Au niveau des communes, la santé repose
généralement sur une démarche hygiéniste relative
à la gestion de la salubrité publique. Leurs actions s'orientent
généralement vers des interventions pour lutter contre l'habitat
insalubre, pour protéger la population contre les produits toxiques
(plomb, amiante), pour contrôler la présence des animaux errants,
la qualité de l'air et de l'eau, pour gérer les déchets et
les traiter et rendre les quartiers propres, etc. L'Etat intègre donc la
santé dans les contrats de ville puis il intègre les ateliers
santé ville (ASV) qui ont été introduits en 2000 par le
Comité interministériel faisant suite à la loi relative
à la lutte contre les exclusions dont le but de rendre la santé
des individus meilleure et notamment celle des plus vulnérables et plus
pauvres244. Ces ateliers concernent principalement les quartiers de
la politique de la ville avec l'objectif d'imbriquer l'ensemble des politiques
de la ville (sociale, santé etc.).
243 Myriam Legendre, « Environnement et santé
», Santé Publique 15, no 3
(2003): 291,
https://doi.org/10.3917/spub.033.0291.
244 « L'Atelier santé ville, c'est quoi? | Fabrique
Territoire Santé », consulté le 5 octobre 2021,
https://www.fabrique-territoires-sante.org/tout-savoir-sur-les-asv/latelier-sante-ville-cest-quoi.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Certaines municipalités sont entrées en lien
avec les politiques nationales et régionales en matière de
santé publique et tentaient tant bien que mal de mettre en place des
actions en faveur de la promotion de la santé auprès de leurs
populations en les sensibilisant à la bonne hygiène de vie,
à une alimentation saine et à la pratique de l'activité
physique. Les ASV et les contrats locaux de santé (CLS) ont le
même objectif visant à prévenir les maladies, à la
promotion de la santé et à la réduction des
inégalités sociales de santé. Les CLS sont des
méthodes dispensées par la loi (HPST) et appliquées par
l'ARS en partenariat avec une collectivité territoriale. Le but
étant de faire baisser les inégalités sociales de
santé et d'établir des actions au plus près de la
population. Ils permettent, dans l'esprit d'intersectorialité, de
rassembler un ensemble d'acteurs de secteurs et de disciplines
différents sur les enjeux de santé d'un territoire donné
afin de concevoir un projet de santé autour des déterminants de
santé définis en amont245. Le Plan Local de
Santé (PLS) encore appelé le Plan Santé Municipal, est
l'opportunité pour les municipalités d'affirmer ou de repenser sa
politique locale de santé.246. Il permet de vérifier
la cohérence des politiques sur la santé, appliquées au
niveau local. Préconisés par l'OMS, ces documents
stratégiques issus d'une concertation et dont l'objectif est de
déterminer les principales orientations concernant la santé pour
tous dans une ville. Selon l'OMS un Plan Santé Municipal est
« un plan qui établit un lien entre la stratégie de la
Santé pour tous et une analyse locale des priorités de
santé, et énonce les engagements que les autorités locales
et d'autres organismes prennent en matière d'amélioration de la
santé à l'échelle
locale»247.
D'autres municipalités ont fait le choix d'aller
encore plus loin en adhérant au réseau français
villes-santé afin d'agir pour un urbanisme favorable à la
santé. Actuellement, le réseau français
villes-santé compte une centaine de villes adhérentes. Ces
dernières années, plusieurs villes ont franchi le pas en
intégrant la santé dans les plans de planification
stratégique (Schémas de cohérence territoriale (Scot),
Plan local d'urbanisme etc.), d'autres agissent, d'une manière
environnementaliste, pour la santé à travers d'autres documents :
plan de protection de l'atmosphère (PPA), plan local
d'amélioration de la qualité de l'air (PLQA), plan climat air
énergie territoriaux (PCAET). Toutefois, les Scot et les PLU constituent
des leviers de haute importance pour aller vers un urbanisme favorable à
la santé.
245 « Les contrats locaux de santé »,
consulté le 5 octobre 2021,
http://www.ars.sante.fr/les-contrats-locaux-de-sante.
246 Hugh Barton & Catherine Tsourou, « URBANISME ET
SANTE Un guide de l'OMS pour un urbanisme centré sur les habitants
».
247 « Plan d'action des villes pour la santé et le
développement durable, OMS, 2000, p.51 », s. d.
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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Après avoir fait un rappel historique des
problématiques autour du lien entre l'urbanisme et la santé,
présenter et critiquer le tout-médical, présenter le
nouveau paradigme de l'OMS autour de la santé, aujourd'hui, la question
de la transition du tout-médical au nouveau paradigme se pose.
La problématique qui va orienter notre
réflexion réside dans l'idée de savoir comment l'urbanisme
peut-il changer l'ordre des choses en matière de santé.
Devons-nous attendre de tomber malade pour aller chez le médecin, qui
à son tour nous prescrit des médicaments qui pourront nous
soigner ou non, ou prévenir ?
Comment l'urbanisme peut-il donc s'inscrire dans une
démarche préventionnelle contre les maladies chroniques, que nous
appelons « les pathologies silencieuses », par conséquent
limiter le recours automatique aux soins médicamenteux ? Comment la
mobilité active et l'activité physique, comme déterminant
de la santé, peuvent-elles s'inscrire dans cette démarche ? Et
pour pousser un peu plus loin la problématique de base, comment
l'urbanisme et la médecine peuvent se réconcilier pour favoriser
et « créer » la santé et le bien être ?