Les efforts diplomatiques régionaux -menés
essentiellement par l'intermédiaire de la CIRGL- ont porté sur la
création d'une force militaire neutre chargée de lancer des
opérations offensives contre leM23 et les FDLR. En octobre 2012, seule
la Tanzanie s'était engagée à affecter certaines de ses
troupes à cette mission hypothétique. Le Kenya, l'Angola et le
Congo-Brazzaville semblaient peu disposés à conduire des
opérations de contre-insurrection risquées dans l'est de la RDC,
et le gouvernement rwandais a commencé en privé à faire
pression pour qu'une telle intervention militaire n'ait pas lieu.
Le rôle du Président Museveni en tant que
président de la CIRGL, en attendant, a été remis en
question en raison d'allégations selon lesquelles le gouvernement
ougandais soutiendrait le M23.33Quant aux Rwandais, Kigali semblait
bien décidé à appliquer une politique consistant à
corrompre le processus de la CIRGL de l'intérieur, en faisant semblant
de le
30Réponse Rapide aux Mouvements de
Population (RRMP), Rapport d'Evaluation Multisectorielle Approfondie à
Kibumba, précité p.4.
31Idem
32Réseau National des ONGs des Droits de
l'Homme de la République Démocratique du Congo (RENADHOC),
Rapport du réseau précité, p.17.
33 Version préliminaire non officielle du
«Rapport final du Groupe d'experts sur la République
démocratique du
Congo 2012», transmise à l'agence de presse
Reuters, 16 octobre 2012. Cité par : J. STEARNS, Du CNDP au
M23 : Évolution d'un mouvement armé dans
l'est du Congo, Institut de la Vallée du Rift, Londres, 2012, p.61.
33 J. STEARNS, Op. Cit., p. 61
17
soutenir tout en entravant la concrétisation de tout
résultat conséquent. Peu de progrès ont été
accomplis lors d'un mini-sommet à l'ONU en septembre 2012, tandis que
les relations entre le Rwanda et la RDC continuaient de se
détériorer. Dans les médias, le Président Kagame a
employé des mots très durs à l'encontre de son voisin,
ainsi que duM23, accusant le gouvernement congolais d'être «en
faillite idéologique» et alléguant qu'«il ne respecte
pas ses propres citoyens et n'oeuvre pas pour eux».34
L'intérêt de la CIRGL est le règlement
pacifique des conflits, qui est le plus bon des moyens pour faire face à
un conflit, et donc elle ne faisait que lutter contre le recours à la
force. Selon le rapport du RENADHOC, l'avènement des conflits
armés au Nord- Kivu a déstabilisé la Province sur tous les
plans : économique, politique, social, culturel etc.
A titre illustratif, sur le plan social il y a lieu de
mentionner les faits suivants :35
Ø Nombreuses infrastructures : routes et ponts,
écoles, unités médicales, maisons d'habitation et
greniers, champs et pâturages ont été fortement
endommagés ;
Ø La persistance des poches de résistance des
groupes armés incontrôlés en milieux ruraux qui continue
à jouer sur la circulation des personnes et de leurs biens,
l'accès aux champs et par conséquent sur les productions
agricoles et les échanges commerciaux entre les différents
secteurs de développement ;
Ø La production animale a sensiblement baissé
suite à la destruction des cheptels bovin caprin, ovin, et porcin par
les multiples guerres ;
Ø La destruction du parc national des Virunga par
l'abattage systématique de la faune et de la flore par les inciviques
;
Ø Le faible pouvoir d'achat de la population ne lui
permet pas de se procurer ce dont elle a besoin ;
Ø La réduction sensible des revenus des
populations ne leur permettant plus d'accéder aux services de base dont
les soins médicaux, l'éducation, etc. ;
Ø L'augmentation du taux de chômage à la
suite de la réduction des activités économiques ;
Ø Ces guerres ont réduit la population du
Nord-Kivu à l'extrême pauvreté ;
Ø Les agriculteurs du Nord-Kivu, ne parviennent plus
à récolter ce qu'ils ont semé car entre la mise en terre
des semences et la récolte, des combats surgissent toujours et le seul
salut possible pour les agriculteurs est espéré dans la fuite car
les hommes en armes opérant au Nord-Kivu, ne reculent devant aucune
exaction ;
Ø Le déracinement volontaire des populations
autochtones ;
34 J. STEARNS, Op. Cit., pp. 61-62
35 Réseau National des ONGs des Droits de
l'Homme de la République Démocratique du Congo (RENADHOC),
Rapport du réseau précité, p.8.
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Ø L'immunité totale pour les crimes commis sur les
populations locales ;
Ø La promotion à des grades supérieurs
accordés aux criminels et autres mutins ;
Ø La signature des accords des paix avec des
criminels, qui comportent les germes d'une nouvelle guerre ;
Ø L'engagement de la RDC à éradiquer les
FDLR et les LRA même si cela doit occasionner des mouvements des
populations ainsi que des milliers des morts au sein des populations locales
sans défense ; Etc.