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L?évolution du processus d'évaluation du risque crédit dans les banques françaises

( Télécharger le fichier original )
par Antoine COQUIL
INSEEC - Master 1 Finance 2016
  

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B. Les outils réglementaires d'évaluation du risque Crédit

Pendant longtemps, la banque a été perçue plus comme une Institution que comme une entreprise, les profits importants résultant de rentes de situations, les prises de risque étant faibles. Avec la libéralisation du secteur et l'accroissement de la concurrence, les institutions bancaires sont devenues des entreprises prenant des risques plus importants pour conquérir de nouvelles parts de marché.

« Cette modification de stratégie va contribuer à l'émergence d'une nouvelle forme de gestion bancaire spécifique sous l'influence de trois contraintes lourdes »6:

? Risques

? Réglementation ? Information

La banque est au coeur du financement de l'économie, et dans son activité d'octroi de crédit, on demande à l'établissement de prêter de l'argent afin que le client puisse financer un bien ou un actif avec des fonds qu'il n'a pas aujourd'hui. Cette opération repose donc sur de la confiance.

La mesure du risque de crédit a pour but d'évaluer, à un horizon déterminé, la probabilité de défaut d'un emprunteur.

Le risque de crédit correspond, pour la banque, à l'incertitude qui pèse sur le service de la dette et à une dégradation conjoncturelle ou structurelle de la situation financière de l'emprunteur.

En pratique, le risque de crédit a plusieurs situations possibles qui sont toutes porteuses de pertes pour la banque :

? Risque de dégradation : la qualité de l'emprunteur baisse pendant la durée du crédit et de ce fait le niveau de risque de défaillance augmente, sans être couvert par une progression du taux d'intérêt. La rentabilité de la banque diminue, mais la perte reste potentielle ;

6 (Lamarque), 2003, p.63

BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL - Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 17

? Risque de défaut : il correspond à la probabilité que l'emprunteur n'honore pas son engagement à travers un manquement ou un retard par rapport aux échéances fixées, pouvant déboucher sur un état de cessation de paiement.

? Risque de recouvrement : il concerne le montant effectivement recouvré par la banque après une situation de défaut. La perte est d'autant plus lourde que l'état de cessation de paiement débouche sur une mise en faillite (liquidation judiciaire).

La mesure du risque crédit à pout but d'évaluer, à un horizon déterminé, la probabilité de défaut suite à un « accident de crédit ».

L'exposition à la date du défaut est le montant pour lequel la banque est en risque et qui comprend le capital restant dû.

La perte en cas de défaut correspond à la fraction de l'exposition qui ne pourra pas être récupérée qui dépend directement du taux de recouvrement et de la situation financière de l'emprunteur.

La définition du défaut selon le régulateur :

« Impayé ou découvert non régularisé de plus de 90 jours (180 dans certain cas), probabilité de non-remboursement partiel ou total du capital, des intérêts ou des frais. »

Le risque de crédit est aujourd'hui au centre des préoccupations des banques, il s'agit du risque traditionnellement le plus important et pour lequel le capital réglementaire est le plus élevé et ce afin :

? De respecter les réglementations prudentielles : ? D'optimiser le coût du risque de crédit

La réglementation oblige les établissements à mettre en place une filière dédiée à la gestion du risque crédit, indépendante du cycle d'exploitation.

« La véritable difficulté pour l'établissement consiste à anticiper ce risque et à le traduire par un coût prévisionnel qui sera facturé au client au moment de l'octroi du prêt » 7.

7 (Lamarque), 2004

BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL - Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 18

Le régulateur a proposé plusieurs méthodes d'évaluation de ce risque de crédit. Avec la méthode standard, la probabilité de défaut à un an (PD) et l'évaluation du taux de perte en cas de défaut (LGD) sont imposées par le régulateur (ACPR en France, par exemple), soit directement pour la LGD, soit en imposant un organisme de notation (Cotation BDF, Standard & Poor's...).

Mais cette méthode standard n'est pas obligatoire et les banques peuvent choisir entre deux autres méthodes mixant critères de notation externes et internes.

1. Méthode standard ou notation externe (NE)

Le recours à des notations externes est appelé méthode standard et elle consiste à utiliser les notes attribuées par des organismes spécialisés dans la notation financière pour évaluer le risque de contrepartie. Cette méthode s'appuie sur des classifications de risques établies par des établissements extérieurs à la banque comme la centrale des bilans de la Banque de France, les agences de notations (Standard & Poor's, Moody's, Fitch...) ou les sociétés d'assurance-crédit (Coface, BPI...).

Le fichier FIBEN (fichier bancaire des entreprises), recense des informations sur les en-cours de crédit, l'identité des dirigeants. Ce fichier sert de base à la cotation des entreprises par la banque de France.

Une pondération forfaitaire du risque de crédit à partir de notation externe. Le tableau ci-dessous résume des règles de calcul des pondérations aux risques :

Pondération au risque (en pourcentage du principal) pour des expositions souveraines, banques, entreprises en fonction de leur notation selon l'approche standard Bâle II.

 

AAA jusqu'à AA-

A+ jusqu'à A-

BBB+ jusqu'à BBB-

BB+ jusqu'à BB-

B+

jusqu'à

B-

Inférieur à B-

Absence de

notation

Pays

0

20

50

100

100

150

100

Banques

20

50

50

100

100

150

50

Entreprises

20

50

100

100

150

150

100

La pondération au risque pour la clientèle de détail est égale à 75%, 35% sur des prêts hypothécaires et 100% sur des biens à usage commercial.

BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL - Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 19

Exemple :

Les actifs d'une banque sont composés de prêts à des entreprises notées A pour 100 millions d'euros, d'obligations d'état notées AAA pour 10 millions d'euros et de prêt hypothécaire pour 50 millions d'euros. Selon l'approche standard de Bâle II, le total des actifs pondérés au risque vaut :

0,5 x 100 + 0,0 x 10 + 0,35 x 50 = 67,5 *source :8

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote