Incidence des accords politiques dans la gestion de léétat cas du FCC-CACH.par Papy WETSHONGA LOKOMO Université - Licence en sciences politiques 2020 |
4.1.2. ATTENTES DU PARTI PRESIDENTIELAu sein du parti du Président, la compétition pour les postes est intense. Apres plus de 30 ans de combat politique, l'UDPS accède enfin à la magistrature suprême, ce qui suscite des attentes de promotion considérables. Le cabinet du Président serait assiégé par les membres de l'UDPS qui demandent des faveurs présidentielles. La course aux postes est d'autant plus intense que la diaspora de l'UDPS a cotisé pour cette campagne électorale et est revenue à Kinshasa depuis l'élection. Beaucoup de cadres et leurs familles avaient pris le chemin de l'exil à l'époque de MOBUTU puis à l'époque de Joseph KABILA. De retour ils comptent bien faire fructifier leur exil. 4.1.3. ATTENTES DES GROUPES ARMESAlors que le régime Kabila avait fermé la porte de l'intégration après la crise du M23, beaucoup de groupes armés espèrent une nouvelle vague d'intégration dans l'armée. Prenant acte de l'alternance présidentielle, plusieurs d'entre eux (en particulier les Mai-Mai) ont annoncé renoncer aux armes pendant le premier trimestre du nouveau régime.83(*) Le dernier chef milice à exprimer sa disponibilité pour être intégré est Guidon SHIMIRAY du NDC-Rénové. Une partie de la rhétorique politique des Mai-Mai faisait de Joseph KABILA un étranger complice du Rwanda, ce qui justifiait leur mobilisation auprès de la population des zones rurales des Kivu. De plus, en raison du glissement électoral de 2016 à 2018, il y avait eu au Sud-Kivu la volonté de former une coalition Mai-Mai anti-Kabila.84(*) Les Mai-Mai ne peuvent remettre en cause l'origine congolaise de Félix TSHISEKEDI tandis que les miliciens de KamwinaNsapu accueillent favorablement l'élection d'un enfant du pays, c'est-à-dire un Kasaien. Il bénéficie donc d'un apriori positif auprès de ces deux catégories de groupes armés. Il reste à savoir s'il est prêt à ouvrir les portes de l'armée à ces derniers, notamment les Mai-Mai qui sont habitués à marchander leur bonne volonté, exigent des grades élevés et n'en sont de toute manière pas à leur première intégration dans les FARDC. 4.1.4. ATTENTES DES ENTREPRISES OCCIDENTALESLe secteur privé anglo-saxon et européen souhaite la fin du diktat du duo KABILA-GERTLER sur les affaires.85(*) La fin du partenariat obligatoire avec la famille Kabila pour les entreprises qui s'implantent et la fin du harcèlement fiscal et administratif sont leurs principales demandes. A l'inverse des sociétés asiatiques, les entreprises européennes ne peuvent pas travailler selon les standards locaux. De ce fait, elles ne sont pas compétitives sur le marché congolais où la concurrence avec la chine et d'autres paysémergents (Inde, Turquie, Corée du sud, etc.) est intense.86(*) Par ailleurs, avec la fin de la gouvernance prédatrice du clan Kabila, elles espèrent un regain de confiance des bailleurs internationaux et le lancement de grands travaux d'infrastructures sur financement international. Les entreprises du secteur minier, secteur qui reste le pilier de l'économie congolaise ont une revendication très spécifique : la remise en cause du nouveau code minier. Joseph KABILA a promulgué au début de 2018 un nouveau code qui a fortement augmenté le niveau de taxation des entreprises minières et a conduit à une hausse de 97% des recettes budgétaires liées au secteur minier de 2017 à 2018.87(*) Ce dernier coup du régime Kabila lui a valu l'animosité de grands groupes miniers qui ont gelé certains investissements et souhaitent voir ces dispositions abrogées.88(*) Toutefois la taxation des entreprises minières est une mesure populaire dans l'opinion publique congolaise ; d'autre part le Président serait contraint d'obtenir le soutien d'un parlement dominé par le FCC. En voulant la remettre en cause, le gouvernement se mettrait en porte-à-faux par rapport à l'opinion publique et offrirait au FCC une opportunité de l'attaquer publiquement sur un sujet sensible. La demande de révision du code par le secteur minier ne saurait aboutir en tant que telle mais, par contre, des concessions de nature réglementaire sont possibles dans le cadre d'arrangement à l'amiable. Les assauts d'amabilité entre Félix TSHISEKEDI et des responsables de compagnies minières lors de son voyage aux Etats-Unis semblent indiquer une telle éventualité.89(*) Par ailleurs, d'autres entreprises qui ont des contentieux avec le régime précédent espèrent pouvoir récupérer leurs fonds et reprendre leurs activités en RDC.90(*) * 83Vircoulon, T. Op. Cit. P. 13 * 84Battory, J. et Vircoulon, T. 2017, année non électorale, cartographie analytique des points chauds de la RDC, Notes de l'IFRI, IFRI, Mars 2018 P.22 * 85Vircoulon, T. Op. cit. p. 17 * 86Maiza, A. et Claudio, G. « How to avoidflawedminerals-for-infrastructures deals like DR congo and china'ssicominespact », quartz Africa, www.9z.com/Africavisité le 16 mars 2020 à 08h * 87 www.mining.com visité le 15 mars 2020 à 12h * 88 Idem * 89 Idem * 90Misser, F. « RDC : l'héritage empoisonné de KABILA » www.lalibreafrique.com visité le 16 avril 2020 à 14h |
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