3.2. Les aflatoxines
Figure 4 : Structures des molécules de la famille
des aflatoxines
En 1960, en Angleterre, des investigations menées au
moment de l'épisode de la « maladie X du dindon » (the Turkey
X disease) ont permis de mettre en évidence la présence d'une
toxine dans les matières premières constituant la nourriture des
volailles. En effet, après examens, Asao et al. (1963) ont
réussi à identifier une contamination par A. flavus qui
par extension donnera son nom à
la toxine subséquente : l'aflatoxine
pour Aspergillus flavus
toxine. Les aflatoxines sont majoritairement
synthétisées par des espèces fongiques appartenant au
genre Aspergillus telles que A. flavus pouvant produire les
aflatoxines B1 et B2 et A. parasiticus pouvant produire, en plus, les
aflatoxines G1 et G2 (Varga et al., 2011).
A ce jour, même si près de 20 aflatoxines ont
été décrites seules 4 d'entre elles sont produites par des
champignons : AFB1, AFB2, AFG1 et AFG2 (Ashiq et al., 2014). Les
aflatoxines AFM1 et AFM2, retrouvées dans le lait, sont les
métabolites des aflatoxines AFB1 et AFB2, issus de leur hydroxylation
dans le foie des animaux exposés (Figure 4). Ces derniers
représentent aussi un danger en termes de santé publique puisque,
fixés aux caséines, ils persistent dans le lait.
Bien que chacune des aflatoxines soit
délétère, le pouvoir toxique de cette famille de
mycotoxine est associé à l'aflatoxine AFB1,
considérée comme le principal métabolite
génotoxique à fort potentiel cancérogène (IARC,
1987). L'organe cible étant le foie, de nombreuses études
épidémiologiques tendent à montrer l'existence d'une
corrélation entre une exposition chronique à l'AFB1 via le
régime alimentaire et une prévalence du cancer primitif
hépatique (ANSES, avril 2012). L'AFB1 peut également être
à l'origine d'aflatoxicoses aigues dont les symptômes passent par
des ictères, des vomissements, des douleurs abdominales, un sentiment de
dépression, de l'anorexie, des diarrhées pouvant parfois mener
jusqu'au décès de la personne intoxiquée (CIRC, 2015). De
plus, les aflatoxines présentent des effets immunomodulateurs et
immunotoxiques qui ont été mis en lumière au travers
d'expérience in vivo et in vitro (Bondy et Petska,
2000 ; Meissonnier et al., 2008). En effet, la réponse
inflammatoire est inhibée par ces mycotoxines en affectant
spécifiquement les macrophages, les empêchant de réaliser
la phagocytose et de sécréter des cytokines mais aussi en
stimulant la production de radicaux oxygénés. A la vue de ces
effets délétères, le CIRC a classé les aflatoxines
dans le groupe n°1, reconnaissant cette mycotoxine comme un
cancérogène avéré.
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