Comme dans tous les domaines existants, l'occupation est aussi
soumise à un certain nombre d'obligations à respectées.
Ainsi les obligations de la Puissance occupante sont énoncées
dans le Règlement de La Haye de 190718 et dans la
IVème Convention de Genève, 19dans certaines
dispositions du Protocol additionnel I et dans le DIH coutumier. Les accords
passés entre la puissance occupante et les autorités locales ne
peuvent priver la population d'un territoire occupé de la protection
accordée par le DIH 20 et les personnes
protégées elles-mêmes ne peuvent en aucun cas renoncer
à leurs droits.21
Ainsi, dans ce chapitre, nous parlerons du contexte
d'occupation (section1), et par la suite nous verrons les obligations de
l'occupation (section2).
Comme tous les autres mouvements, le M23 n'était pas un
mouvement apparu comme un « Deus ex Machina », 22ou comme
un mouvement inattendu. Il tire donc ses origines quelque part, c'est ainsi que
nous parlerons de l'origine du conflit (§1), et par la suite de son
évolution(§2).
Pour parler de l'origine du conflit entre les FARDC et le M23,
nous donnerons différents contextes du conflit armé (A),
l'engloutissement de la RDC (B).
Le conflit qui a opposé les FARDC au M23 peut
être circonscris dans plusieurs contextes : historiques (1), politique et
sécuritaire (2) et socio-économique (3).
Ø De l'arrêt de confirmation des charges de Mr
Thomas Lubanga à la CPI qui avait comme conséquences des appels
de plus en plus nombreux en faveur de l'arrestation du général
Bosco Ntaganda étant donné qu'il était le commandant en
chef de la branche armée de l'UPC dont Lubanga en était
responsable.25
23 Article 4 par 1 de l'accord de paix entre le
Gouvernement et le CNDP prévoit que : «4.1. Les
parties s'engagent à entretenir une dynamique de réconciliation,
de pacification des coeurs et des esprits, ainsi que de bonne cohabitation
intercommunautaire en tant qu'exigence primordiale de bonne gouvernance. Dans
cette optique : a) Les parties conviennent de la création d'un
mécanisme national chargé de définir et de conduire la
politique de réconciliation entre Congolaises et Congolais, et de lutter
contre la xénophobie ».
24Nations Unies Droits de l'homme,
Haut-commissariat, Monusco, Rapport du bureau conjoint précité,
p.8.
25 La Cour pénale internationale a
lancé vendredi 13 juillet 2012 des mandats d'arrêt contre les deux
principaux responsables des violences dans les Kivu (est de la
République démocratique du Congo), le général mutin
Bosco Ntaganda et le commandant suprême des rebelles des FDLR Sylvestre
Mudacumura. Les juges de la CPI ont
14
Ø D'abord, il y aurait une convention de ne pas
arrêter le Général Ntaganda pour préserver la paix
fragile. Ensuite, la décision du Président Kabila de vouloir
arrêter le General Bosco26 qui avait été
à la base d'une mutinerie des ex-CNDP pourtant incorporés dans
l'armée. Enfin, les recrutements au Rwanda et le communiqué du 6
juin 2012 portant création du M23.
Ø De l'insécurité
généralisée à Rutshuru, la prise de Jomba, les
violations des droits humains,
etc. et d'après le rapport de
RENADHOC, juste après le contrôle du territoire de Rutshuru par le
M23, ce dernier a ouvert le siège de la CENI et emporté tous les
kits électoraux. Les avis étaient partagés sur cet acte.
