L'erreur dans les réalisations écrites d'élèves marocains. état des lieux de leurs performances écrites, interrogations sur son statut et sur les modalités de sa gestion dans les documents officiels et dans les pratiques d'enseignement.par Sarah TAMIMI Université du Maine - Master 2 Didactique des Langues et l’enseignement du FLE 2019 |
2.4. La méthodologie Structuro-Globale Audiovisuelle (SGAV)Les travaux de Ferdinand de Saussure et de Charles Bally constituent les théories de référence de la méthodologie SGAV. Elle vise à enseigner la parole en situation en se basant sur deux principes : - le structuro-global d'un côté qui met en avant la nécessité de « structurer globalement » l'apprenant en lui permettant l'accès à des éléments verbaux et des éléments non verbaux. La structure est liée à une situation qu'il faut envisager globalement. - De l'autre côté, l'audiovisuel insiste sur l'importance de l'audio et l'image favorise l'accès au sens et la compréhension des messages grâce à une situation visualisée (Cuq &Gruca, 2005, p260). Le sens revêt autant d'importance que la forme linguistique. Cette perception globale de la structure est influencée par la théorie psychologique de la Gestalt.47(*) L'enseignement grammatical, inspiré du structuralisme européen, s'intéresse plus à la parole qu'à la langue. Cet enseignement est implicite et inductif. Tandis que l'écrit est considéré comme un dérivé de l'oral, il est enseigné en différé pour ne pas nuire à la correction phonétique (Cuq &Gruca, 2005, p 262). Elle considère les apprenants comme des automates capables de réaliser des exercices. Pourtant ils sont incapables d'utiliser ces automatismes lors des situations de communication, faute de la grande simplicité et la nonreprésentativité de la vie réelle des dialogues présentés (Tagliante, 2006, p 51). Le statut de l'erreur n'a pas évolué.La méthodologie SGAV ne la tolérait pas. On doit l'éviter ou l'éradiquer àtout prix. 2.5. L'approche communicativeL'approche communicative est apparue en réaction contre la méthodologie audio-orale et la méthodologie SGAV. Néanmoins, elle est considérée par quelques didacticiens tels que Christian Puren comme la troisième génération des méthodologies audiovisuelles. Elle résulte de l'avènement des besoins dans le cadre de l'union européenne ainsi que la convergence de quelques courants de recherches (Tagliante, 2006, p 54) C'est une approche qui s'inspire du constructivisme ainsi que du socio-cognitivisme comme théorie d'apprentissage et de la théorie de la communication de Jakobson et de Hymes. Elle vise à créer chez l'apprenant une compétence de communication par la maitrise d'un certain nombre d'actes de parole. Cette compétence comporte quatre composantes essentielles qui mettent en valeur les conditions pragmatiques de l'usage de la langue : une composante linguistique, une composante sociolinguistique, une composante discursive et une composante stratégique (Cuq &Gruca, 2005, p 264) La grammaire, suivant cette approche, est notionnelle-fonctionnelle. Tandis que le lexique est fonctionnel, car il est lié aux besoins de communication à travers des situations regroupées autour de notions,elle propose des activités communicatives de compréhension et de production orale et écrite, ainsi que l'exploitation de documents authentiques. (Bertocchini&Costanzo, 2008, p 78). Suite aux résultats des travaux de recherche en psychologie cognitive, elle a le mérite de reconnaîtreque l'apprenant est l'acteur principal de son apprentissage,donc la nécessité de prendre ses besoins en compte pour pouvoir lui donner les moyens nécessaires à son apprentissage : le résultat de l'apprentissage est le produit du traitement intérieur que fait l'apprenant des informations présentées. Ainsi l'enseignant doit tenir compte des connaissances et représentation antérieures de l'apprenant, car l'apprentissage ne s'effectue pas seulementdans la classe de langue.L'enseignant doit être un facilitateur, un animateur et un guide vers la découverte. Il peut se servir de la langue première qui estdésormais tolérée au sein de la classepour expliquer et créer un environnement sécurisant pour l'apprenant. L'erreur a désormais un statut positif. Elle est considérée comme tremplin vers l'expression juste. C'est une dimension naturelle dans le processus d'apprentissage d'une langue étrangère (Saydi, 2015, p 25).Elle est perçue comme la trace d'un dysfonctionnement dans la représentation de la langue ou comme la trace d'un apprentissage en cours.48(*) L'erreur témoigne de l'état ponctuel de l'interlangue49(*) de l'apprenant, et par conséquent, il vaut mieux prévoir des « pauses- grammaires » des conceptualisations, des activités de réflexion sur la langue ou des activités de systématisation et de réemploi que d'interrompre l'apprenant qui fait des erreurs lors d'une activité de communication. L'erreur est donc valorisée et peut être utilisée dans l'apprentissage : « c'est en se trompant qu'on apprend », expérimenter et se « colleter avec l'erreur ».50(*) * 47 La Gestalt-théorie ou théorie de la forme est à la fois une philosophie et une psychologie. Elle est apparue au début du 20ème siècle en Allemagne comme réaction contre les concepts traditionnels de la psychologie classique, issue de l'empirisme philosophique. * 48 Tardieu Claire, 2008, p 192 * 49 Le terme « interlangue » sera développé plus loin. Disons pour l'instant que dans les situations d'apprentissage d'une langue étrangère, l'interlangue est un système intermédiaire plus ou moins stabilisé fondé sur la présence simultanée d'éléments appartenant à chacune des langues en présence (Les grands dictionnaires Larousse, 1994). * 50A. Gauthier, cité par Tardieu Claire, 2008, p 192 |
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