère à peu près parce que je
sais ce qui m'arrive, mais voilà c'est aussi le truc de si un jour c'est
un peu différent, je saurai aller dire ce que je veux, dans un entretien
gynécologique, et je pourrais poser mes limites, et aussi j'aurais
analysé c'est quoi un bon entretien gynéco »
Charlotte : « Je dirais aussi que ces groupes
d'auto-gynécologie sont un vrai soutien, pour moi, qui me permet de
mettre peut-être de côté tu vois certaines... approches,
certaines pratiques »
Amandine : « C'est un peu beaucoup
d'énergie vu que je vais pas mal chez le médecin en ce moment
pour d'autres trucs, j'en peux plus. Autant le faire moi-même
quoi »
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