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L'efficacité du recours pour excès de pouvoir au Sénégal.


par Diacarya Coly
Université Alioune Diop de Bambey - Master II en droit public, option Administration publique 2020
  

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B : La mise oeuvre de la procédure de référé liberté

Dépourvu de référent dans l'ancienne législation relative à la cour suprême, le référé liberté regorge néanmoins une importance indéniable. Son institution dans l'ordonnancement juridique sénégalais justifie ô combien le législateur accorde de l'intérêt aux libertés, notamment celles fondamentales. Il est prévu à l'article 85 de la loi organique sur la cour suprême de 2017. Cet article dispose que : « saisi d'une demande justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté, dans l'exercice d'un de ces pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale. Le juge des référés se prononce dans un délai de quarante-huit heures »61. Pour enclencher la procédure de référé liberté le requérant doit justifier l'existence d'une urgence à sauvegarder une liberté fondamentale dont l'acte administratif aurait porté gravement atteinte. Pour le juge, rappelle le professeur Mouhamadou Moustapha AIDARA, « l'urgence résulte nécessairement d'une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale »62. Il renchérit à ce propos que : « c'est l'existence ou l'absence d'atteinte de nature grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale qui constitue l'indice déterminant d'appréciation de l'urgence »63. L'examen de l'urgence est un véritable casse-tête pour le juge des référés qui doit déterminer si la liberté dont il est appelé à protéger a un caractère fondamental ou pas puisque le législateur sénégalais n'a pas précisé la signification. Toutefois, lorsque le juge estime après examen de la requête que les conditions relatives au référé liberté sont remplies, il peut ordonner toutes mesures utiles à la sauvegarde de la liberté fondamentale. L'intérêt est que le juge des référés dispose d'importants pouvoirs pour faire cesser l'atteinte à la liberté fondamentale. En sus, il doit se prononcer dans les délais de quarante-huit (48) heures.

61 Article 85 de la loi organique N° 2017-09 du 17 janvier 2017 abrogeant et remplaçant la loi organique N°2008-35 du 08 Août 2008 sur la cour suprême, op.cit.

62 AIDARA (Mouhamadou Moustapha), « Référé administratif et unité de juridiction au Sénégal », op. Cit, p.20

63 Idem

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Ce délai est donc raisonnable eu égard au moment durant lequel le juge est censé statuer.

Malgré les prescriptions légales, le juge des référés peine à respecter ce délai de quarante huit heure. Mais force est de reconnaitre qu'il fait parfois des efforts pour rendre sa décision dans un délai raisonnable même s'il n'arrive pas à respecter le délai de quarante-huit heure prévu. Il en est ainsi dans l'affaire Abdoul MBAYE64 où il a rendu sa décision une semaine après la demande en référé liberté. Après l'intervention du juge des référés, celui de l'excès de pouvoir saisi aux fins d'annulation doit à l'aide des preuves qu'il dispose annuler ou rejeter l'acte. En principe, la charge de la preuve incombe au demandeur. Mais, il arrive parfois que le juge allège la charge de la preuve.

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