En France, la santé ne réside pas uniquement
à l'échelle nationale. En effet, dans l'objectif
d'améliorer la santé de la population française, le
territoire est aujourd'hui au centre de nombreuses réformes, notamment
les réformes hospitalières avec la mise en place de la loi de
2009 relative aux patients, à la santé et aux territoires «
Loi Hôpital Patient Santé et Territoire » (HPST). Cette loi
est née de la révision générale des politiques
publiques (RGPP) elle comprend quatre grands objectifs234 :
La prévention et la santé
publique
· L'organisation territoriale du système
de santé »235
Elle crée des Agences Régionales de
Santé (ARS) dont la mission est de coordonner et d'organiser à
l'échelle territoriale des politiques de santé (Hôpital,
médecine de ville, santé publique etc.). Elles mettent en oeuvre
l'ensemble des mesures prévues par la loi. Elles réunissent dans
une seule institution les moyens de l'État et ceux de l'Assurance
Maladie. Elles sont missionnées pour décliner à
l'échelle régionale la politique de santé définie
à l'échelle nationale et l'adapter aux réalités des
territoires.
En France, c'est à partir de 2010, au travers de la
loi Grenelle 2 et la création des ARS que le concept d'urbanisme
favorable à la santé a commencé à être pris
en compte, indirectement, dans les évaluations. Cela repose bien
évidement sur les enjeux environnementaux et de santé
publique.
Depuis 2004, suite à la conférence de Budapest,
l'État par l'intermédiaire de 4 ministères : Le
Ministère de la Santé, le Ministère de l'Écologie
et du Développement durable, le Ministère de l'Emploi, du Travail
et de la Cohésion sociale et le Ministère
délégué à la Recherche, élabore tous les 5
ans un plan national santé environnement (PNSE). Il est
basé sur le diagnostic des risques sanitaires liés à
l'environnement et inscrit, dans le code de la santé publique. Il
identifie des actions à mettre en oeuvre afin que la santé
environnement soit mieux considérée dans la totalité du
territoire. Le premier PNSE (2004-2009) visait 3 objectifs
prioritaires236 :
· « Respirer un air et boire une eau de
bonne qualité
· Prévenir les pathologies d'origine
environnementale et notamment les cancers
· Informer le public et protéger les
populations sensibles »237
Aujourd'hui, nous sommes à la quatrième
génération de ce plan -PNSE4 (2021-2025), ce dernier s'inscrit
dans un contexte particulier, marqué d'une part par une forte demande de
la population en matière de santé et environnement, d'autre part
la crise de la Covid-19 a bouleversé le champ de la réflexion et
du débat en nous interrogeant sur notre comportement
235 Idem, art. déjà cité
236 « Le plan national santé environnement (PNSE)
», Ministère de la Transition écologique, consulté le
5 octobre 2021,
https://www.ecologie.gouv.fr/plan-national-sante-environnement-pnse.
237 Idem, art. déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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par rapport à l'écosystème. Il propose
des actions visant à diminuer tout risque lié aux substances
chimiques, aux bruits et ondes ainsi qu'aux zoonoses (maladies transmissibles
de l'animal à l'Homme). Le PNSE 4 est donc en totale cohérence
avec le concept « une seule santé»238 (One
Health)239. Il comprend 4 axes et une vingtaine d'actions. Les 4
axes sont240:
· « Axe 1 : S'informer, se former et
informer sur l'état de mon environnement et les bons gestes à
adopter pour notre santé et celle des
écosystèmes
· Axe 2 : Réduire les expositions
environnementales affectant la santé humaine et celle des
écosystèmes sur l'ensemble du territoire
· Axe 3 : Démultiplier les actions
concrètes menées par les collectivités dans les
territoires
· Axe 4 : Mieux connaître les
expositions et les effets de l'environnement sur la santé des
populations et des
écosystèmes».241
Toutefois, l'action 17, portée par le
3ème axe, a pour but de sensibiliser significativement les
urbanistes et les aménageurs du territoire afin qu'ils prennent en
considération la santé environnementale dans leurs programmes
d'aménagements242. De plus, elle encourage le
développement d'un urbanisme favorable à la santé, en
établissant le lien entre l'urbanisme, la mobilité,
l'aménagement urbain et la santé.
On trouve la déclinaison de ces PNSE à
l'échelle régionale dans les projets régionaux de
santé environnement (PRSE). En effet, les ARS, dans le cadre de leur
mission, élaborent à travers le PNSE et en fonction des
réalités de leurs territoires, un PRSE renouvelable
également tous les 5 ans. Les ARS ont aussi un rôle d'analyse des
documents de planification (SCOT, PLU, CC) et des projets urbains afin
d'émettre un avis sanitaire et environnemental. Mais leurs avis restent,
aujourd'hui portés essentiellement sur les éléments
relatifs à la santé
238 DGS_Céline.M et DGS_Céline.M, « Plan
National Santé-Environnement 4 (PNSE 4) : «un environnement, une
santé» (2021-2025) », Ministère des Solidarités
et de la Santé, 27 octobre 2021,
https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-national-sante-environnement-4-pnse-4-un-environnement-une-sante-2021-2025.
239 « Tribune | «Il faut institutionnaliser le concept
«One Health» pour prévenir de nouvelles
épidémies à l'échelle mondiale» | Cirad
», consulté le 27 octobre 2021,
https://www.cirad.fr/les-actualites-du-cirad/actualites/2020/institutionnel/tribune-le-monde-institutionnaliser-le-concept-one-health-pour-prevenir-les-epidemies.
240 DGS_Céline.M et DGS_Céline.M, « Plan
National Santé-Environnement 4 (PNSE 4) : «un environnement, une
santé» (2021-2025) », Ministère des Solidarités
et de la Santé, 27 octobre 2021,
https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/les-plans-nationaux-sante-environnement/article/plan-national-sante-environnement-4-pnse-4-un-environnement-une-sante-2021-2025.
241 Idem, art. déjà cité
242 Idem, art. déjà cité
Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une
démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ?
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environnementale (une démarche environnementaliste). En
revanche, comme nous l'avons vu précédemment, les
déterminants de santé ne se limitent pas uniquement à
l'environnement physique.
Par ces avancées, le contexte institutionnel donne des
signes de volonté pour la promotion de la santé dans toutes les
politiques, mais la question reste toujours à ces balbutiements. Les
PNSE, lois Grenelle 1 &2, loi de réforme du système de
santé : malgré ces textes la situation reste préoccupante
pour les scientifiques qui ne cessent d'alerter les autorités publiques
sur les problématiques relatives à l'environnement et à la
santé. Le cadre juridique qui s'inscrit uniquement dans une
démarche curative en matière d'environnement se confronte
à des difficultés pour résorber l'ensemble des
problèmes environnementaux. Il légifère des
problématiques déjà connues. Or la santé et
l'environnement ne doivent pas attendre la révélation du risque
réel pour légiférer243 une activité ou
un processus. Le droit peut-il alors s'inscrire dans une démarche
préventionnelle pour la santé ?