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Importance de la de centralisation pour le développement des collectivités territoriales en Haïti. Cas de la commune de l'Acul-du-nord de 2010 à  2018.


par Ilrick Gabriel Fils-Aime
Universite d'Etat d'Haiti (Faculté d'Ethnologie) - Maitrise 2020
  

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5.2-Conséquences

Mis à part des facteurs qui sont considérés comme causes prépondérantes du problème de décentralisation de la commune de l'Acul-du-Nord, il existe aussi des conséquences dont résulte le manque d'application de cette technique. En réalité, parmi toutes ces retombées, certaines ont des impacts plus lourds que d'autres, et c'est pourquoi dans le cadre de ce travail, nous insistons beaucoup plus sur les conséquences au niveau socio-économique, politique et institutionnel vu que ces retombées sont plus considérables que dans d'autres secteurs.

5.2.1-Sur le plan socio-économique

La décentralisation comme technique de planification des collectivités territoriales a eu des impacts considérables sur le plan socio-économique. Par exemple, au niveau de l'éducation, la majorité des écoles qui évoluent dans la commune de l'Acul-du-Nord n'a pas un budget stable et suffisant pour répondre à tous les problèmes dont elles se sont confrontées. Ses écoles sont en mauvais état, les normes qui devraient être établies ne sont pas respectées, pas de matériels didactiques pour travailler, et parfois les autorités étatiques ne connaissent même pas ses problèmes vu qu'elles ne prennent pas en considération les réalités et problèmes dont confortait cette commune à ce niveau.

À préciser aussi que les écoles qui existent au niveau des sections communales très reculées de cette commune n'ont pas les moyens financiers nécessaires pour aboutir aux résultats académiques escomptés. Et, la majorité des enfants qui sont issus dans ces milieux n'ont pas eu la chance de fréquenter une école scolaire qui remplisse toutes les normes nécessaires. C'est pourquoi, face à cette situation lamentable, l'auteur Georges G. MERISIER, dans son ouvrage portant sur les styles de gestion et modes d'organisation des écoles en Haïti, nous fait remarquer ceci :

« Haïti est l'un des pays où le taux d'analphabétisme dans la population active est des plus élevées (environ 50%). C'est aussi un pays où, en matière de scolarisation de base universelle, il reste encore un long chemin à parcourir (environ 30% des enfants de 6-11 ans n'ont jusqu'à présent pas accès à l'école). Mais, c'est aussi l'un des pays où les contributions des parents en ce qui a trait à la scolarisation de leurs enfants sont les plus importantes (plus de 12% de leur revenu) et où les services scolaires se retrouvent très différenciés108(*). »

Ce n'est pas seulement au niveau de l'éducation que le problème de décentralisation de la commune de l'Acul-du-Nord a des retombées, cette situation a aussi des conséquences graves sur la famille ainsi que les services de bases. Si nous analysons bien cette situation, nous pouvons remarquer que l'absence réelle de décentralisation de la commune de l'Acul-du-Nord empêche les familles paysannes de s'évoluer réellement et d'avoir accès à certains services de base. Parce que, la paupérisation des familles paysannes est liée non seulement à une politique néolibérale qui affaiblisse toutes leurs activités de survie, et que l'État central ne prend pas en compte dans sa politique publique, mais aussi à cause de la fragilité du niveau de vie des familles. Étant donné que les familles paysannes ; plus précisément celles de l'Acul-du-Nord n'ont pas d'allocation financière, elles n'ont pas de moyen suffisant pour faire du bétail, de l'élevage ainsi que de la pêche, donc elles se sont livrées à elles-mêmes.

En outre, le problème de décentralisation de la commune de l'Acul-du-Nord empêche les citoyens d'avoir accès à certains services de bases, comme par exemple l'eau potable, l'électricité, la santé, le logement décent et autres. Il conditionne les citoyens ; plus précisément les paysans à avoir un mode de vie comparable à celui de survie, mais non pas véritablement une vie réelle. C'est pourquoi, quand nous arrivons dans les sections communales de l'Acul-du-Nord, nous constatons un ensemble de dysfonctionnements, lesquels sont liés aux retombées du problème de décentralisation ; qui est considérée comme l'une des techniques fondamentales pour favoriser le développement local.

Au niveau de la santé, le problème est beaucoup plus tranchant. D'après une étude réalisée par le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) en 2013, nous constatons que les collectivités territoriales ont une carence véritable en matière de santé. Ainsi, ces deux tableaux décrivent la situation :

Tableau 2.-Haïti : Répartition des institutions sanitaires selon le département et la catégorie

Département

Catégories

 

Dispensaire (%)

CSL (%)

CAL (%)

Hôpital (%)

Artibonite

21,43

5,51

10,88

8,20

Centre

7,83

4,06

8,16

3,28

Grand-Anse

8,29

2,61

3,40

2,46

Nippes

4,61

0,58

4,76

2,46

Nord

8,78

12,75

7,48

10,66

Nord-Est

5,53

2,32

5,44

1,64

Nord-Ouest

15,90

2,32

8,16

3,28

Ouest

12,44

59,71

36,05

57,38

Sud

8,78

4,35

9,52

8,20

Sud-Est

6,45

5,80

6,12

2,46

Total

100.00

434

100.00

345

100.00

147

100.00

122

Source : Elaboration propre à partir de l'enquête EPSS Haïti 2013 et des rapports des départements sanitaires.

Tableau 3.-Haïti : Répartition des institutions sanitaires du pays selon le département et le statut

Département

Statut

 

Public (%)

Privé (%)

Mixte (%)

Artibonite

17,44

12,24

5,95

Centre

6,67

4,90

8,33

Grand-Anse

6,92

1,63

10,71

Nippes

2,56

0,82

10,71

Nord

7,44

12,45

9,52

Nord-Est

7,44

1,22

4,17

Nord-Ouest

14,62

4,69

7,74

Ouest

20,00

52,45

28,57

Sud

8,46

4,69

12,50

Sud-Est

8,46

4,90

1,79

Total

100,00

390

100,00

490

100,00

168

Source : Elaboration propre à partir de l'enquête EPSS Haïti 2013 et des rapports des départements sanitaires.

En tenant compte des données quantitatives qui sont insérées dans les tableaux susmentionnés, nous remarquons que le problème de décentralisation de la commune de l'Acul-du-Nord a de grands impacts sur la santé communautaire ; plus précisément sur la santé des citoyens vivant dans des zones reculées. Ces derniers n'ont pas accès à des hôpitaux pour avoir des soins de santé réel, mais plutôt ils se contentent d'aller aux dispensaires ou rester chez eux pour se procurer des soins, parfois la majorité d'entre eux meurent par faute de manque de soin ou par l'inaccessibilité des voies de transports. Par conséquent, s'il y avait une politique de décentralisation en matière de santé qui était orientée vers cette commune, donc les citoyens auront accès facile à des soins. Ainsi, c'est dans la perspective de prodiguer des soins nécessaires aux collectivités territoriales que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) affirme ceci :

« Le centre de santé est une institution assurant des services médicaux-sanitaires à une collectivité déterminée. C'est un centre idéal qui s'occupe :

a) des activités destinées à prévenir la maladie et à promouvoir la santé des personnes, des familles, des groupes particuliers et de l'ensemble de la collectivité ;

b)  des soins médicaux à dispenser aux malades, dans ses locaux et à domicile ;

c) Des services de réadaptation, en liaison avec les institutions sociales de la collectivité109(*). »

En conséquence, l'insuffisance de la couverture sanitaire ou l'absence de l'éducation sanitaire dans cette commune est dominée par le manque politique public de décentralisation liée à ce domaine.

À ne pas oublier aussi que la couverture en eau potable et assainissement dans les sections communales sont très faibles, mais très préoccupantes pour la population rurale. D'après les conclusions des experts du projet d'inventaire et de développement des ressources en eau, la faiblesse en eau potable dans la commune de l'Acul-du-Nord réside dans la répartition territoriale inégale et dans la gestion irrationnelle de l'État dans ce domaine. Face à cela, ils ont demandé des mesures d'urgence pour soulager la population rurale, en particulier le renforcement de cette commune en la matière par le biais des politiques publiques de développement local au niveau d'assainissement et d'eau potable.

Au niveau de l'assainissement et de logement, la situation est également sombre et préoccupante. Durant les dix (10) dernières années, le taux de collecte des déchets solides à la capitale et dans les sections communales de l'Acul-du-Nord a baissé considérablement à cause de la démission du service chargé des ordures. Les eaux des industries agro-alimentaires et chimiques sont déversées dans les milieux ambiants sans traitement adéquat. C'est pourquoi à l'époque, certains quartiers de la commune de l'Acul-du-Nord étaient exposés à de graves dangers ; plus précisément des épidémies et d'autres maladies contagieuses qui pourraient causer la mort des habitants de cette commune.

Tableau 4-Répartition de la couverture en eau potable et assainissement en 2010.

Eau potable à Port-au-{Prince

53%

Eau potable dans les villes secondaires

58%

Eau potable en milieu rural

33%

Assainissement de base en milieu urbain

43%

Assainissement en milieu rural

16%

Source : Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 2011.

Mis à part des conséquences sociales, le problème de décentralisation de la commune de l'Acul-du-Nord engendre aussi des conséquences économiques. La crise économique actuelle n'est pas la première, mais elle est sans doute l'une des plus pernicieuses de l'histoire du pays, cette crise met en cause l'État central à travers les décisions prises pour améliorer la vie de la population. Malgré son regain d'influence illustré par le soutien apporté par la communauté internationale, c'est l'impuissance de l'État haïtien qui est postulée comme cause. L'expérience des années précédentes laisse à penser que si l'État central est contesté, c'est le niveau local qui sera mise en question, mais les collectivités territoriales sont, elles aussi, touchées par une double crise, financière et de légitimité. Il revient à l'État central de prendre la mesure de ce que la crise économique peut paradoxalement impliquer ; plus précisément une redéfinition de la politique publique de développement des collectivités locales.

Par exemple, au niveau de la productivité et des ressources économiques, les indicateurs macro-économiques de la commune de l'Acul-du-Nord ne peuvent pas assurer la relance économique. Parce que, l'État central dans l'opérationnalisation de sa politique publique de développement ne met de moyens financiers suffisants à la disposition de cette commune; qui représentent l'un des facteurs clés de la relance économique du département du Nord.

Fort de cette considération, nous pouvons faire une allusion à la production agricole qui, autrefois représentait le moteur de l'économie de cette commune, surtout avec les paysans des sections communales. Mais de nos jours, cela a totalement disparu à cause de la mauvaise politique publique de développement dans le domaine, une politique qui asphyxie les paysans, et les rendent mois productif qu'auparavant.

Ce déséquilibre au niveau de la paysannerie a été très clairement constaté par l'économiste haïtien Gérard PIERRE-CHARLES, qui assimile le sous-développement d'Haïti à quatre grandes causes. La première cause est liée au règne du féodalisme qui n'arrive pas en (21) ans à un degré de maturité afin de détruire les bases d'existence préétablies. Deuxièmement, la pénétration étrangère qui aide les négoces à fortifier leurs positions économiques et leur influence économique. Troisièmement, l'asphyxie de la paysannerie par la bourgeoisie néolibérale ; qui constitue le refus de la participation paysanne dans la vie politique du pays, et cette bourgeoisie qui participe dans la domination du pouvoir de l'État en pratiquant le Latifundiste. Et enfin, la quatrième cause qui est la crise de l'ancien régime, qui occasionne des luttes de caste accentuées par un facteur technique inséparable.110(*) En effet, l'analyse que fait Gérard PIERRE-CHARLES sur l'économie haïtienne montre comment la paysannerie est une condition sine qua none du développement, et comment les ressources économiques ; plus précisément les ressources des collectivités territoriales participent grandement au processus du développement global.

* 108 Georges G. MERISIER, Styles et modes d'organisation des écoles en Haïti : quels résultats ?, Presses de l'imprimerie EDITEC, Port-au-Prince, 2003, p.22.

* 109 Bernard GOUDET, Développer des pratiques communautaires en santé et développement local, éd. Chronique sociale, Lyon, 2009, p.30.

* 110Gérard PIERRE-CHARLES, Économie haïtienne et sa voie de développement, Éditions Henri Deschamps, Port-au-Prince, 1993, pp.35-36.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon