2.1.2 Résultats des études empiriques
Les théories susmentionnées ont été
vérifiées à partir des données d'enquêtes ou
de recensements dans plusieurs études antérieures.
Dans cette section, on va présenter la synthèse
des résultats auxquels ils sont parvenus en mettant en relation les
indicateurs de tel ou tel concept avec le phénomène
étudié ici.
2.1.2.1 Les facteurs individuels
L'élève est un acteur principal dans le
processus d'apprentissage, il est rationnel et participe pleinement aux jeux
éducatifs (BOUDON, 1984). Concernant l'abandon scolaire, des facteurs
tels que le sexe de l'enfant, son âge, son statut d'handicap, son lien de
parenté avec le chef de ménage ainsi que la survie de ces parents
biologiques, sont avérés dans la plupart des études
antérieurs comme déterminants (AKOUE, 2007 ; PILON, 2005 ;
SAWADOGO et SOURA, 2002 ; Diallo, 2001).
? Sexe de l'enfant
Contrairement aux observations faites dans la plupart des pays
développés, la réussite scolaire des enfants dans les pays
en développement en particulier ceux d'Afrique subsaharienne, est plus
favorable aux enfants de sexe masculin. En effet, les filles sont
généralement les plus vulnérables en matière de
fréquentation scolaire en Afrique : elles sont non seulement faiblement
inscrites en termes d'effectif mais aussi, si elles fréquentent, elles
sont encore les plus touchées par l'abandon scolaire précoce.
Dans de nombreuses études, le sexe de l'enfant a
été avéré comme déterminant de l'abandon
scolaire des élèves (SAWADOGO et SOURA, 2002). Par exemple,
SAWADOGO et SOURA en distinguant les trois niveaux d'enseignement du primaire
(CP, CE et CM), montrent qu'à partir du CM, ce sont les filles qui
abandonnent plus facilement par rapport aux garçons. Mais avec l'avenue
de la promotion des droits de la femme (notamment dans le domaine de
l'éducation), la modernisation et la démocratisation de
l'école ces dernières décennies dans les pays en voies de
développement, les différences en termes d'abandon scolaire entre
filles et garçons ne font que se réduire progressivement.
Cependant, dans les
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zones rurales, de même que dans un pays où
règnent le mariage précoce, les filles sont
généralement plus enclines à la sortie scolaire
précoce que les garçons.
Anne LESSARD (2004) a de son côté, fait ressortir
dans sa thèse « Genre et abandon scolaire », les
différences des raisons d'abandon scolaire entre filles et
garçon. Elle est arrivée à conclure qu'outre le travail
qui consistait la raison la plus fréquemment citée chez les
filles (44%) et les garçons (75%), les filles abandonnait en raison de
problèmes personnels et familiaux, tandis que les garçons
abandonnaient pour des raisons scolaires. Les résultats de ces analyses
qualitatives indiquent que le processus d'abandon n'est pas vécu de la
même façon par les filles et garçons. L'abandon scolaire
est souvent précipité par un cumul de raisons et de facteurs de
risque (LESSARD, 2004).
Selon AKOUE (2007), la controverse demeure quant aux
écarts de réussite scolaire entre les filles et les
garçons. D'un côté dans le contexte des pays
industrialisés, les études montrent que, dans l'ensemble,
à tous les échelons du cursus scolaire, les filles obtiennent de
meilleurs résultats comparativement aux garçons. De l'autre
côté, dans les pays en voie de développent (notamment ceux
d'Afrique Subsaharienne) les recherches menées rapportent que les
garçons ont de meilleurs résultats scolaires. Même s'il
existe des inégalités de résultats scolaires entre les
genres au niveau des matières un fait demeure, les garçons
réussissent mieux à l'école que les filles dans les pays
en développement. Dans la même perspective, une étude
réalisée par la Banque mondiale affirme qu'en Afrique, même
si le taux de scolarisation des filles a doublé depuis 1965, 15 % de
celles-ci ne poursuivent pas leurs études secondaires (AKOUE, 2007).
? Lien de parenté avec le chef de
ménage
D'après Marc PILON (2005), la circulation des enfants
au sein de la parenté constitue un des traits traditionnels des
systèmes familiaux africains. La littérature confirme que la
pratique du confiage des enfants, dont ceux d'âge scolaire, continue
d'être répandue en Afrique de l'Ouest. Ces études montrent
par ailleurs le caractère ambivalent du confiage des enfants en relation
avec la scolarisation : d'un les enfants sont confiés pour être
scolarisés et ; de deux, les enfants (particulièrement les
filles) sont confiés avant tout pour travailler (PILON, 2005).
Les quelques études qui se sont
intéressées à la relation entre confiage et
fréquentation scolaire des enfants en Afrique corroborent que, dans un
même ménage, les enfants du chef
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de ménage sont mieux scolarisés et soutenus que
les autres enfants « confiés » (PILON, 2003 ; PILON, 2005 ;
BALDE, 2017).
Parfait M. ELOUNDOU-ENYEGUE et David SHAPIRO dans un article
publié en 2005, se posent la question si la pratique du confiage
d'enfants peut-elle servir à niveler les inégalités
scolaires en Afrique ? Ils postulent donc que cet effet de nivellement
dépend de trois paramètres du confiage : sa prévalence, sa
distribution et son effet bénéfique sur l'éducation des
enfants confiés. Quant à la prévalence, ils aboutissent
aux résultats pour lesquels le confiage des enfants est en augmentation
au centre du Cameroun : « En termes bruts, la prévalence du
confiage s'est accrue dans le temps, par rapport à 1960-1969, la
prévalence du confiage s'est multipliée par 1,48 au cours de la
décennie 1970-1979 ; 1,97 au cours de la décennie 1980-1989 et
2,32 au cours de la période 1990-1995 » (ELOUNDOU-ENYEGUE et
SHAPIRO, 2005).
Le lien de parenté est l'une des variables les plus
utilisées dans le contexte africain pour expliquer des
différences en matière de réussite scolaire ou au
contraire l'abandon scolaire. Il ressort dans la plupart des études que
les enfants d'un chef de ménage sont mieux scolarisés (et mieux
suivis) que les autres enfants confiés vivant dans le ménage
(KOBIANE, 1999 ; Pilon, 2003, Pilon, 2005).
? Travail extrascolaire de l'enfant
Le travail extrascolaire ou domestique de l'enfant est un
facteur explicatif de l'abandon scolaire dans le contexte africain (MARCOUX,
1994 ; PILON, 2002 ; NTOUDA BETSOGO, 2011 ; OIT, 2007). Par exemple, dans le
mémoire de BETSOGO (2011) intitulé « travail des
enfants et abandon scolaire au Cameroun », il arrive aux
résultats selon lesquels, le travail des enfants à travers le
nombre d'heures effectué par semaine à une influence directe sur
l'abandon précoce de ces études. En effet, lorsque pour un enfant
le nombre d'heure de travail diminue, il a de forte chance pour qu'il
n'abandonne pas ces études en début de cycle.
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