IV. Discussion
Notre étude avait pour objectif l'évaluation de
l'anxiété préopératoire, le changement du
comportement postopératoire et l'identification de leurs facteurs de
risque chez l'enfant opéré à l'Institut Kassab à
Ksar Said La Manouba. Nos hypothèses sont vérifiées, nos
enfants ont développé une anxiété importante en
préopératoire. Ils ont présenté
des modifications comportementales en postopératoire, semblables
à celles décrites dans la littérature. Les parents
étaient également anxieux.
IV.3. Prévalence de l'anxiété
L'incidence de l'anxiété
préopératoire était de 72 % dans la salle d'attente et
s'aggravait avec la séparation. A l'induction, elle atteignait 87,5%.
Ce résultat se rapprochait d'autres études
faites aux Etats-Unis (3, 9) ou l'anxiété
préopératoire est présente dans 50 à 70% des cas.
En Asie (9,15), la prévalence est de 40 à 60%.
IV.4. Les facteurs de risque de
l'anxiété
Plusieurs études ont examiné les facteurs de
risque de l'anxiété chez l'enfant en préopératoire.
Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés (1).
Dans notre étude les facteurs les plus clairement
associés étaient le jeune âge (âge < 6 ans non
scolarisé), 17 enfants (94,4%) sur 18 étaient anxieux. Dans la
littérature le bas âge (âge < 4ans) est un facteur
prédicatif d'anxiété (1, 6, 9, 2, 1518, 22, 23). Nous
avons choisi cette limite d'âge à 6 ans car la moyenne et la
médiane de notre échantillon était à 6 ans.
Cette
valeur limite nous a permis de départager le groupe en
enfants scolarisés et d'autres non.
Cette anxiété était plus marquée
aussi chez les enfants non informés (71,9% vs 28,1%). La majorité
de nos enfants n'étaient pas informés sur leur raison
d'être à l'hôpital, ni sur ce qu'ils allaient subir. Souvent
les parents disaient à leurs enfants qu'ils allaient être
photographiés. Quand il s'agissait de circoncision l'enfant subissait le
cérémonial sans qu'on lui parle de l'acte en lui-même sous
prétexte qu'il ne comprenait pas. Les enfants informés
étaient moins anxieux dans la littérature (8).
L'anxiété parentale est une réponse
à l'anxiété de l'enfant et vice-versa. Comme nous l'avons
retrouvé dans la littérature (1, 9, 2, 15, 20, 23). Cette
interrelation n'est pas retrouvée dans notre étude ; il y avait
un problème de communication parent- enfant ; 71,9% ne savaient pas ce
qu'ils allaient subir et pourtant ils étaient accompagnés d'au
moins un parent.
Le rang dans la fratrie est un facteur de risque décrit
dans la littérature (1). Dans notre échantillon, la fratrie
était souvent réduite à deux enfants.
Nous n'avons pas étudié le tempérament de
l'enfant (1, 9, 2, 14,23), car nous n'avons pas trouvé l'échelle
EASI avec tous ces items dans notre revue de la littérature. Dans une
étude récente (9), les chercheurs ont identifié les
caractéristiques des enfants qui ont un risque élevé de
développer une anxiété préopératoire sur une
population de 1224 malades. Ils ont trouvé que les enfants les plus
jeunes, les plus émotifs, les plus impulsifs, les moins sociaux et dont
les parents sont anxieux en salle d'attente et à la séparation,
sont les plus exposés.
Les mauvaises expériences antérieures
d'hospitalisation et de chirurgie, l'hospitalisation de plus qu'un jour,
l'induction intraveineuse rendaient l'enfant plus anxieux, les
hospitalisés de
jour étaient moins anxieux (1, 6, 8, 13, 2, 23, 26).
Notre échantillon réduit et non représentatif ne permet
pas de démontrer cette causalité entre l'expérience
médicale antérieure, la durée ou le type d'hospitalisation
et le degré d'anxiété.
L'attente entre l'admission et l'induction (8), n'avait pas
été étudiée car à la fin de l'étude
le temps entre l'admission et l'induction anesthésique n'avait pas
été noté sur toutes les feuilles de recueil de
données.
L'absence de prémédication (13) était une
condition dans notre protocole car notre objectif était d'étudier
la prévalence de l'anxiété en préopératoire
et son retentissement sur le comportement en postopératoire en dehors de
toute intervention thérapeutique.
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