B. Les outils réglementaires d'évaluation
du risque Crédit
Pendant longtemps, la banque a été perçue
plus comme une Institution que comme une entreprise, les profits importants
résultant de rentes de situations, les prises de risque étant
faibles. Avec la libéralisation du secteur et l'accroissement de la
concurrence, les institutions bancaires sont devenues des entreprises prenant
des risques plus importants pour conquérir de nouvelles parts de
marché.
« Cette modification de stratégie va contribuer
à l'émergence d'une nouvelle forme de gestion bancaire
spécifique sous l'influence de trois contraintes lourdes
»6:
? Risques
? Réglementation ? Information
La banque est au coeur du financement de l'économie, et
dans son activité d'octroi de crédit, on demande à
l'établissement de prêter de l'argent afin que le client puisse
financer un bien ou un actif avec des fonds qu'il n'a pas aujourd'hui. Cette
opération repose donc sur de la confiance.
La mesure du risque de crédit a pour but
d'évaluer, à un horizon déterminé, la
probabilité de défaut d'un emprunteur.
Le risque de crédit correspond, pour la banque,
à l'incertitude qui pèse sur le service de la dette et à
une dégradation conjoncturelle ou structurelle de la situation
financière de l'emprunteur.
En pratique, le risque de crédit a plusieurs situations
possibles qui sont toutes porteuses de pertes pour la banque :
? Risque de dégradation : la
qualité de l'emprunteur baisse pendant la durée du crédit
et de ce fait le niveau de risque de défaillance augmente, sans
être couvert par une progression du taux d'intérêt. La
rentabilité de la banque diminue, mais la perte reste potentielle ;
6 (Lamarque), 2003, p.63
BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL -
Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 17
? Risque de défaut : il correspond
à la probabilité que l'emprunteur n'honore pas son engagement
à travers un manquement ou un retard par rapport aux
échéances fixées, pouvant déboucher sur un
état de cessation de paiement.
? Risque de recouvrement : il concerne le
montant effectivement recouvré par la banque après une situation
de défaut. La perte est d'autant plus lourde que l'état de
cessation de paiement débouche sur une mise en faillite (liquidation
judiciaire).
La mesure du risque crédit à pout but
d'évaluer, à un horizon déterminé, la
probabilité de défaut suite à un « accident de
crédit ».
L'exposition à la date du défaut est le montant
pour lequel la banque est en risque et qui comprend le capital restant
dû.
La perte en cas de défaut correspond à la
fraction de l'exposition qui ne pourra pas être
récupérée qui dépend directement du taux de
recouvrement et de la situation financière de l'emprunteur.
La définition du défaut selon le
régulateur :
« Impayé ou découvert non
régularisé de plus de 90 jours (180 dans certain cas),
probabilité de non-remboursement partiel ou total du capital, des
intérêts ou des frais. »
Le risque de crédit est aujourd'hui au centre des
préoccupations des banques, il s'agit du risque traditionnellement le
plus important et pour lequel le capital réglementaire est le plus
élevé et ce afin :
? De respecter les réglementations prudentielles : ?
D'optimiser le coût du risque de crédit
La réglementation oblige les établissements
à mettre en place une filière dédiée à la
gestion du risque crédit, indépendante du cycle
d'exploitation.
« La véritable difficulté pour
l'établissement consiste à anticiper ce risque et à le
traduire par un coût prévisionnel qui sera facturé au
client au moment de l'octroi du prêt » 7.
7 (Lamarque), 2004
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Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 18
Le régulateur a proposé plusieurs
méthodes d'évaluation de ce risque de crédit. Avec la
méthode standard, la probabilité de défaut à un an
(PD) et l'évaluation du taux de perte en cas de défaut (LGD) sont
imposées par le régulateur (ACPR en France, par exemple), soit
directement pour la LGD, soit en imposant un organisme de notation (Cotation
BDF, Standard & Poor's...).
Mais cette méthode standard n'est pas obligatoire et
les banques peuvent choisir entre deux autres méthodes mixant
critères de notation externes et internes.
1. Méthode standard ou notation externe (NE)
Le recours à des notations externes est appelé
méthode standard et elle consiste à utiliser les notes
attribuées par des organismes spécialisés dans la notation
financière pour évaluer le risque de contrepartie. Cette
méthode s'appuie sur des classifications de risques établies par
des établissements extérieurs à la banque comme la
centrale des bilans de la Banque de France, les agences de notations (Standard
& Poor's, Moody's, Fitch...) ou les sociétés
d'assurance-crédit (Coface, BPI...).
Le fichier FIBEN (fichier bancaire des entreprises), recense
des informations sur les en-cours de crédit, l'identité des
dirigeants. Ce fichier sert de base à la cotation des entreprises par la
banque de France.
Une pondération forfaitaire du risque de crédit
à partir de notation externe. Le tableau ci-dessous résume des
règles de calcul des pondérations aux risques :
Pondération au risque (en pourcentage du principal)
pour des expositions souveraines, banques, entreprises en fonction de leur
notation selon l'approche standard Bâle II.
|
AAA jusqu'à AA-
|
A+ jusqu'à A-
|
BBB+ jusqu'à BBB-
|
BB+ jusqu'à BB-
|
B+
jusqu'à
B-
|
Inférieur à B-
|
Absence de
notation
|
Pays
|
0
|
20
|
50
|
100
|
100
|
150
|
100
|
Banques
|
20
|
50
|
50
|
100
|
100
|
150
|
50
|
Entreprises
|
20
|
50
|
100
|
100
|
150
|
150
|
100
|
La pondération au risque pour la clientèle de
détail est égale à 75%, 35% sur des prêts
hypothécaires et 100% sur des biens à usage commercial.
BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL -
Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 19
Exemple :
Les actifs d'une banque sont composés de prêts
à des entreprises notées A pour 100 millions d'euros,
d'obligations d'état notées AAA pour 10 millions d'euros et de
prêt hypothécaire pour 50 millions d'euros. Selon l'approche
standard de Bâle II, le total des actifs pondérés au risque
vaut :
0,5 x 100 + 0,0 x 10 + 0,35 x 50 = 67,5 *source :8
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