Nombreux sont les professionnels de santé qui
s'affairent au bon fonctionnement du bloc opératoire. Nous y retrouvons
plusieurs acteurs aux qualifications diverses. Du chirurgien au médecin
anesthésiste, en passant par les IBODEs et les IADEs, cette
pluridisciplinarité est essentielle lors de la prise en charge d'un
patient. Chacun dispose de compétences qui lui sont exclusives et qui
permettent d'améliorer physiologiquement l'état des personnes
malades.
La notion de facteur humain est un terme complexe aux enjeux
multiples. Dans un module publié par la Haute Autorité de
Santé, elle y décrit le concept dans les soins de santé :
« Les facteurs humains s'appliquent partout où
travaillent les professionnels. Ils tiennent compte du fait que la
faillibilité humaine est une donnée universelle. L'approche
classique de l'erreur humaine, que l'on pourrait appeler le modèle de
« l'excellence », considère que si les professionnels sont
consciencieux, travaillent suffisamment et sont bien formés, alors les
erreurs seront évitées. D'après notre expérience,
et des experts internationaux, cette attitude est contre-productive et
inefficace24».
Il n'est pas surprenant que lorsqu'on parle et étudie
le facteur humain dans ces différents domaines, la notion de
sécurité est primordiale.
Au bloc opératoire, il est intéressant de
connaître et comprendre les spécificités du facteur humain
car elle est le résultat d'une certaine synergie (coopération)
entre les professionnels de santé.
« Étudier la façon dont
l'homme interagit avec son environnement dans le but d'améliorer ses
performances nécessite de combiner des disciplines telles que la
psychologie, la physiologie, l'ergonomie, les neurosciences, l'analyse
comportementale, les sciences sociales,
l'ingénierie...25 ».
Les professionnels de santé qui interagissent au sein
du bloc opératoire ont le même objectif : celui de promouvoir la
santé. Ils travaillent en équipe et échangent des
informations importantes au travers de compétences professionnelles
qu'ils ont acquis dans leur formation et avec l'expérience. Ces
compétences peuvent être techniques et
24 Human Factors in Health Care. Australian
Commission on Safety and Quality in Health Care, 2006
25 David FRITSCH, direction pôle service -
Comprendre et prendre en compte le facteur humain pour les équipes d'HAD
- ARS Normandie Caen, novembre 2016.
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non-techniques. Nous entendons par technique, toutes les
compétences qui s'articulent autour du « savoir-faire » dans
un contexte de travail, le coeur de métier26.
D'après Gerhard P. BUNK, Professeur à
l'Université de Giessen (Allemagne), les compétences techniques
sont : « Pouvoir et savoir définir les tâches et
contenus de son domaine d'activité et maîtriser les connaissances
et savoir-faire nécessaires à cet
effet27 ». Toujours d'après lui, les
compétences non-techniques qui se déclinent en 3 dimensions sont
:
§ « La
compétence méthodologique : être capable de réagir
de façon méthodologiquement adéquate aux tâches
demandées et aux changements susceptibles d'intervenir, trouver des
solutions de manière autonome et transposer de façon judicieuse
les expériences réalisées à de nouveaux
problèmes ». Être autonome.
L'autonomie est par définition : «
Capacité de quelqu'un à être autonome, à
ne pas être dépendant d'autrui » (Larousse).
§ « La
compétence sociale : savoir collaborer avec autrui selon un mode
communicatif et coopératif et faire preuve d'un comportement social et
de sensibilité interprofessionnelle ». Nous entendons
par là l'aspect d'échange, d'écoute, de collaboration,
d'interaction et du respect des compétences de chacun. Ainsi, des
professionnels responsables peuvent s'entretenir dans un but commun comme
être performant et assurer la sécurité des soins.
Rôle majeur de la communication.
La communication : « Action de communiquer
avec quelqu'un, d'être en rapport avec autrui, en général
par le langage (...) » (Larousse).
§ « La
compétence contributionnelle : être capable de contribuer de
manière constructive à l'aménagement de son poste de
travail et de son environnement professionnel, savoir organiser et
décider de son propre chef et être disposé à assumer
des responsabilités ». Être ergonome.
L'ergonomie : « C'est l'ensemble des
connaissances scientifiques relatives à l'homme, et nécessaire
pour concevoir des outils, des machines, et des dispositifs qui puissent
être utilisés avec le maximum de confort, de
sécurité et d'efficacité. La pratique de l'ergonomie est
un art (comme on parle de l'art médical et de l'art de
26 MANDON N. Evolution des métiers de la
formation professionnelle et de leurs pratiques, approche par l'analyse des
emplois, Cahier ETED n°3, Marseille, Cereq, 2000.
27 CEF (Conseil de l'Education et de la Formation),
Avis n°99, février 2008.
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l'ingénieur), utilisant des techniques et
reposant sur des connaissances scientifiques » (A. WISNER,
médecin français, 1923-2004).
Lorsque l'on résume ces différentes
définitions, il n'est pas étonnant de comprendre que le facteur
humain tient une place importante au sein de nos établissements de
santé et dans la sécurité des soins. « La
prise en compte du facteur humain permet d'étudier le fonctionnement
cognitif humain, la genèse des erreurs, les conséquences
possibles, les moyens qui permettent d'en diminuer la probabilité de
survenue et ceux qui atténuent leur conséquence, dans le but
d'améliorer la sécurité des systèmes dans lesquels
l'homme évolue28 ».