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L'efficacité du recours pour excès de pouvoir au Sénégal.


par Diacarya Coly
Université Alioune Diop de Bambey - Master II en droit public, option Administration publique 2020
  

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Chapitre 2 : Les limites relatives à la portée de la décision du juge

L'analyse de la portée de la décision du juge laisse apparaitre beaucoup d'imperfections. Ces imperfections sont à l'origine de plusieurs facteurs. Par ailleurs, quelque soit la raison, elles viennent amenuiser la portée de la décision du juge. Il s'est agi à cet égard de la restriction de la protection des droits des administrés et des contraintes liées à la célérité du recours et à l'exécution de la décision d'annulation du juge.

Section 1 : La restriction de la protection des droits des administrés

La protection des droits des administrés reste faiblement assurée par le juge dans certaines circonstances du fait qu'il ne peut sanctionner efficacement la violation de ces droits. Le juge est généralement confronté à des difficultés de contrôle surtout pour les actes pris dans le cadre des circonstances exceptionnelles. L'application du principe d'effet non suspensif et la non-spécialisation des juges viennent également restreindre cette protection.

Paragraphe 1 : Le contrôle réduit des actes pris durant les circonstances exceptionnelles

Durant les périodes de circonstances exceptionnelles, les autorités administratives peuvent prendre des actes susceptibles de porter atteinte aux droits et libertés des administrés. Et lorsqu'il intervient pour annuler un acte pris dans le cadre des circonstances exceptionnelles, le juge ne peut faire qu'un contrôle réduit. Les circonstances exceptionnelles sont celles qui lorsqu'elles surviennent mettent en péril la vie sociale d'un Etat. Pour les dépasser, des régimes d'exception sont prévus par les textes. Le contrôle des actes pris durant les circonstances exceptionnelles doivent être réduit afin d'éviter une paralysie de l'action administrative.

A : L'amenuisement du contrôle des actes pris durant les périodes d'état d'urgence et d'état de siège

L'état d'urgence et l'état de siège sont deux régimes exceptionnels prévus par l'article 69 de la constitution sénégalaise. Leurs modalités d'application sont déterminées par la loi N°69-29 du 29 avril 1969 sur l'état d'urgence et l'état de siège. S'agissant de l'état d'urgence, il « peut être déclaré sur tout ou partie du territoire de la République du Sénégal, soit en cas de péril imminent résultant d'atteintes graves à l'ordre

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public, soit en cas de menées subversives compromettant la sécurité intérieure, soit en cas d'événements présentant, par leur nature et leur gravité, un caractère de calamité publique »145. Dans le cadre de ce régime, il appartient à l'autorité civile d'instituer des mesures pouvant contribuer efficacement à faire disparaitre la situation anormale. Ces mesures restreignent pour la plupart du temps l'exercice des droits et libertés des administrés.

Pour ce qui est de l'état de siège, c'est l'autorité militaire qui est habilitée en principe à prendre des mesures adaptées à la situation. Il peut être déclaré dans deux cas. Ainsi, aux termes de l'article 15 de la loi de 1969, « l'état de siège peut être déclaré sur tout ou partie du territoire de la République du Sénégal en cas de péril imminent pour la sécurité intérieure ou extérieure »146. Il ne peut être prorogé tout comme l'état d'urgence au-delà de douze (12) jours que sur habilitation législative.

Ces deux régimes d'exception ne peuvent être déclarés que par décret. Lorsqu'un de ces régimes est déclaré, il revient à l'autorité compétente de mettre en oeuvre le pouvoir de police conformément aux lois et règlements en vigueur. Celle-ci dispose d'importants pouvoirs pour faire face à la situation exceptionnelle. Ainsi, elle peut prendre des mesures restrictives des droits et libertés concernant par exemple la liberté d'aller et de venir, le droit à la vie privée, le droit à la propriété privée, la liberté de manifestation, de réunion etc. Toujours est-il que la mise en oeuvre de ses pouvoirs ne peut se faire de façon arbitraire. Tout acte édicté par une autorité administrative au-delà des compétences qui lui ont conférées conformément aux règles relatives à l'état d'urgence ou l'état de siège sera sanctionné par le juge de l'excès de pouvoir saisit à la suite d'un REP. La particularité de ces régimes est que certaines décisions administratives illégales en temps normal deviennent légales pendant ces périodes du fait de leur caractère exceptionnel. Il en est ainsi des mesures prises par le Président de la République dans le cadre de ses pouvoirs exceptionnels.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld