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Fusions & acquisitions, menaces pour l'identité de marque ?

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par Aurore FLEURIER
INSEEC - Master II 2009
  

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CONCLUSION

Le changement de marque est un moment clé dans l'histoire d'une entreprise qui permet d'appuyer la communication au niveau des différentes cibles : l'externe, l'interne, les fournisseurs et autres actionnaires. En résumé, comment une marque peut-elle conserver son statut identitaire suite à des fusions et acquisitions menaçant son image et ses valeurs ?

Pour procéder à un bon changement d'entreprise, logique et peu perturbateur, il s'agit d'abord de cerner clairement qui est l'entreprise, qu'est-ce qu'elle fait, pourquoi et comment. L'ensemble de ces réponses va former un positionnement et une identité propre à l'entreprise en s'appuyant sur la stratégie de la restructuration : pourquoi cette fusion ? Quels sont ses avantages ? Ses bénéfices externes et internes ? Qui va y participer ? Comment va-t-elle se dérouler en amont et en aval ?

Il faut par la suite analyser les outils clés qui serviront à mener à bien les étapes de ce changement. Un audit va permettre de prendre la température du climat social interne, et d'analyser les possibles craintes ou doutes de chaque acteur, afin de les anticiper et de mieux y répondre, mieux les gérer. Il faut analyser l'impact du changement de la marque, du nom et de l'identité.

Pour construire une stratégie prudente et durable, il va falloir appuyer le plan identitaire de la marque sur deux pôles clés, différents mais complémentaires :

- Le changement concret et matériel

- Le changement de l'imaginaire de l'entreprise

Une identité nouvelle va faire appel à un nouveau mode de pensée, mis en application via de nouveaux styles graphiques, ergonomiques ou conceptuels : packagings, signalétiques, nouvelle charte graphique, entête, carte de visite, site web, et autres outils concrets.

Ces applications devront véhiculer les nouvelles valeurs de l'entité, tout en maintenant un lien durable avec les clients actuels, potentiels, ou anciens, et avec l'interne.

Pour mener à bien ce projet, parfois dangereux, mais susceptible de relancer le dynamisme de l'entreprise en phase de modification, le plan doit être suivi par des acteurs variés, qui feront profiter au projet de différentes visions internes, externes et diagonales.

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Le nom et le logo ont la première place lors de ce changement et contrairement à ce qu'on pourrait croire, ces deux éléments clés doivent être conservés aussi longtemps que possible lors de la transition.

On le remarque avec les changements de produits : Taillefine devient Belvita, Bio est devenu Activia, Le Crédit Lyonnais passe en LCL... Le nom, véritable détenteur de l'identité de marque, doit être changé et expliqué étape par étape pour être acquis et ne pas perturber le consommateur. Cela permet également de renforcer l'impact du lancement de la nouvelle identité en gardant les nouveaux éléments graphiques secrets plus longtemps.

D'autre part, les Relations Presse représentent un dispositif à ne pas négliger car il veille à anticiper les réactions négatives ou craintives du public, en expliquant le projet et ses bénéfices réels. Une stratégie RP bien menée permet également d'écraser les risques de rumeur.

La rumeur est, en effet, un danger pouvant venir entacher la stratégie et le dispositif de lancement de la nouvelle identité par les informations erronées et propager un doute à l'égard de la marque, à travers des buzzs médias ou internes.

Cette rumeurs, dangereuse, peut entrainer des sentiments de trahison, une perte de confiance, et il est parfois bien dur d'y remédier.

Un des risques du changement de nom lors du lancement lors du lancement d'une nouvelle entité est le relâchement de la communication à long terme, à savoir une forme de communication soutenue. Anticiper, frapper un grand coup lors du lancement, puis communiquer les mois suivant pour « installer » la nouvelle marque et son identité ne suffira pas à pérenniser cette dernière.

Il faut des années de communication soutenue, d'entretien et de piqûres de rappel pour que le public se sente totalement imprégné de la nouvelle marque et puisse se l'approprier.

Ainsi, pour ne pas couper l'énergie de la nouvelle identité dans son élan et ne pas instaurer de frustration chez le public, il faut démontrer durant les cinq premières années suivant le lancement, la contenance de la nouvelle identité et sa « reason why ».

Pourquoi RBK va mieux que Reebok ? Pourquoi Adecco est plus solide qu'Adia ? Pourquoi Orange est un véritable pas en avant pour les abonnés France Télécoms ?

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Tout doit être justifié pour être apprécié et compris. Aucune désillusion ne doit être pressentie, ce qui pourrait faire perdre tout crédit à la nouvelle entité.

Si le pré-lancement est primordial et occupe près de 50% de la stratégie de changement identitaire, le lancement et la phase d'entretien « post lancement » sont également des enjeux à part entière, car comme dans les relations humaines, et en amitié : une marque est facile à créer, mais le plus difficile est de la conserver et la nourrir chaque jour.

C'est au travers de cette phase de lancement que la nouvelle identité va se faire apprécier, va faire ses preuves et nouer une relation particulière avec tout un chacun. De nombreuses conditions et étapes doivent être réunies pour optimiser un changement d'identité suite à une fusion. Le changement de nom d'une marque doit être réussi et convaincre les consommateurs, actuels, potentiels ou passés.

La nouvelle marque relais doit donc se rapprocher de l'ancienne et lui faire écho à la fois physiquement (usage, ergonomie, packaging) et mentalement (même concept, même image de satisfaction). Si ces deux conditions ne sont pas remplies, le changement de nom d'une marque peut-être dangereux car mal perçu, et peut se voir réduit à néant.

Cependant, la nouvelle identité de la marque doit être plus forte et plus impactante que l'ancienne, en jouissant d'une meilleure image, vecteur de croissance au niveau de l'appréciation du produit et, à terme, de l'intention d'achat.

Il est difficile de prévoir la répercussion et l'impact d'un changement de nom de marque car certaines marques bénéficient de meilleure image avant le changement, tandis que d'autres sauvent leur peau en opérant un changement de nom, et en optimisant leur image.

Ainsi, un produit à très forte notoriété, vivant à travers son positionnement publicitaire et l'empreinte de marque que ses stratégies de marketing et de communication lui ont construites, peut être réellement mis en danger par le changement de marque. On peut alors se demander si Taillefine laissant la place à Belvita, sur le segment des biscuits, n'est pas en danger face à des consommatrices proches de la marque de « départ ».

L'impact du changement de nom varie également selon le positionnement du client face au produit et à sa marque. Un client acheteur et « actif » n'accueillera pas de la même façon le changement de nom qu'un non acheteur, qui privilégiera le statut novateur et de « rupture »

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de la nouvelle identité. L'important pour le client « acheteur » est de coller à ses habitudes de consommation ou d'en retirer un bénéfice supplémentaire. Le facteur temps est finalement un élément primordial lors d'un changement d'identité de marque, car seul le temps peut laisser une marque s'inscrire dans l'esprit des consommateurs.

Chaque cas étant isolé et différent, il est difficile d'apporter une réponse unique et formelle à cette problématique de marque, car le résultat dépend des conditions de la restructuration en question, du secteur plus ou moins sensible touché, des consommateurs et de leur degré d'implication dans la marque, etc.

La gestion de l'évolution de la marque doit donc se faire selon l'état de la marque lors de son changement de structure. Une marque en péril, sauvée par son rachat ne verra pas son identité modifiée de la même manière qu'une marque forte, à l'identité puissante.

Le doigt doit être pointé également sur le lien entre marque et produit : pourquoi changer d'identité lorsqu'un produit marche fort ? Ne peut-on pas distinguer le business et ses affaires de « gros sous » des stratégies marketing et promotionnelles grand public? Telle est la véritable question, selon moi, et peut être même une partie de la réponse à la menace que représentent les restructurations d'entreprise sur les marques, repères sur un marché saturé.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault