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L?évolution du processus d'évaluation du risque crédit dans les banques françaises

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par Antoine COQUIL
INSEEC - Master 1 Finance 2016
  

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B. Les outils

Notons d'abord que le guide d'entretiens que j'ai administré et qui est présenté dans ma deuxième partie a été refondu et simplifié après les premiers entretiens.

La première version était en effet trop théorique, car elle voulait appréhender des dimensions « macro-économiques » que mes interlocuteurs ne géraient pas (choix des méthodes d'évaluation, processus sur les outils statistiques...).

Ces premiers retours m'ont fait prendre conscience que les équipes d'analystes et le réseau ne sont pas informés des raisons qui ont guidé le choix des méthodes d'évaluation des risques par BNP Paribas.

Or la méthode retenue par la Banque (méthode IRBA) est l'une des plus complexe ; elle requiert une collecte d'informations en interne très importante qui nécessite l'implication et la collaboration de tout le réseau afin qu'elle soit la plus pertinente et complète possible.

Il me paraît important de sensibiliser les équipes sur la politique d'évaluation des risques crédit afin que chaque collaborateur concerné perçoive mieux que l'alourdissement des procédures de traitement des dossiers ne provient pas uniquement de décisions internes mais principalement de contraintes légales et réglementaires. Je pense que cette prise de conscience faciliterait l'acceptation et une meilleure application de ces processus.

À cet effet, la diffusion d'un support de formation simple sur les méthodes d'évaluation appliquées par BNP Paribas me paraîtrait utile.

BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL - Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 56

C. L'organisation de la banque

Auparavant, le directeur d'agence était considéré comme un « chef d'entreprise », gérant son fonds de commerce et ayant un vrai rôle de manager de ses chargés d'affaires.

Les délégations de pouvoir issues des nouvelles réglementations le rattachent désormais à la direction régionale, qui lui impose des reportings quotidiens et une conformité qui pénalisent le développement commercial et rendent son quotidien moins intéressant.

En cela, je pense qu'il serait pertinent de redonner du pouvoir aux agences en augmentant les seuils d'octroi de crédit, aujourd'hui plafonnés à 50 000 € pour les professionnels et 75 000 € pour les entreprises. Cette responsabilisation permettrait de redynamiser la ligne commerciale et de donner plus de sens à leur travail.

De plus, cet élargissement des délégations permettrait de diminuer l'effet « aller-retour » entre le Commerce et le Risque, pour des dossiers sans problématiques ni enjeux particuliers ; aujourd'hui, cette situation allonge fortement les délais de traitement et contribue à dégrader les relations avec les clients.

Je pense que ce dispositif pourrait être mis en place d'abord sur un type de financement spécifique où le risque est faible (en crédit-bail par exemple), ou sur une typologie de clients historiquement à faible risque (GRN D0 à D2), comme les professions libérales de santé (en passant le seuil d'octroi de 50 000 € à 75 000 €).

Par ces mesures :

? On écourte les délais de traitement pour conserver nos clients actuels (ce qui

n'est pas le cas aujourd'hui), et en conquérir de nouveaux ;

? On redonne de l'importance aux directeurs d'agence ;

? On limite les flux de dossiers aux pôles d'analyse qui traiteront moins de

dossiers mais de manière plus approfondie ;

? On augmente la valeur ajoutée du métier d'analyste.

BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL - Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 57

Par ailleurs, l'implication des analystes me semble primordiale :

L'analyste crédit est aujourd'hui au centre du dispositif octroi de crédit. Depuis la création des PARCS, on a constaté une nette amélioration des relations entre la ligne Commerciale et les pôles Risques.

Les analystes doivent en ce sens soutenir les chargés d'affaires pour faire du « bon

commerce ».

Pour renforcer cette collaboration, je pense qu'il faut continuer dans ce sens en augmentant les AMBITIONS PRO (programme de formation à destination des chargés d'affaires qui se déplacent dans les pôles Risques pour appréhender la gestion du risque et se former au montage d'un dossier (DEFIPRO, trame commune...) :

? Le commercial n'est pas là que pour conquérir, lorsqu'il monte un dossier, il est essentiel que les paramètres et les outils de base soient maîtrisés

? Cette bonne maîtrise permet d'envoyer au pôle Risques un dossier « carré » et ainsi éviter l'abondance de questions et les allers-retours.

Je pense que ce programme pourrait aussi se concevoir dans l'autre sens, en envoyant des analystes sur le terrain. En effet, certains analystes, en poste depuis 2007, ne sont plus en phase avec la ligne commerciale. Leur vision trop restrictive du risque va parfois à l'encontre du commerce, dans un contexte où la banque a besoin de gagner en parts de marché.

Cette sensibilisation de l'analyste pourrait se faire par des stages terrain pour percevoir les réelles contraintes que subit au quotidien le commercial. Cette approche complémentaire permettrait d'échanger et de trouver des points de convergence pour créer une culture commune et accroître la collaboration entre ces deux services aux philosophies encore parfois différentes.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote