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Do not disturb: étude observationnelle des interruptions de tàches dans la pratique des infirmiers anesthésistes au bloc opératoire.


par Christopher Jean-Baptiste
Institut Régional de formation des infirmiers anesthésistes diplômé d'Etat (IRIADE, La Réunion 974)) - Infirmier Anesthésiste 2019
  

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3.1.2.2 La gestion du risque au bloc opératoire

Dans un ouvrage paru en mars 2012, l'HAS promue clairement cette idée d'amélioration des pratiques collectives pour la sécurité des soins. Elle y met en avant une méthodologie pour comprendre l'importance de la gestion des risques11. L'objectif étant de réduire le risque de survenue d'évènements indésirables graves et évitables. Il part d'un constat: « Diverses études montrent le caractère fréquent, parfois grave, souvent évitable, des évènements indésirables associés aux soins survenant en établissements de santé. La cause de ces évènements est rarement liée au manque de compétence technique des professionnels. Ils ont le plus souvent secondaires à des défauts d'organisation, de coordination, de vérification ou de communication, en résumé le fait d'une insuffisance ou d'un manque de culture commune de sécurité12 », relève l'HAS.

Mais qu'est-ce qu'un risque?

« Un risque est une situation non souhaitée ayant des conséquences négatives résultant de la survenue d'un ou plusieurs évènements dont l'occurrence est incertaine » (Définition HAS)13.

11 La sécurité des patients, mettre en oeuvre la gestion des risques associés aux soins en établissement de santé: Des concepts à, la pratique. Haute Autorité de Santé, Mars 2012

12 Kohn LT, Corrigan JM, Donaldson MS (institute of medicine). To err is human: building a safer health system. Washington DC: National Academy Press; 2000.

13 TURPIN Murielle, cadre de santé IADE, cours sur la cartographie des risques au bloc opératoire. IRIADE - promotion 2017/2019.

13

Et la gestion du risque?

Toujours d'après l'HAS: « Une démarche de gestion des risques a pour but d'assurer la sécurité des patients, et en particulier de diminuer le risque de survenue d'évènements indésirables associés aux soins ».

Entre autres, il s'agit de mettre en place un processus de guidage qui aiderait le professionnel ou tout autre acteur de santé à se familiariser avec sa pratique et son environnement pour lui permettre de mieux appréhender les risques, les reconnaître, les comprendre, les traiter, les éviter et/ou les corriger.

Les enjeux sont humains, stratégiques, techniques, organisationnels, juridiques et économiques. C'est dire de l'importance de soutenir cette démarche dans nos établissements et de sensibiliser les professionnels en général.

L'HAS fait la distinction de 3 grandes catégories de risques:

§ La première directement associée aux soins (organisation et coordination de soins, actes médicaux, hygiène, utilisation d'un produit de santé, gestion de l'information, etc.).

§ La seconde liée aux activités dites de soutien (effectif de personnel et gestion des compétences, équipements et leur maintenance, achats et logistique, système d'information, etc.).

§ La troisième liée à la vie hospitalière et à l'environnement (sécurité des personnes et des biens, etc.).

Cette approche de la gestion des risques doit aussi prendre en compte la diversité des établissements de santé et des différentes structures qu'elles y regroupent. Chaque spécialité se retrouve dans ce schéma avec sa propre grille d'évaluation. La gestion et le management des équipes ne sont pas les mêmes suivant l'activité qui y est faite. Le rôle et les compétences se croisent mais n'aboutissent pas au même type de prise en charge. Il faut donc cartographier ces risques en fonction de la spécificité du service.

L'analyse de la gestion des risques repose sur des principes incontournables.

La distinction est faite entre les approches dites a priori (démarche préventive en identifiant et évaluant les mesures déjà en place) et celles dites a posteriori (démarche réactive après survenue d'évènements indésirables), en soulignant la complémentarité étroite des deux démarches.

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Un schéma type d'analyse de la situation à risque est exprimé dans l'ordre suivant14:

· Identifier les situations à risque (a priori).

· Analyser la situation et identifier les risques.

· Évaluer et hiérarchiser les risques (déterminer leur criticité : gravité, fréquence, mesures préventives existantes).

· Identifier les actions à mener.

· Traiter les risques (mettre en oeuvre des actions susceptibles d'empêcher la survenue des EI redoutés ou d'en limiter les conséquences).

· Suivre et évaluer les résultats (pour apprécier au mieux les risques résiduels).

Le tout doit être ramené sous forme de retour d'expérience (ex: CREX, RMM, etc.) afin de mettre en oeuvre des actions correctrices puis de mesurer leur impact à l'aide d'indicateurs. Pour cela, cette démarche va même plus loin. Dans la brochure parue en décembre 2010 par l'HAS15, elle y développe l'idée d'évaluer les professionnels avec des méthodes16: quantitatives (ex: questionnaires individuels), ou qualitatives (ex: des entretiens collectifs ou individuels). L'objectif étant « d'appréhender » les différents aspects de la culture de sécurité (psychologiques, comportementaux et organisationnels).

Ainsi, les professionnels développent une conscience qui s'articule autour de ce concept. Maîtriser les risques c'est prévenir, apprendre de ses erreurs c'est guérir. Ils deviennent acteurs, prennent des décisions et participent à la création de solution. « L'importance de la culture de sécurité pour la sécurité des soins réside dans ce qu'elle participe à l'élaboration d'un ensemble cohérent et intégré de comportements des professionnels, et donc aux performances des organisations de santé (...) Au travers de l'évaluation et du développement d'une culture de sécurité des soins, il s'agit de faire de la sécurité une priorité de tous, des professionnels de terrain comme des managers17 ».

14 La sécurité des patients - Mettre en oeuvre la gestion des risques associés aux soins en établissement de santé: Des concepts à, la pratique. Haute Autorité de Santé, Mars 2012

15 La culture de sécurité des soins: du concept à la pratique. HAS, décembre 2010.

16 Health and Safety Executive (HSE). A review of safety culture and safety climate literature for the development of the safety culture inspection toolkit. Research report 367, 2005, UK.

17 La culture de sécurité des soins: du concept à la pratique. HAS, décembre 2010.

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La notion de risque est définie, selon le dictionnaire Larousse, comme: « la possibilité ou la probabilité d'un fait ou d'un évènement qui pourrait apporter un avantage mais qui comporte l'éventualité d'un danger ». L'anesthésie fait face à de nombreuses situations à risques18.

Au niveau du bloc opératoire, la maîtrise des risques est d'autant plus effective et proportionnelle à l'exigence de la spécificité du service. « Le bloc opératoire est un système complexe or, plus la complexité est grande, plus le risque de défaut et de non-détection est important si ce système n'est pas maîtrisé19 ». C'est aussi une structure avec de nombreux intervenants.

« La gestion des risques requiert l'implication de l'ensemble des acteurs: management de l'établissement, encadrement du bloc, équipes du bloc et coordination avec les services en interface avec le bloc20 ».

L'IADE est, au quotidien, confronté aux risques dans sa pratique professionnelle. Il est essentiel d'identifier ces risques afin de les prévenir21. Ces risques peuvent intervenir à n'importe quel moment dans le processus de prise en charge d'un patient, de son admission au bloc jusqu'à sa sortie de SSPI.

Comme détailler plus haut, le but dans la gestion des risques est donc de prévenir, de repérer et de réduire la survenue d'évènements indésirables graves (EIG). Intervenir avant qu'ils ne surviennent. C'est la gestion du risque à priori. Elle doit permettre de mettre en place des actions préventives et/ou correctives s'il y a eu dysfonctionnement (EIG) et de suivre leur efficacité22.

Les différents types de risques rencontrés au Bloc Opératoire (BO) sont variables. Ils peuvent-êtres humains, organisationnels, environnementaux, techniques, biologiques, toxiques et/ou chimiques.

Ils existent 3 phases ou l'on peut identifier des risques au BO. Certains sont directement liés au rôle et aux compétences de l'IADE.

18 SABY Sandrine & al. - Qualité des soins: Rôle IADE dans la prévention des erreurs médicamenteuses. 2016.

19 BAUDRIN Dominique & al. médecin coordinateur pour le groupe de travail - Risques au bloc opératoire: cartographie et gestion - DRASS Midi-Pyrénées, Commission de Coordination Régionale des Vigilances (CCRV), janvier 2007.

20 Certification des établissements de santé - Ce qu'il faut savoir sur l'évaluation de la démarche qualité et gestion des risques au bloc opératoire. Haute Autorité de Santé, mars 2015.

21 TURPIN Murielle, cadre de santé IADE, cours sur la cartographie des risques au bloc opératoire. IRIADE - promotion 2017/2019.

22 Aymeric LAPP, cadre de santé promotion 2016-2017 - TFE - La cartographie des risques a priori, un outil managérial pour le cadre de santé. Institut Lorrain de formation des cadres de santé, université de Lorraine ESM - IAE Metz, juin 2017.

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Dans la phase pré-opératoire, nous pouvons identifier des risques liés à la check-list d'ouverture de salle par exemple, liés au contrôle des stupéfiants dans la pharmacie du BO ou encore liés à l'accueil du patient avec la vérification du dossier d'anesthésie. Cela concerne également la consultation anesthésique et la Visite Pré Anesthésique (VPA) effectuées par le MAR.

Dans la phase per-opératoire, il existe des risques liés à l'installation du patient, à l'induction ou encore liés à la check-list HAS (champage, lavage des mains, préparation de la table, etc.).

Enfin dans la phase post-opératoire, cela concerne des risques liés à l'accueil en SSPI, au réveil du patient et à la surveillance post-op. L'identification des risques est donc une nécessité majeure et doit s'effectuer à chaque étape du processus.

La cartographie des risques constitue un point clé dans la stratégie des gestions des risques, car elle répertorie les possibles dysfonctionnements identifiés au préalable dans le système de soin. Elle est mise en oeuvre par les organisations afin d'appréhender l'ensemble des facteurs susceptibles d'affecter leurs activités et leur performance, dans l'objectif de se prémunir contre les conséquences juridiques, humaines, économiques et financières que pourrait générer une vigilance insuffisante. Selon Aymeric LAPP, cadre de santé : « Il permet de recenser les risques pour le patient afin de mieux les anticiper, les hiérarchiser et les traiter ». En cartographiant les risques, les organisations créent les conditions d'une plus grande connaissance et donc d'une meilleure maîtrise de ces risques23.

Par définition: « La cartographie des risques se définit comme la démarche d'identification, d'évaluation, de hiérarchisation et de gestion des risques inhérents aux activités de l'organisation ».

A partir de la cartographie, il est alors possible de dégager et d'évaluer la criticité d'un risque. Elle repose sur l'interaction entre la fréquence d'un risque et sa gravité. Elle permet ainsi de prioriser les actions à mettre en oeuvre pour prévenir la survenue d'évènements indésirables.

23 Recommandations cartographie - Agence Française Anticorruption - https://www.economie.gouv.fr , Ministère de l'action et des comptes publics, octobre 2017

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote