II. ÉTUDE DE CAS BNP PARIBAS
A. Présentation générale des
méthodes et des processus BNP
Face au durcissement de la législation bancaire en
matière de gestion des risques crédits, il m'est apparu
intéressant d'appréhender la gestion du risque crédit au
sein de BNP Paribas et de comprendre comment les règles prudentielles
ont impacté les services d'analyses des risques crédit, les
processus et les outils mis en oeuvre.
Le crédit aux TPE - PME représente une grosse
part de marché pour BNP Paribas, c'est un marché où la
banque doit être très réactive. Les banques sont nombreuses
et les entreprises n'hésitent pas à faire jouer la concurrence
afin de bénéficier de meilleures conditions. C'est dans ce
contexte que BNP Paribas doit trouver un compromis entre fidélisation
des clients actuels et conquête de nouveaux clients tout en
maîtrisant le risque crédit, tant sur des opérations court
terme (découvert, facilité de caisse...) que des financements
à moyen terme ou long terme accordés à des personnes
morales ou physiques. BNP Paribas doit prendre le temps d'analyser chaque
demande afin d'évaluer le risque de non remboursement mais
également pour déterminer les prises de garanties
cohérentes.
C'est le service dans lequel j'effectue mon stage qui est en
charge de cette mission ; il est rattaché à la direction
régionale et travaille directement avec la banque de détail via
les chargés d'affaires professionnels et les chargés d'affaires
entreprises.
L'analyste crédit intervient donc dans ce processus
opérationnel d'octroi de crédit afin d'évaluer la
solvabilité de l'emprunteur ; il émet un avis sur l'engagement de
prêt, en procédant à une analyse complète du dossier
de financement, à partir de la situation financière du demandeur,
de la situation économique de son secteur d'activités et de
l'objet de la demande ; cette approche est complétée par une
étude de la situation financière personnelle du dirigeant. Cette
analyse donne lieu à la rédaction d'une note de synthèse,
étayée par un plan de financement prévisionnel, pour
donner tous les éléments d'appréciation nécessaires
aux décideurs habilités. L'analyste crédit n'est pas
décisionnaire, il émet seulement un avis qui peut être soit
:
? Favorable | Favorable avec réserves |
Défavorable.
BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL -
Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 29
Selon le montant ou la nature de l'opération et le
niveau actuel des engagements de la banque envers le client, la validation ou
non du dossier incombe soit au Directeur commercial Groupe soit à la
Direction Régionale pour les dossiers les plus complexes.
Nous allons donc analyser tout le processus d'octroi de
crédit TME PME au sein de BNP Paribas (méthode
d'évaluation des risques, méthode d'évaluation des fonds
propres, détermination du risque de contrepartie) et comprendre en quoi
les législations et les règles prudentielles l'ont
modifié. Nous verrons ainsi comment la banque réussit à
trouver un compromis entre le respect de la réglementation, la poursuite
de sa mission première de financement de l'économie et le
maintien de relations durables avec ses clients.
1. Les outils de notation
Rappelons-le, les réformes réglementaires sont
apparues en 2007/2008, après les grandes faillites bancaires que l'on a
connues (Norther Rock en Grande-Bretagne, Lehman Brother aux États-Unis,
Landsbanki en Islande). Il est apparu nécessaire aux yeux des
régulateurs d'imposer aux banques des méthodes
d'évaluation du risque crédit et parallèlement de
détenir des fonds propres plus conséquents.
Dans les faits, Bale II impose aux établissements
bancaires de distinguer les pertes attendues (expected loss (EL), qui
seront couvertes par des provisions comptables, et les pertes inattendues
(unexpected losses (UL) qui seront couvertes par les fonds propres.
Les réglementations bâloises imposent plus de
transparence sur l'activité bancaire et de posséder des outils de
gestion des risques crédit faciles à auditer et utilisables par
l'ensemble du réseau de collaborateurs.
BNP Paribas a alors créé l'outil « DEFIPRO
ER » qui permet la simulation et le montage des crédits pour les
clients et les prospects du Retail ; il est utilisé par les
chargés d'affaires, les analystes crédits, les
décisionnaires. Cet outil permet de garantir la
traçabilité dans les différentes étapes et les
différents niveaux d'analyse des dossiers et il met en évidence
le rapport Risques/Rentabilité qui est déterminant pour les
commerciaux et qui accélère le processus de décision
(méthode RAROC).
BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL -
Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 30
« DEFIPRO ER » émet un diagnostic de
façon automatisé sous forme de symbole avec un code couleur :
? Avec le score vert, l'accord est «
préconisé », le commercial peut prendre une décision
immédiate, sans référence à ses
délégations et sans analyse contradictoire.
? Avec le score orange, le commercial doit respecter la
délégation de pouvoir, la décision est prise par le
décisionnaire habilité. Un crédit jusqu'à 50 000
€ reste dans les pouvoirs de l'agence, le décideur est donc le
directeur d'agence. Au-delà de ce montant, une analyse contradictoire
par un analyste crédit doit être effectuée.
? Avec le score rouge, le refus est préconisé,
mais la décision est prise par le décideur habilité :
jusqu'à 50 000 €, la décision revient au Directeur d'agence
; au-delà, une analyse contradictoire est nécessaire et la
décision est prise en respectant les délégations
normales.
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