3.4 Elaboration du rendement et corrélation
entre caractères
L'amélioration des plantes est pratiquement toujours
multicaractère. Elle l'est d'un point de vue économique, mais
aussi d'un point de vue biologique. En effet, il s'agit de transformer la
plante dans son ensemble. Compte tenu du caractère intégré
de la plante, la transformation sur un caractère entraîne souvent
des modifications d'autres caractères [67]. La connaissance des
relations existantes entre caractères permet donc de mieux transformer
les plantes et comprendre son fonctionnement dans un milieu donné [71];
[72]; [73].
Le rendement est la résultante des effets des
caractères impliqués directement et indirectement dans sa
formation tels que le poids de 1000 grains, le nombre d'épis, le nombre
de grains par épi, la précocité d'épiaison... [74].
Chaque composante s'élabore pendant une phase bien définie et
porte l'empreinte positive ou négative des effets des milieux [75];
[76].
Dans certains cas, l'occurrence de stress hydrique à
différents stades de développement et la présence de
hautes températures de fin de cycle nécessitent la participation
de toutes les composantes pour l'élaboration du rendement car dans ces
conditions la compensation entre les composantes devient faible [41].
En Outre, les composantes du rendement sont
considérées comme des unités à partir desquelles un
bon rendement peut être obtenu [77]. Plusieurs chercheurs rapportent
qu'il est plus facile d'améliorer le rendement grain par le biais de ses
composantes [78] ou de certains caractères morphologiques, surtout dans
les milieux difficiles, qui peuvent servir de critère de
sélection [79]; [80].
D'après FISHER, 1978 [81], le nombre de
grains/m2 est un caractère étroitement lié avec
le rendement en grains, sous différents lieux et pour différents
génotypes. Ce caractère est corrélé souvent
positivement au rendement en grains des céréales d'automne dans
les zones semi arides connues par une sécheresse de fin de cycle [82];
[83]; [84].
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Dans les régions connues par le gel printanier, en
l'absence de sécheresse de fin de cycle, le poids de mille grains
constitue la principale composante du rendement [85]; [86]. Pour une
variété donnée à partir d'un certain nombre de
grain seuil, le PMG est corrélé négativement au nombre de
grains/m2 [87]; [88]. Ce dernier résultat est la
conséquence d'une compétition qui s'établit entre les
grains pour les assimilats, ce qui engendre souvent la chute du PMG.
En Algérie, la période de remplissage des grains
est souvent confrontée à des contraintes environnementales en fin
de cycle et plus précisément au déficit hydrique et aux
hautes températures. Ceci a pour conséquence de provoquer des
pertes de poids des grains et plus particulièrement chez les
variétés à cycle long et dans le cas de semis tardif.
En conditions de sécheresse, la stabilité
d'expression de la hauteur est importante. Dans ces conditions, une paille
haute est plus apte à stocker plus de réserves glucidiques, qui
sont susceptibles d'être transférées vers le grain au cours
de la phase de remplissage [89].
DOUMEZ et al., (2001) [90], rapportent des gains
génétiques significatifs dans le temps suite aux effets de la
sélection pour le rendement en grains et la durée du cycle. Ils
suggèrent que les composantes du rendement qui se forment au cours de la
phase végétative sont celles qu'il faut améliorer.
LAFITTE et COURTOIS (2002) [91], mentionnent parmi d'autres
caractères, la durée de la phase végétative comme
une source de l'interaction génotype x environnement du rendement en
grains du blé. Les génotypes précoces sont plus productifs
sous conditions de contraintes hydrique et thermique de fin de cycle.
L'idéal pour atteindre les rendements proches du
potentiel est l'élaboration de chacune des composantes de rendement dans
les meilleures conditions. Cependant, la grande variabilité
édapho-climatique de nos régions et celle du matériel
génétique justifie la fluctuation des rendements et de leurs
composantes [29].
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