2.3. la méthodologie audio-orale (MAO)
La méthode audio-orale a
bénéficié des expériences des apports de
l'expérience de l'ASTP (The ArmySpecialized Training Program). Elle a
été développée par les linguistes au cours de la
seconde guerre mondiale pour les besoins de l'armée américaine.
Elle se veut « structuraliste » au niveau linguistique et
« béhavioriste » sur le plan psychologique (Cuq
& Gruca, 2005, p 258). Elle considère la langue comme un
réseau de structures à acquérir sous forme d'automatismes.
Cette méthode a intégré de nouvelles techniques telles que
le magnétophone et le laboratoire des langues.
Elle a aussi coïncidé avec l'époque de la
naissance d'organismes officiels de recherches en didactique du
français langue étrangère : le CREDIF et le
BELC, ainsi que l'élaboration du français fondamental. Elle donne
la priorité à l'apprentissage de l'oral et la prononciation
devient un objectif majeur. Elle se caractérise par la
répétition, la mémorisation et l'application des
structures grammaticales à travers des exercices structuraux permettant
de pratiquer trois types d'opération : des substitutions sur l'axe
paradigmatique, des additions sur l'axe syntagmatique et des transformations ou
des intégrations ou même des transpositions (Cuq&Cruca, 2005,
p 258)
Pour la psychologie behavioriste, le langage n'est qu'un type
de comportement humain et l'apprentissage d'une langue, qui est
considérée comme une « somme » de structures,
consiste à acquérir des habitudes conditionnées selon le
schéma :
« stimulus-réaction-renforcement ». Cette
méthode a été contestée par Noam Chomsky. Ce
linguiste américain a adressé de violentes critiques à
cette méthode, tant sur le plan linguistique que sur le plan
psychologique, car selon lui, l'acquisition du langage relève de
processus innés (Cuq &Gruca, 2005, p258). En outre, on ne
s'intéressait qu'à la forme du langage (structure de surface) et
on négligeait le contenu (structure profonde). Ainsi le
précurseur du générativisme annonce la fin de cette
méthode (Tagliante, 2006, p 50). Néanmoins, cette méthode
a ouvert les portes à l'interdisciplinarité dans l'approche de
l'acquisition et a permis l'intégration des moyens audiovisuels.
L'enseignement audio-orale est réalisé selon une progression
« pas à pas » établie à partir d'une
analyse contrastive afin d'éviter les erreurs dues aux
interférences entre la langue source et la langue cible.
Donc, le statut de l'erreur est toujours négatif
puisque tout le dispositif vise à l'éradiquer (correction par le
magnétophone, ...).
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