Après avoir détaillé les données,
je vais vous présenter les résultats que j'ai pu dégager
à travers ces nombreuses analyses.
Dans un premier temps, j'ai observé qu'il existait un
grand nombre d'interruptions dans la pratique de l'IADE mais qu'elles pouvaient
se manifester sous plusieurs types, pour des raisons variées et pouvant
être véhiculées par différents acteurs du bloc
opératoire.
Dans un deuxième temps, la tendance qui se
dégage est qu'il existe 42,07% des interruptions de
tâche qui sont réalisées pendant la période
couvrant l'induction jusqu'à la finalisation de l'installation
chirurgicale. Elle est donc considérée comme la
période la plus exposée aux IT et représente presque la
moitié des perturbations observées. Pour rappel, j'ai
recensé durant mon enquête un total de 164 IT.
Dans un troisième temps, j'ai croisé les
données avec les différentes tâches effectuées par
l'IADE. J'ai ainsi pu déterminer les cinq tâches
les plus touchées par ce phénomène dans chaque
séquence. La principale étant celle qui concerne le moment
où l'IADE s'occupe de la pré-oxygénation et/ ou de la
sédation inhalatoire du patient lorsque celui-ci est prêt pour
débuter l'induction. Elles représentent près de la
moitié des interruptions observées pendant
l'enquête (48,17%) et celles-ci se déroulent
essentiellement dans la salle d'opération à
95,12%. Nous pouvons donc penser que la salle
d'opération est l'endroit le plus sensible de ce
phénomène d'interruption de tâche au sein du bloc
opératoire.
Parmi ces nombreuses interruptions, nous pouvons affirmer que
74,39% des IT sont impactées par le «
contact humain » (type physique d'IT) et que
71,95% d'entre-elles sont induites par les
professionnels de santé. Ils constituent la source
primaire des interruptions. Les IBODEs, les
MAR et les chirurgiens sont majoritairement les
professionnels qui collaborent le plus avec l'IADE et cela peut certainement
expliquer un tel résultat.
En poursuivant le résumé des résultats
de mon enquête j'ai pu dégager deux catégories de motifs
d'IT. La première concernant les IT « justifiées
» et la deuxième concernant les IT «
non-justifiées ».
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Les IT « justifiées »
regroupent les motifs :
· « Apport d'information et/ou prescription orale
».
· « Recherche d'information et/ou pose une question
d'ordre professionnel ».
· « Demande de l'aide pour effectuer une tâche
professionnelle ».
A mon sens, elles participent à la
collaboration (coopération active) des professionnels de
santé avec l'IADE qui réciproquement fait de même lorsque
cela est nécessaire. D'après mes résultats
généraux, elles représentent 46,95% des
IT.
A contrario, les IT « non-justifiées
» représentent alors 53,05% des IT. Ce
qui assez équilibré en termes de proportion. Celles-ci regroupent
les motifs suivants :
· « Autres (discussion , volume sonore, bruit ambiant,
etc...) ».
· « Oubli (ex : matériel pas sous la main et/ou
absent de la salle) ».
· « Problèmes (ex : logistique,
défaut matériel, changement dans le programme opératoire,
etc...) ».
Elles sont considérées comme telles car elles
ne correspondent pas à la définition de la collaboration qui
traduit le fait de partager des informations cruciales entre professionnels qui
tendent vers un objectif commun d'efficience dans la PEC des patients.
D'après ces résultats, nous pouvons donc nous poser la question
en quoi les IT « non-justifiées » sont-elles plus nombreuses
que les IT « justifiées » ? Peut-on considérer que les
motifs « non-justifiées » peuvent être évitables
? Par la même occasion sont-elles plus nuisibles que les autres ou juste
plus fréquentes ?
Lorsque l'on observe la réaction des IADEs face aux
IT, nous sommes en mesure de réaliser que 51,22% des
IADEs « ne se laisse pas interrompre ». De plus, ils
obtiennent des scores tout aussi intéressants dans les autres items
où ils n'omettent pas « d'oublier » la tâche initiale.
Nous pouvons donc penser que l'IADE est capable de travailler dans un
environnement propice aux IT fréquentes et qui peuvent altérer sa
concentration.
Pour autant, je me demande si le facteur temps peut avoir une
influence dans la capacité des IADEs à se prémunir des
interruptions ? En effet, avec un score de 93,29% d'IT qui
durent moins de 1 minute, cela favorise-t-il une meilleure
adaptation des IADEs face à ce phénomène ? Est-il plus
facile pour l'IADE d'être un professionnel multitâche lorsque
celles-ci sont de courtes durées ?