Pour le M23, c'est dans un but de sécuriser davantage ces kits et pour
certains analystes, cela faciliterait un enrôlement frauduleux des
Rwandais sous autres cieux pour telle ou telle finalité politique. Des
tueries individualisées et collectives ont été
signalées sur l'ensemble du territoire de Rutshuru /Nord-Kivu :
- Tueries collectives enregistrées pendant les
affrontements à Mbuzi, Ntamugenga,
Jomba, Bunagana, Kiwanja, Vitshumbi, Nyamilima, ... Le bilan
de ces massacres
n'étant pas encore connu, exige une enquête
spécifique dans les sites concernés. - Violences sexuelles faites
aux femmes ;
délivré un mandat d'arrêt contre Bosco
Ntaganda, 41 ans, pour trois chefs de crimes contre l'humanité,
notamment meurtres et viols, et quatre chefs de crimes de guerre, commis dans
les Kivu en 2002-2003. Il faisait déjà l'objet d'un mandat
d'arrêt pour enrôlement d'enfants soldats lancé en 2006,
pour les mêmes crimes que le chef de milice congolais Thomas Lubanga,
condamné mardi par la CPI à 14 ans de prison. Les juges ont
également lancé un mandat d'arrêt, pour neuf chefs de
crimes de guerre, notamment meurtres, attaques contre la population civile et
pillages commis en 2009 et 2010, contre le Rwandais Sylvestre Mudacumura, 58
ans, commandant suprême des rebelles des Forces démocratiques de
libération du Rwanda (FDLR). Sur la base des éléments de
preuve présentés par le bureau du procureur, les juges ont
estimé qu'"il y a des motifs raisonnables de croire" que les deux hommes
sont "responsables" de ces crimes, selon un communiqué de la CPI qui
siège à La Haye. Cité par : le Réseau National des
ONGs des Droits de l'Homme de la République Démocratique du Congo
(RENADHOC), Rapport du réseau précité, p.11.
26Bosco Ntaganda, est un général de
la République démocratique du Congo mais de nationalité
Rwandaise. Surnommé "Terminator", il fut intégré dans
l'armée congolaise. Le 13 juillet 2012, la Cour pénale
internationale délivre à son encontre un mandat d'arrêt
pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Recherché par
la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre, le
général Bosco Ntaganda a réalisé un long et
sanglant parcours dans les conflits armés de la République
démocratique du Congo. Né à Ruhengeri (Rwanda) en 1973 de
parents rwandais, Bosco Ntaganda prend goût au maniement des armes dans
l'est du Congo après un passage dans l'Armée Patriotique
Rwandaise (APR). Une source bien informée indique qu'à partir de
1996 il «était présent dans l'expédition de l'APR en
République Démocratique du Congo, puis adhéra
àl'Alliance de Forces Démocratiques pour la Libération du
Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila» qui
chassa Mobutu en mai 1997 de Kinshasa. Très vite, Bosco Ntaganda se
retourne contre Laurent-Désiré Kabila en rejoignant le
Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), mouvement
politico-militaire pro-rwandais à Goma, dans la province du Nord Kivu
à l'est du Congo, qui va en guerre contre le nouveau président
congolais. Soutenu par le Rwanda et l'Ouganda, Bosco Ntaganda participe
à l'aventure militaire d'août 1998 pour renverser
Laurent-Désiré Kabila. Un fiasco, même si Kabila
père sera assassiné quelques années plus tard, en janvier
2001. Cité par le Réseau National des ONGs des Droits de l'Homme
de la République Démocratique du Congo (RENADHOC), Rapport du
réseau précité, p.11.
15
- Menaces verbale ou téléphoniques
d'emprisonnement ou de mort à l'égard de plusieurs leaders locaux
;
- Prolifération des taxes illicites ;
- Les fusillades enregistrées tant à domiciles
qu'à la route ont fait des centaines des victimes parmi les civiles dont
certains en sortent infirmes. Le bilan partiel des victimes peur ressortir du
service médical de l'hôpital Général de
Référence de Rutshuru.27
Sur le plan sécuritaire, pendant son occupation,
plusieurs violations des DHO ont été commises.
De juillet 2012 à octobre 2013, Kibumba était
sous contrôle des éléments du M23. Durant l'occupation de
cette zone par ces derniers, qui a duré environ une année et
demie, a connue plusieurs troubles sécuritaires consistant dans des
pillages des biens de la population, dans des enrôlements forcés
des adultes et enfants au sein du groupe armé, dans des tracasseries et
exactions, ainsi que dans des viols des femmes, de jeunes filles et mineures,
entretenus surtout par ces hommes en arme. De plus, il était
imposé à la communauté une sorte de tribut régulier
à chaque ménage.28Pour le BCNUDH, durant l'occupation
de Goma et de Sake par le M23, des combattants de ce groupe armé ont
perpétré des violations graves des DHO et du DIH. Le BCNUDH a
documenté au moins 59 cas de violence sexuelle, dont 58 viols commis par
des combattants du M23 à Goma et dans ses environs. Au moins 11 civils
ont été exécutés arbitrairement et au moins deux
autres ont été victimes d'une tentative d'exécution
arbitraire par des combattants du M23. Le BCNUDH a également
rapporté plusieurs cas de recrutement et d'utilisation d'enfants, de
travail forcé, de traitement inhumain, cruel ou dégradant, et de
pillage par les forces du M23 durant la même période. Ce qui
crée une grande insécurité dans le chef de la population
civile qui était sous son contrôle.29
3. Contexte socioéconomique
Les affrontements entre les FARDC et le M23 avaient produit
beaucoup des conséquences sur le plan socioéconomique dans le
territoire Rutshuru et une partie de
27Réseau National des ONGs des Droits de
l'Homme de la République Démocratique du Congo
(RENADHOC),National Network of CongoleseHumanRights NGO, Secrétariat
Exécutif National, Rapport synthèse des violations des droits de
l'homme commises par le mouvement dit M23 dans la province du nord - kivu :
vers la sacralisation des crimes et de l'impunité en R.D.Congo, Rapport
semestriel couvrant la période allant du 1er Juin au 30 Novembre 2012,
Kinshasa, 04 Décembre 2012. Disponible sur : http :
www.iccwomen.org/Rapport
RENADHOC
28 Réponse Rapide aux Mouvements de Population
(RRMP), Rapport d'Evaluation Multisectorielle Approfondie à Kibumba, 22
Novembre 2012 au 22 Novembre 2013, disponible sur :
http://www.rrmp.org/contenu/rapport/1225.pdf
29Nations Unies Droits de l'homme, Haut-commissariat,
Monusco, Rapport du bureau conjoint précité, p.4.
16
Nyiragongo. A cause des conflits armés qui ont
séquentiellement sévi dans la zone, de juillet 2012 à
octobre2013, la population de Kibumba a connu trois principales vagues de
déplacements, à savoir : les vagues de juillet 2012, mars 2013 et
octobre 2013. Pour la vague de juillet 2012, la population se serait
déplacée vers le Rwanda et vers Kanyaruchinya à la suite
des affrontements entre le FARDC et les éléments du M23.
Concernant la vague de mars 2013, la population aurait fui vers le Rwanda, Goma
et Mugunga, à cause des combats qui opposaient deux fractions du M23.
Enfin, pour la vague d'octobre 2013, la population se serait
déplacée vers le Rwanda à cause des opérations
lancées contre les M23 par les FARDC. Les derniers affrontements se sont
soldées avec la récupération de Kibumba par les FARDC,
l'accalmie et le retour des déplacés dans cette
zone.30
Outre les affrontements signalés dans la zone, des
exactions et des tracasseries perpétrées par les
éléments du M23 sur la population auraient conduit certains
ménages à fuir leurs villages pour s'installer à Goma ou
dans les camps de déplacés de Mugunga. Ces exactions et
tracasseries consistaient entre autres dans les poursuites illégales,
l'imposition des taxes, des travaux forcés, les viols, l'extorsion des
biens,31mais aussi le rapport du RENADHOC montre qu'à la date
du 21 novembre 2012 : la tracasserie routière imposée par les
éléments du M23 en érigeant une barrière
routière au niveau de KIBATI où on fait payer chaque camion qui
se rend à Butembo venant de Goma et de Butembo à Goma, un montant
de 350$ par Camion.32Donc il y avait une double taxation des
produits commerciaux de premières nécessités.