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Urbanisme et santé


par ERIC Omar MOUSTAQIL
Institut d'urbanisme de Lyon - Master 2 Urbanisme et aménagement 2020
  

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IV.3.a- Une approche globale de la santé et de l'urbanisme

Avant la mise en place de l'OMS, d'autres organisations mondiales étaient en charge des problématiques de la santé. Tout d'abord, la Société des Nations Unies avait mis en place un comité provisoire sur la santé. Il était constitué par une autre organisation : l'Office International d'Hygiène Publique (OIHP) établi en 1907. Cette organisation s'est vue confier plusieurs missions qui seront par la suite reprises par l'OMS : faciliter la collaboration internationale pour la lutte contre les maladies, favoriser les échanges de connaissances et d'expériences entre les différents pays étant membres de l'OMS163. L'Organisation Panaméricaine de la Santé était la troisième organisation, elle s'attelait à la santé aux États-Unis. Cette dernière organisation va devenir plus tard le bureau de l'OMS aux États-Unis.

163 Céline Paillette, « De l'Organisation d'hygiène de la SDN à l'OMS: Mondialisation et régionalisme européen dans le domaine de la santé, 1919-1954 », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin 32, no 2 (2010): 193, https://doi.org/10.3917/bipr.032.0193.

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Face à l'évolution rapide des écopathies et à l'urgence de préserver l'écosystème, une transformation de la vision devient alors primordiale. Le système de santé, doit être repensé en cherchant clairement ce qui fait la santé et non pas ce qui soigne la santé. En effet, la santé n'est pas seulement en rapport avec le biomédical et l'environnement.

En continuité de la réflexion sur la problématique sanitaire et sur la transition épidémiologique164, l'OMS considère les MNT comme une « épidémie » qu'il faut combattre. Selon le rapport sur la situation des maladies non transmissibles (2014) publié par l'OMS, une très grande partie des décès liés aux MNT peuvent être évités. En 2012, parmi les 38 millions de décès liés aux MNT, 16 millions (soit 42%) ont été prématurés et évitables, contre 14,6 millions en 2000165.

L'OMS va donc pousser la recherche vers une nouvelle révolution sanitaire plus globale et positive : globale car cette approche s'intéresse à l'ensemble des facteurs qui déterminent la santé. Ils peuvent être d'ordre environnemental, social, économique ou biologique. Positive car elle ne s'intéresse pas uniquement à maitriser et à éradiquer les risques ou les pathologies, mais elle donne de l'ampleur à la promotion de la santé.166

Ainsi, elle axe son orientation sur ce qui fait santé, c'est-à-dire, que l'action doit être menée sur les facteurs qui déterminent et qui font santé. La santé doit être englobée avec la qualité de l'environnement dans lequel vivent les populations. Afin qu'une population soit en bonne santé, elle doit vivre dans un environnement sain. Peut-on alors être dans un état de complet bien-être dans un monde malade ?167. En effet, le constat est fait à travers les données statistiques à l'échelle mondiale, sur le dysfonctionnement de l'ensemble des facteurs dont la santé des individus a besoin pour se développer : une société malade168, dont le volontarisme politique et volontairement absent, ne peut pas offrir une meilleure santé à sa population.

Cette approche holistique de la santé s'intéressant aux facteurs qui déterminent la santé est apparue vers la moitié du XXe siècle et plus précisément depuis que l'OMS, en 1946, a défini

164 Henri Picheral, « Géographie de la transition épidémiologique », Annales de Géographie 98, no 546 (1989): 129-51, https://doi.org/10.3406/geo.1989.20898.

165 OMS, « Maladies non transmissibles ».

166 Anne Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. », Guide (EHESP, 2014).

167 Chantal Godin, « Jean Lebel, La santé: Une approche écosystémique: Ottawa, Canada, CRDI, Un focus, 84 p., 2003 », VertigO, 1 septembre 2005, https://doi.org/10.4000/vertigo.4726.

168 Pierre Guillaume, « Une société à soigner: Hygiène et salubrité publique en France au XIXe siècle: Gérard Jorland , Paris, Bibliothèque des histoires, Gallimard, 2010, 361 p., 27 €, ISBN : 978-2-07-012615-6 », Revue d'histoire de la protection sociale 3, no 1 (2010): 140, https://doi.org/10.3917/rhps.003.0140.

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la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité»169. Projetée au rang des droits de l'Homme, elle devient pour l'OMS une «condition fondamentale de la paix dans le monde»170.

En dépit de ce nouveau paradigme, les recherches scientifiques sont restées longtemps, jusqu'aux années 1970, cantonnées dans le giron de l'approche biomédicale. Elles étaient principalement concentrées sur la pathogénèse (Diagnostics et recherches sur les causes des maladies).

Cette approche globale et positive de la santé a déjà fait l'objet d'une étude et d'un rapport précisant, pour la première fois, l'influence d'un ensemble de facteurs interagissant ensemble sur la santé. En 1974, Marc LALONDE, alors Ministre de la Santé du Canada, présente dans son rapport sur les quatre influences principales sur la santé : la biologie humaine, l'environnement, les soins de santé et les modes de vies qu'il faut bien prendre en compte pour parler santé.171

169 OMS, « La Constitution a été adoptée par la Conférence internationale de la Santé, tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes off. Org. mond. Santé, 2, 100) et est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier 1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont incorporés au présent texte », 22 juillet 1946.

170 OMS, « La Constitution a été adoptée par la Conférence internationale de la Santé, tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes off. Org. mond. Santé, 2, 100) et est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier 1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont incorporés au présent texte ».

171 Godin, « Jean Lebel, La santé ». art. déjà cité

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Ces facteurs (les déterminants de la santé) se définissent comme des éléments qui influencent l'état de santé et du bien-être des individus, de façon isolée ou en interaction avec d'autres facteurs.

Ces déterminants de santé peuvent être :

- Individuels : âge, sexe, patrimoine génétique, comportement.

- Socio-économiques : accès au logement, à l'emploi, à la culture, à l'éducation, relations humaines, vie sociale, accès aux services et produits de consommation.

- Environnementaux : qualité de l'air, de l'eau, de l'environnement (Bâti et non bâti)

- Politiques (urbaines, habitat, transport, emploi, soins primaires172

Après les travaux de Lalonde, en 1978, la déclaration d'Alma-Ata relative aux soins de santé primaire est venue à son tour renforcer cette approche holistique en alertant les gouvernements sur l'urgence de la mise en oeuvre d'une action à l'échelle mondiale afin de préserver la santé des habitants du monde173. Ensuite la charte d'Ottawa, pour la promotion de la santé, en 1986 a conforté cette conception de la santé en prenant comme base les principes de la déclaration d'Alma-Ata, les aspirations de l'OMS par rapport à sa stratégie de la Santé pour tous ainsi que le changement de paradigme sur l'action intersectorielle et interdisciplinaire pour la santé174. Sa vision de la promotion de la santé réside dans le fait que chaque individu peut davantage maitriser et améliorer sa santé. L'individu doit donc « pouvoir identifier et réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins et évoluer avec son milieu ou s'y adapter ».175 La santé est donc plus qu'un état. Elle est observée comme une ressource que l'individu peut employer quotidiennement dans sa vie et non comme une finalité totale à atteindre dans la vie176. C'est une conception positive dont l'ambition est le bien-être complet de l'individu. Elle présente cette ambition en proposant la promotion de la santé selon 5 axes :

· « Élaborer des politiques favorables à la santé

172 Roué Le Gall, « «Agir pour un urbanisme favorable à la santé, concepts & outils » ; Guide EHESP/DGS, ROUÉ-LE GALL Anne, LE GALL Judith, POTELON Jean-Luc et CUZIN Ysaline, 2014. »

173 « Déclaration d'Alma-Ata », s. d., 3.

174 Éric Breton, « La Charte d'Ottawa : 30 ans sans plan d'action ? », Santé Publique 28, no 6 (2016): 721, https://doi.org/10.3917/spub.166.0721.

175Idem, art. déjà cité 176 Idem, art. déjà cité

·

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Créer des environnements favorables ;

· Renforcer l'action communautaire ;

· Acquérir des aptitudes individuelles ;

· Élargir le mandat des services de santé au-delà de l'offre de services cliniques et curatifs, dans le sens de la promotion de la santé».177

Cette stratégie de promotion de la santé se veut ambitieuse et dépassant le cadre de l'organisation des soins et de la recherche sur les risques, tout en inscrivant cette conception de la santé au coeur de toute action publique178 (Healt in the all policy)179. Elle remet donc la santé des populations comme une ressource dépendant des conditions de vie et de l'implication des décideurs politiques.

Eric Breton, constate que malgré l'engouement que la charte d'Ottawa a suscité, le mouvement de promotion de la santé désespère toujours à institutionnaliser sa vision de la santé publique. Ce constat est tiré de son analyse de l'évolution du concept en France. Selon lui, il existe peu de référence à la promotion de la santé comme l'entend la charte d'Ottawa. Il donne l'exemple de l'absence de la promotion de la santé de l'organigramme du ministère de la santé180. En effet, la promotion de la santé, en France réside uniquement dans l'éducation.

Il fallut attendre 20 ans plus tard après l'analyse de LALONDE, plus précisément en 1990, que la recherche ait pu avancer pour passer de la pathogénèse à la salutogénèse181. Elle s'intéresse plus précisément à ce qui fait santé, c'est à dire à l'ensemble des facteurs qui déterminent et qui renforcent l'état de santé. Ce changement de paradigme s'explique par l'évolution des maladies chroniques, la hausse des coûts des soins, la précarité sanitaire relative aux inégalités sociales de santé qui ne cesse d'augmenter, l'incapacité du biomédical à éradiquer certaines pathologies chroniques et la forte conscientisation sur l'importance et l'ampleur des facteurs déterminants la santé. En effet, cette approche globale et positive de la santé vient s'inscrire

177 Idem, art. déjà cité

178 Sébastien Guigner, « De « la santé dans toutes les politiques » à « toutes les politiques dans la santé » : le régime de visibilité de la prise en compte de la santé dans les politiques de l'Union européenne: Commentaire », Sciences sociales et santé 34, no 2 (2016): 71, https://doi.org/10.3917/sss.342.0071.

179 « WOH-Health in All Policies (HiAP) Framework for Country Action January 2014 », s. d.

180 Breton, « La Charte d'Ottawa ».

181 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants » (OMS, 2000).

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dans une démarche pour rompre avec l'approche biomédicale qui s'intéresse à la santé uniquement via le prisme médicamenteux et pathologique, selon lequel la santé et son traitement appartiennent au corps médical.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway