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L?évolution du processus d'évaluation du risque crédit dans les banques françaises

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par Antoine COQUIL
INSEEC - Master 1 Finance 2016
  

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D. Les conséquences sur l'offre crédit aux entreprises

Le durcissement des contraintes pesant sur les banques a eu un impact sur leur organisation, sur les relations avec les entreprises et, in fine, sur les volumes et le coût des financements accordés. Ces conséquences sont mises en évidence ci-après.

1. Conséquences sur l'organisation des réseaux et l'étude des dossiers

Le durcissement de la réglementation bancaire a profondément modifié l'organisation des services bancaires en interne :

? La séparation des fonctions analyse des risques du réseau commercial, dans un premier temps pour l'activité de Retail ; les banques ont été contraintes de créer des cellules régionales « risques » indépendantes hiérarchiquement et géographiquement, où sont prises les décisions de financements à partir d'un certain montant.

? Les pouvoirs d'engagement des réseaux ont donc été limités. Je présenterai en partie II cette nouvelle organisation au sein de BNP Paribas.

? Le réseau doit collecter et mettre à jour des informations sur les clients en vue d'appliquer les systèmes de notation interne choisis par la banque.

2. Conséquences sur les relations Banques / Entreprises

Les banques représentent la source majeure de financement externe des PME. En Europe, le crédit bancaire représentait 73% du total de l'endettement des entreprises non-financières en 2008. Les relations qu'une PME entretient avec sa ou ses banques s'avèrent alors essentielles ou même incontournables. Et pourtant, la séparation des fonctions « risques » et « commerce » a entraîné pour le client un alourdissement et un allongement significatif de la procédure d'octroi des financements qui ont dégradé la qualité de la relation avec les chargés d'affaires :

? Les documents demandés sont beaucoup plus nombreux et sont analysés par la cellule risques de façon approfondie ; les analystes doivent échanger (par mail ou par téléphone) avec le réseau pour obtenir des précisions ou des pièces complémentaires ; le réseau doit parfois revenir vers le client pour

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récupérer les éléments demandés... et les retransmettre à la cellule risques. Il ne peut jamais y avoir d'échanges directs entre la cellule risques et le client... cette asymétrie de l'information impacte lourdement les délais d'étude des dossiers !

? Le client a souvent l'impression d'être incompris ou perçu que comme un risque, finançable ou pas, avec un niveau de compréhension parfois dégradé.

? Ces caractéristiques ne sont sans doute pas étrangères au phénomène de multi-bancarisation observé ces dernières années ; l'entreprise augmente ainsi ses chances de pouvoir être suivie dans les bonnes comme dans les mauvaises périodes.

3. Les conséquences sur la distribution de crédit aux

entreprises

a) En termes de volumes distribués

Les économistes des banques avaient estimé que le durcissement des ratios de fonds propres aurait comme conséquence la limitation de l'offre crédit au PME, afin de respecter les 8% de ratio de fonds propres.

L'impact potentiellement négatif sur la croissance européenne a entraîné des ajustements de règles pour les PME et les ETI. En effet, ces catégories de clients sont parmi les plus risqués et donc les plus consommatrices de fonds propres et de liquidités pour les banques.

Cependant et afin de ne pas impacter le crédit aux PME, le régulateur a, dans la réglementation CRR IV, mis en place une réforme afin de recalculer l'exigence des fonds propres aux PME en appliquant un multiplicateur de 0,7619. Celui-ci s'applique à toutes les PME, qu'elles soient classées dans la catégorie des clients de détail ou Corporate.

De plus, afin de limiter ces conséquences, cinq grandes banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, BPCE, Crédit agricole, HSBC France) ont créé une société de titrisation de créance aux PME (Euro Secured Notes Issuer - ESNI), accompagnée par la Banque de France, permettant de soutenir le crédit aux PME en externalisant le risque via l'émission de titres adossés à des créances bien notées par la BDF.

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Malgré ces aménagements, une étude de l'agence de notation Fitch portant sur la période 2010 - 2012 a montré une contraction de 9% des engagements en faveur des entreprises (440 milliards de moins), au profit des dettes souveraines moins risquées qui ont augmenté de 26% (+550 milliards d'euros).

Par ailleurs, d'après une étude de la Commission européenne, l'application du nouveau dispositif en matière de fonds propres devrait réduire l'ensemble des prêts d'environ 1,8% seulement d'ici 2020-2030.

b) En termes de taux de crédit

Le durcissement de la réglementation aurait aussi pu faire craindre une augmentation des taux d'intérêt, de manière à couvrir les risques et maintenir la rentabilité des banques.

Une étude du FMI de septembre 2012 (« Estimating the Costs of Financial Regulation ») contredit cette crainte en montrant que les réformes de Bâle II et Bâle III ont eu finalement un impact limité sur les taux d'intérêts des prêts bancaires aux États-Unis, en Europe et au Japon qui ont seulement augmenté en moyenne de respectivement 0,28, 0,17 et 0,08 points de base.

Selon l'association « FINANCE WATCH » (étude sur les impacts de Bâle III publiée en mai 2012), l'impact sur les taux d'intérêt des prêts bancaires sera probablement très limité (0,15%). De plus, d'après le FMI, la hausse des coûts opérationnels entraînée par les nouvelles normes réglementaires sera compensée par des réductions de charges des banques, passant notamment par une réorganisation des réseaux et des réductions d'effectifs.

Par ailleurs, la plus grande sélection des emprunteurs, qui limite les risques et les exigences de fonds propres, a également permis de compenser la baisse des marges opérationnelles et de ne pas augmenter significativement les taux d'intérêts.

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En conclusion, la réglementation Bâle II et Bâle III a dans un premier temps réduit l'offre de crédit aux PME, mais sans en renchérir sensiblement le coût.

Les institutions bancaires ont obtenu cependant des mesures spécifiques pour cette typologie de clients, qui permettront de relancer l'offre de crédit dans une perspective de soutien de la croissance économique.

Cependant, toutes les règles de Bâle III ne sont pas encore appliquées. Les banques de réseau seront à nouveau concernées par les prochaines contraintes de liquidité mesurées par les ratios LCR et NSFR.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo