2.1.2.2 Les facteurs familiaux
La famille, milieu extrascolaire des enfants, n'est pas neutre
dans l'explication de l'abandon scolaire, voir les différences en termes
de réussite scolaire des enfants. Au contraire, elle participe
activement. Les familles ont la responsabilité d'accompagner et de
soutenir l'éducation des enfants. Ainsi, des variables telles que la
structure familiale, le statut matrimonial du chef de famille ou de
ménage, la structure par âge et par sexe du ménage et la
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taille du ménage sont généralement celles
utilisées dans la littérature pour appréhender l'effet de
la famille sur les résultats scolaires des enfants.
? Taille du ménage
Du point de vue théorique, les études
s'intéressant entre la taille du ménage (ou de la famille) et la
réussite scolaire des enfants s'inscrivent généralement
dans le courant des théories économiques. L'enfant étant
considéré comme un bien économique dont l'utilité
dépend de ses avantages et coûts perçus par les parents, sa
scolarisation résultera d'un calcul purement économique de type
coûts-bénéfices. Cette situation fera que dans les
ménages de grande taille (avec notamment des enfants en bas âge),
s'exerce une ponction importante sur les ressources financières du
ménage, et limite par conséquent les capacités de celui-ci
à investir dans la scolarisation des enfants (KOBIANE, 2002).
? Statut matrimonial du chef de ménage
Dans une recherche documentaire au compte du CREPAS en 2001
sous le thème « Les milieux à risque d'abandon scolaire.
Quand pauvreté, conditions de vie et décrochage scolaire vont de
pair », Isabelle Bouchard relève parmi les déterminants
familiaux de l'abandon scolaire, la structure familiale en confrontant famille
monoparentale (gynoparentale, une famille monoparentale dirigée par une
femme) et famille biparentale à l'aide des résultats de Lipman et
al. (1998). Cette distinction est une forme de catégorisation de la
variable statut matrimonial du chef de ménage. En effet, selon cette
étude, les enfants vivant dans des familles gynoparentales
éprouvaient des difficultés pour les mêmes raisons que ceux
évoluant dans des familles biparentales : sous-scolarisation et
état de santé mentale de la mère, faibles
compétences parentales, dysfonctionnement de la famille et soutien
social déficient obtenu par la mère. D'ailleurs, la
majorité des enfants à risque (75 %) vivaient avec leurs deux
parents. Cependant, un pourcentage particulièrement élevé
d'enfants vivant avec une mère seule avaient différents
problèmes. À titre d'exemple, les auteurs soulignent que 29 % des
enfants ayant des problèmes scolaires et 32,8 % des enfants socialement
mésadaptés sont issus d'une famille gynoparentale alors que ces
familles représentent environ 15 % du total des familles canadiennes.
Par ailleurs, les ménages polygames sont souvent
défavorables à la fréquentation scolaire et au soutien des
enfants à l'école. D'après NGANAWARA (2016), la polygamie
semble être plus néfaste pour la scolarisation des enfants. Les
enfants qui proviennent de familles désunies ou reconstituées
(remariages), des ménages dirigés par des célibataires,
sont
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relativement plus vulnérables à l'abandon
scolaire. La composition familiale aurait des effets sur les résultats
scolaires des enfants.
? Sexe du chef de ménage
Les ménages en Afrique subsaharienne sont
généralement dirigés par les hommes qui sont en même
temps les principaux pourvoyeurs de l'économie du ménage. Les
ménages dirigés par les femmes sont donc susceptibles
d'être pauvres du fait même que ces dernières deviennent
dans la plupart des cas chef de ménage que dans des circonstances
particulières (décès du conjoint, déplacement du
conjoint, divorce, etc.). Plusieurs études ont montré l'existence
de lien entre le sexe du chef de ménage et la scolarisation des enfants
du ménage. Mais, contrairement à ce qu'on pourrait s'attendre,
pour la plupart d'entre elles, il ressort que c'est dans les ménages
dirigés par les femmes que les enfants sont plus scolarisés et
mieux encadrer dans la perspective de la poursuite scolaire. Parmi ces
études nous pouvons citer : NGANAVARA (2016) et WAKAM (2001) dans le
contexte Camerounais ; CLEVENOT et PILON (1996) dans une étude portant
sur sept pays d'Afrique subsaharienne (Ghana, Kenya, Madagascar, Malawi,
Rwanda, Sénégal, Zambie), M. Pilon dans le cas du Togo.
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