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L'efficacité du recours pour excès de pouvoir au Sénégal.


par Diacarya Coly
Université Alioune Diop de Bambey - Master II en droit public, option Administration publique 2020
  

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B : Les contraintes socioculturelles

Les litiges opposants les particuliers entre eux se particularisent par l'égalité des parties au procès. A l'évidence, la partie demanderesse n'éprouvera aucune appréhension pour saisir le juge. En cas de violation de ses droits, elle pourra saisir le juge sans risque de se voir infliger des sanctions de toutes natures. Il n'en va pas ainsi des les litiges opposants l'administration à l'administré lesquels révèle une inégalité juridique au détriment de celui-ci. Cette inégalité découle des PPP que bénéficient l'administration en vue d'assurer sa mission d'IG.

Toutefois, l'usage de ces prérogatives laisse à désirer dans certains cas. Il s'est agit particulièrement du cas où l'administration les utilise pour faire échec à toute éventuelle contestation de ses actes illégaux ou à l'exécution de la décision d'annulation du juge de l'excès de pouvoir. L'inégalité dont il est question ici a probablement pour conséquence « la crainte ressentie le plus souvent par les administrés ou encore par les agents publics lorsqu'il s'agit d'intenter un recours devant les juridictions administratives contre les actes pris par les autorités administratives »124.

Cette crainte s'explique principalement par le fait que : « les populations sénégalaises à l'image de la plupart des populations africaines ont du mal à appréhender le contentieux objectif. En effet, du fait d'une personnalisation exacerbée des fonctions d'autorité, les actes administratifs sont assimilés à leurs auteurs de telle

124 NGAMPIO-OBELE-BELE (Urbain), « Le juge administratif et le principe d'égalité en droit administratif africain francophone », sous la direction de DEVAUX (Olivier) et BADJI (Mamadou), Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, in revue Afrilex, Droit sénégalais N°11, 2013, op. cit, p.223. Le Président de la République du Sénégal a précisé en ce sens lors de l'audience solennelle des cours et tribunaux que : la faiblesse du contentieux objectif (...) peut s'interpréter de plusieurs manières, parmi lesquelles on peut citer : (...) la peur des représailles de l'autorité dont la décision est contestée ». Voir SALL (MACKY), allocution prononcée lors de l'audience solennelle des cours et tribunaux portant sur le thème : « Le contrôle juridictionnel de l'administration », op. cit, p.141.

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sorte que le recours fait contre un acte est vu par l'autorité signataire comme une attaque à sa personne »125. Papa Oumar SAKHO de renchérir à ce propos que : « dans les rapports entre l'administration et les administrés, la rareté des cas de recours au juge s'explique à la fois par la propension des Etats à utiliser à l'excès les prérogatives de puissance publique et à la faible institutionnalisation du pouvoir qui fait qu'il est difficile, pour un particulier, de contester, même par la voie juridictionnelle, les actes des autorités administratives, le recours contentieux étant perçu, comme tenu de l'extrême centralisation du pouvoir, comme une action dirigée contre le chef de l'Etat »126. En vérité, les autorités administratives ont souvent du mal à accepter qu'un REP introduit par un administré contre leurs actes, leur réputation soit remise en cause alors qu'elles ne cessent d'émettre en toute connaissance de cause des actes attentatoires aux droits et libertés des administrés. Elles utilisent à cet égard des manoeuvres dilatoires pour déconcerter les justiciables désirant contester la légalité de leurs actes.

Cet état des choses demeure antinomique au respect de l'Etat de droit et pourrait inciter les administrés à s'adonner au désespoir. A cet effet, l'introduction d'un REP devant le juge en vue d'annuler un acte administratif illégal est à leurs yeux dépourvue de toute importance car rien n'est plus juste qu'une abstention à saisir le juge pour éviter d'éventuelles représailles. La tendance est donc d'aller voir les autorités religieuses en place ou certaines personnes de haut rang pour essayer de régler le litige qui leurs opposent à l'administration. Et c'est lorsque cela n'aboutit pas à de meilleurs résultats qu'ils vont introduire le REP. Cela va de soi qu'ils soient forclos et qu'en conséquence le juge rejette leur requête d'annulation. Par conséquent, le nombre de recours sera substantiellement réduit. Tous ces facteurs susceptibles de limiter l'accès au juge vont affecter l'efficacité du REP. Ce dernier sera également affecté à cause de la propension du juge à rejeter les requêtes d'annulation des requérants.

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