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L'efficacité du recours pour excès de pouvoir au Sénégal.


par Diacarya Coly
Université Alioune Diop de Bambey - Master II en droit public, option Administration publique 2020
  

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Section 2 : Les difficultés relatives à la célérité du recours et à l'exécution de la décision d'annulation

Le principe du droit à un procès équitable s'impose à tous sans exception. Sa violation est contraire aux exigences de l'Etat de droit. Il n'est toutefois pas assuré du fait de certaines difficultés. Ces dernières sont relatives à la célérité du recours et à l'exécution de la décision d'annulation.

Paragraphe 1 : Les difficultés relatives à la célérité du recours

L'examen du recours connait une problématique majeure : celle de la promptitude dans le rétablissement de la légalité violée. Cette difficulté est présente depuis l'indépendance du pays et se profile encore dans la plupart des décisions rendues par le juge. Elle résulte du fait qu'il y a un allongement de la durée d'examen des requêtes et aussi de la décision implicite de rejet.

154 CS, arrêt N°14 du 28 octobre 2008, Collectif des cadres de l'ARD de Dakar C/ le président du conseil d'administration de l'ARD, B.A.C.S, N°1, 2008, p.102

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A : Le traitement prolongé de la requête en annulation

Lorsque sont en cause les droits et libertés des administrés, le juge saisi aux fins de rétablissement de leur situation doit statuer dans le plus bref délai. Il doit en effet rendre sa décision dans un délai raisonnable conformément aux articles 9 (alinéa 3) et 7 respectivement du pacte international relatif aux droits civils et politiques155 et de la charte africaine des droits de l'homme et des peuples156. Le caractère raisonnable auquel il est fait référence ne s'oppose pourtant pas à ce que le juge puisse disposer d'un temps suffisant pour statuer sur une requête en annulation. Bien sûr, il doit justement veiller au raccourcissement du délai d'examen des requêtes en annulation afin d'assurer une bonne administration de la justice. C'est dans ce sens que Jean Marc SAUVE a pu retenir qu'« une justice efficace doit, en premier lieux, être une justice rendue en temps utile. Il ne s'agit pas de promouvoir un traitement expéditif des affaires, qui serait tout à fait contre-productif, mais il s'agit d'assurer que le temps de la procédure juridictionnelle correspond à celui des parties et de la société dans son ensemble »157. La durée à laquelle le juge rend ses décisions doit avoir un impact réel sur la situation des administrés. Il n'en est pourtant rien ainsi en matière de REP car le délai de traitement des requêtes en annulation est excessivement long. Que ce soit une décision d'annulation ou une décision de rejet, le constat est que le juge se prononce souvent après une période très longue.

La durée de traitement des requêtes varie d'une affaire à un autre mais aussi d'une juridiction à une autre. Une analyse globale prenant en compte la durée d'examen des requêtes de chaque juridiction serait beaucoup plus pertinente en ce sens qu'elle permette de connaitre approximativement le délai de traitement des requêtes. Ce délai varie suivant la juridiction existante à un moment donné dans le pays. En effet, « l'ancienne cour suprême rendait ses décisions, en moyenne, dans une durée de deux (2) à trois (3 ans). Pour le conseil d'Etat la durée des instances était de deux (2 ans) tandis que pour la nouvelle cour suprême, elle, varie entre (7) et huit (8) mois »158.

155 Alinéa 3 de l'article 9 du pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966

156 Article 7 de Charte africaine des droits de l'homme et des peuples entrée en vigueur en 1986

157 SAUVE (Jean-Marc), « la qualité de la justice administrative », in revue française d'administration publique, N°159, 2016, p.669,

158 SY (Demba), « Un demi siècle de jurisprudence en droit administratif sénégalais : De l'émergence à la maturation », op. cit, p. ; Voir KANTE (Babacar), Unité de juridiction et droit administratif : l'exemple du Sénégal, op.cit, p.117

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Cette durée a connu certainement une baisse constante au cours de ces trois périodes. Force est de constater qu'elle est excessive si l'on tient compte de l'impérieuse nécessité de protection des droits des administrés dans un délai moins long.

L'allongement de la durée d'examen des requêtes en annulation peut être dû au fait que la cour suprême est appelée seule à statuer sur plusieurs affaires. Les difficultés n'y manqueront toujours pas puisque les requêtes en annulation augmentent de plus en plus. Cet état de fait révèle à l'évidence une lenteur de la justice administrative, plus particulièrement en matière de REP. Cette lenteur affecte incontestablement l'efficacité de la justice et particulièrement celle du REP. Ainsi, « le fait de rendre la justice avec une certaine célérité est un gage de réponse adaptée pour le justiciable ; plus la décision est rendue tardivement, moins elle a un sens pour les parties »159. Au-delà de cette difficulté, s'ajoute une autre contrainte relative à l'allongement de la décision implicite de rejet.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard