C'est lors de la survenue d'un évènement
indésirable au bloc opératoire en chirurgie esthétique et
réparatrice que je me suis intéressé au
phénomène d'interruption de tâche.
Cette situation à laquelle j'ai été
confronté m'a permis de me questionner sur les mécanismes
d'apparition de celle-ci mais aussi à m'interroger sur les sources des
IT. Face au risque que ce phénomène entraine dans nos
établissements de santé et dans notre pratique, notamment au bloc
opératoire, il a été naturel en tant qu'étudiant
infirmier anesthésiste de m'engager dans cette voie et de rechercher des
réponses à mon questionnement.
D'après mes recherches, les IT sont devenues des
« distractions banales », mais non sans danger dans le quotidien de
beaucoup de professionnels de santé car elles sont souvent
impliquées dans la survenue d'erreurs et d'évènements
indésirables évitables. J'ai pu comprendre au travers de mes
lectures, que cela touchait particulièrement les infirmiers.
Les professionnels du bloc opératoire sont
exposés à des risques majeurs liés à la chirurgie,
à l'anesthésie et au patient. L'IADE, de par ses nombreuses
tâches et son rôle prédominant en anesthésie, est en
première ligne dans cette lutte contre les IT. Il était donc
important pour moi, dans le cadre de mon travail de fin d'étude de
trouver des articles qui mettent en lumière leurs origines, leurs
identités et leurs impacts sur notre pratique. Tout cela afin d'en
clarifier les causes et les risques sur la sécurité des soins
mais aussi les solutions qui se développaient. Ma question de
départ était la suivante:
A quelle fréquence les interruptions de
tâche se manifestent-elles et surtout sous quelles formes se
présentent-elles dans la pratique de l'IADE au moment de l'ouverture de
salle (ouverture de site en début de journée et entre chaque
intervention) jusqu'à l'incision?
Pour répondre à cette question, il m'a fallu
tout d'abord rechercher les principes même de la notion de
sécurité des soins, avec la démarche qualité, mais
aussi la notion de gestion des risques en milieu hospitalier et au bloc
opératoire. L'étude des facteurs humains fut par la suite un
point essentiel à aborder pour comprendre toute la complexité et
les enjeux de cette nouvelle politique de santé publique pour
améliorer la sécurité des soins et prévenir la
survenue d'IT responsables d'évènements indésirables
évitables. J'ai pu apprendre que le rôle et les compétences
de l'IADE dans
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la gestion des risques était un axe à
développer dans la lutte contre les IT (compétences
non-technique).
Dans un second temps, je me suis intéressé
à la compréhension, à l'identification et aux actions
à mener pour prévenir et gérer les interruptions de
tâche. Au niveau du bloc opératoire et notamment dans le domaine
de l'anesthésie, celle-ci peut être particulièrement
dangereuse car les tâches de l'IADE sont nombreuses et demandent beaucoup
de concentration. Avec le croisement de plusieurs définitions, dont
celle de l'HAS, j'ai compris qu'elles engendraient une vraie frustration et
qu'il était difficile pour un professionnel de différencier les
« bonnes » et les « mauvaises » interruptions.
Dans le circuit médicament, lors de la
préparation, beaucoup d'études ont démontrées que
les IT étaient nuisibles, fréquentes et source d'erreurs. La
plupart était même imputable aux soignants pour des raisons
justifiées (demande d'informations) et qui participent donc au projet de
soins du patient. Savoir les identifier est donc nécessaire pour
réduire efficacement et durablement ce phénomène qui
perturbe les soignants et les stresse dans leur pratique.
La culture de sécurité étant devenue un
objectif majeur depuis une dizaine d'année dans nos
établissements de santé, il a fallu s'appuyer sur
l'expérience et les modèles de lutte contre les IT dans
l'aéronautique, pour mettre en place des audits et élaborer des
solutions (check-list, « team ressource management », « gilet
jaune », etc.). Un autre concept fait l'objet d'études approfondies
et peut être développé pour la lutte contre les IT comme
l'ingénierie de la résilience, très utilisé dans la
pratique en anesthésie.
Le travail d'équipe est important dans la gestion des
risques liés au facteur humain et organisationnel. Les travaux
récents de l'HAS dans ce domaine nous renvoient l'idée que ce
sujet est actuel et qu'il existe un véritable engagement structurel et
culturel pour se prémunir des interruptions de tâche.
Cependant, la plupart des études rencontrées et
utilisées dans l'élaboration de mon mémoire, concernaient
en général les infirmiers lors de la préparation des
médicaments. Même si cela m'a permis de dégager certaines
données utiles, importantes et intéressantes, il reste
néanmoins peu d'informations sur l'impact des IT dans la pratique
IADEs.
Acteurs importants dans le processus de prise en charge des
patients au bloc opératoire mais aussi dans la prise de décision,
les infirmiers anesthésistes sont potentiellement exposés,
dû à leurs nombreuses « tâches » en lien avec la
sécurité anesthésique.
Comme il n'existe pas de recommandations précises sur
la lutte contre les IT au bloc opératoire, ma problématique porte
sur l'observation de ces « interférences » dans la
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pratique IADE de l'ouverture de salle à l'incision afin
d'en faire ressortir des données. Ces observations porteront sur :
· La localisation où s'effectue l'IT.
· Le type d'IT qui a été rencontré.
· L'origine de l'IT (la source).
· Le motif de l'IT (la raison).
· Les réactions de l'IADE face aux IT.
· La durée de l'IT.
Pour mettre en lumière tous ces aspects, j'ai donc
décidé de mener une enquête dite observationnelle, car
celle-ci me permettra de visualiser précisément les interruptions
dans son ensemble et de répertorier méthodiquement ses
différentes manifestations. Avec ce procédé, je pourrais
ainsi analyser avec finesse les résultats qui ressortiront de cette
observation.