IV.6. Les facteurs de risque du changement
Comportemental postopératoire
Nous n'avons pas trouvé de facteur de risque de
modification comportementale postopératoire statistiquement
significatif.
Sur les 18 enfants âgés de moins de six ans, 15
(46,8%) ont eu des modifications émotionnelles, 7 enfants (21,8%) ont eu
des vomissements ou anorexie, 8 enfants (25%) ont eu des modifications dans
l'activité journalière et 10 (31,25%) ont eu des perturbations de
leur sommeil. Dans la littérature l'âge préscolaire (17,
24, 30) est un facteur de risque de développement du comportement
négatif en postopératoire. Il a été retrouvé
chez 76% d'enfants (17).
L'anxiété préopératoire de
l'enfant et des parents a été démontrée (9, 20, 2,
23) comme facteur prédictif de troubles du comportement. La
corrélation entre l'anxiété des parents, celle des enfants
et les troubles comportementaux postopératoires n'était pas
possible dans notre échantillon, plutôt réduit.
La non verbalisation (32) est une cause de manifestation
comportementale négative.
D'autres facteurs ont été décrits telle
que la technique anesthésique. L'induction au masque (26) est la cause
des comportements négatifs en postopératoire chez 48% d'enfants
à deux semaines après chirurgie alors que l'intraveineuse a
été
représentée chez 28% seulement. Dans notre
échantillon de 32 malades, sur les 15 enfants anesthésiés
au masque, 11 (73%) ont eu des modifications postopératoire, et sur 17
enfants ayant eu une induction intraveineuse, (76,4%) ont
présenté des perturbations en postopératoire. Plusieurs
auteurs ont rapporté que la cause du changement comportemental serait
secondaire aux drogues anesthésiques telle que les
halogénés (15,17, 31). Seulement 4 de nos malades n'ont pas
reçu d'halogéné.
Le type de chirurgie est un autre facteur rapporté dans
la littérature (3, 30). Nous n'avons eu que deux types de chirurgie
similaire dans notre échantillon de 32 malades. La durée de la
chirurgie était homogène.
La douleur décrite dans la littérature (15, 22,
32) n'a pas été évalué car tous nos malades ont
reçu des antalgiques et l'anesthésie locorégionale avait
été pratiquée chez 28 enfants (87,5%).
Limites de notre étude
Le présent travail est loin d'être exhaustif et
complet. De nombreuses lacunes méritent d'être explorées
par d'autres travaux. Les échelles que nous avons utilisées sont
spécifiques et méritent un apprentissage afin d'être
objectif. Le niveau de compréhension des parents était
limité.
Il est difficile de traduire l'origine de
l'anxiété et du changement comportemental négatif en
postopératoire. Notre échantillon n'est pas représentatif,
les enfants n'ont pas le même âge, ni le même type de
chirurgie. Il existe beaucoup de stimulus qui ont un impact sur l'enfant en
préopératoire.
Le manque de coordination dans le bloc opératoire a
été une limite. L'heure de l'intervention n'était pas
décidée d'avance. Ceci
rendait l'enfant anxieux en préopératoire.
Plusieurs enfants ont pleuré dans la salle d'attente car ils avaient
soif. L'attente les a excités ; en plus ils ne savaient pas pourquoi ils
étaient là et l'absence de communication avec les parents les a
rendus plus vulnérables.
Il est important d'étudier les facteurs de risque d'une
manière individuelle de l'anxiété
préopératoire chez l'enfant et des manifestations
comportementales négatives à fin de réduire l'incidence de
ces phénomènes et leur retentissement. Pour cela parents et
enfants doivent subir des évaluations psychologiques et comportementales
par des spécialistes afin d'identifier la prédisposition
existante de chacun d'eux à l'anxiété et aux troubles
comportementaux chez l'enfant. Le tempérament de l'enfant mérite
d'être étudié.
Les parents n'arrivaient pas à cerner la plainte de
leurs enfants. Ils ne répondaient pas aux questions posées.
L'évaluation était différente si elle était faite
par la mère ou le père. Un père a accompagné ses
deux fils pour circoncision. C'était lui qui nous rendait le
résultat de l'évaluation à j 1 et à j 2. Ses
réponses étaient : « rien à signalé, tout va
bien ». Le septième jour postopératoire la mère a
accompagné un de ses fils pour non cicatrisation. L'enfant avait des
ecchymoses au niveau du visage. Quand nous avons demandé l'origine de
ses séquelles, elle nous a répondu que son fils, quand il est
contrarié, se cogne et se fait mal. Il a des accès de
colère aux quels le père a répondu « jamais » au
questionnaire préopératoire (PHBQ).
Quand il s'agissait du sommeil, l'enfant plus âgé
répondait qu'il s'était réveillé à maintes
reprises alors que les parents disaient qu'il avait dormi toute la nuit.
L'actigraphe est plus
objectif dans l'étude des troubles du sommeil. Le
comportement de certains parents était parfois hostile.
Dans la salle d'attente, un enfant avait soif. Il était
en pleur. L'attente entre admission et induction était longue. Afin de
le calmer, sa mère -en pointant le doigt vers un médecin de
passage- disait à son enfant que celui-ci apportera le couteau et le
blessera.
Une mère était à côté de son
enfant au réveil. Elle lui demandait de la frapper.
Quelques mères afin de faire peur à leurs
enfants afin qu'ils restent sage, leurs affirment qu'ils seront punis par
d'autres actes de circoncision.
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