4. Problèmes sanitaires engendrés et
réglementation subséquente
4.1. Problèmes sanitaires
Les mycotoxines sont à l'origine d'un grand nombre de
préoccupations autant sur le plan de la
santé publique que de la sécurité
sanitaire des aliments. En effet, une étude réalisée sur
plus de 17 000 échantillons de céréales (maïs,
blé, orge et riz) et leurs produits dérivés provenant de
différentes régions du globe (Amérique du Nord et du Sud,
Afrique, Asie, Europe et Océanie) démontre que la
problématique des mycotoxines est mondiale (Streit et al.,
2013). Cette même étude a démontré que 38 % des
échantillons étaient contaminés par plusieurs mycotoxines
simultanément. Cela pose de grandes interrogations quant aux
interactions potentiellement délétères entre les toxines
présentes étant donné qu'aucune recommandation ou
réglementation actuelle ne tient compte des situations de
multi-contaminations.
Depuis des millénaires, l'Homme est conscient de
l'importance mais surtout de la nécessité de contrôler la
qualité sanitaire des aliments afin de protéger au mieux les
consommateurs. C'est pourquoi il existe deux grands axes de
préoccupations majeures lorsqu'on évoque les mycotoxines :
- La sécurité sanitaire des aliments et
rendements associés : du fait de la capacité
des mycotoxines à perdurer à tous les stades de la
chaîne de production et de leur grande stabilité aux
différents traitements physico-chimiques, ces dernières sont
à l'origine de préjudices économiques considérables
pour les agriculteurs (altération de la qualité des
matières premières, baisse des rendements, diminution de la
valeur économique des récoltes...). La Food And Agriculture
Organization estime les pertes totales de denrées dues aux mycotoxines
à plus de 1 milliards de tonnes par an. Par exemple, pour les pays
essentiellement agricoles, les cultures représentent parfois
l'élément dominant du commerce international du pays et
constituent souvent leur principale source de revenu. Dans un tel contexte, le
problème des mycotoxines ne fait qu'accroître les
difficultés pour le commerce de ces pays dans
l'éventualité d'une perte de gains due à de mauvaises
récoltes (sécheresse, pluies ravageuses...) (ONU, 1983).
- La santé humaine et animale : bien que ce
problème concerne majoritairement les individus consommant des
denrées contaminées, cela concerne également ceux au
contact de denrées infectées (secteur agricole, filière de
fabrication d'aliments pour animaux, transformation des denrées
alimentaires, compostage, laboratoire d'analyses et de recherche...). En 2010,
l'Institut National de Recherche et de Santé publie un dossier
médico-technique faisant un état de l'art sur l'exposition des
travailleurs aux mycotoxines en milieu professionnel. Les exemples
d'études réalisées en milieu de travail sont unanimes
quant à une exposition massive des travailleurs à des spores
fongiques capables de toxinogenèse. Cependant, grâce à ces
observations et aux résultats de l'expérimentation animale, des
indications générales sur les risques que peuvent
représenter les mycotoxines ont été
récoltées. Ces dernières auront pour but de
générer des procédures standardisées de traitement
dans tous les secteurs touchés par ce problème.
4.2. Réglementation
Dans le cadre du règlement 1881/2006/CE portant sur la
fixation de teneurs maximales pour certains contaminants dans les
denrées alimentaires destinées à l'homme, des teneurs
maximales en aflatoxine et patuline ont été instaurées.
Les teneurs maximales de ces mycotoxines varient en fonction des denrées
considérées et sont présentées dans le Tableau 2
pour les aflatoxines et le Tableau 3 pour la patuline.
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Tableau 2 - Règlement 1881/2006/CE - Teneurs
maximales en aflatoxines (en ug/kg) en alimentation humaine, AFSSA,
2009
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Tableau 3 - Règlement 1881/2006/CE - Teneurs
maximales de patuline (en ug/kg) dans les denrées alimentaires,
tiré de Snini, 2014
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