3.3.2. DEMONSTRATION DES FORCES AU SEIN DE LA COALITION
FCC-CACH
Les évènements à Kinshasa et Lubumbashi
ont donné des chaudes sueurs aux cadres de la coalition FCC-CACH qui,
apparemment, se sont montrés impuissant.
Militants et combattants répondant aux ordres des
tireurs des ficelles, tapis dans l'ombre, ont lâché leur
colère pour se déverser massivement dans la rue. Et au solde de
tout compte, l'on note qu'à leur passage, des sièges des partis
politiques, à l'instar du PPRD, de l'ARC originale de Charles NAWEJ ont
été totalement détruits. Dans les deux familles politiques
(FCC et CACH) l'on se rejette mutuellement la responsabilité de ces
actes aussi bien ignominieux qu'infâmes. Juste en face, du
côté de LAMUKA, FAYULU, jouant à la
récupération, a trouvé de l'eau à porter à
son moulin pour se relancer sur le combat pour la vérité des
urnes.
Lors des meetings populaires, le premier
vice-président de l'Assemblée nationale et président en
intérim du parti présidentiel, Jean-Marc KABUND, affirme devant
les militants de l'UDPS que les cadres du FCC monteraient des stratégies
pour empêcher Félix TSHISEKEDI de réussir son quinquennat.
Le Président de l'UDPS ajoute qu'il existe une réelle crise de
confiance au sein de ladite coalition. KABUND avait non seulement accusé
le FCC de ne pas être sincère envers eux, mais avait aussi promis
aux militants de lancer un mot d'ordre dans les prochains jours si ces
manoeuvres continuent car il ne voulait pas voir les caciques du FCC traverser
le fleuve Congo par la nage menaçait le maitre-nageur. Les partisans de
joseph KABILA condamnent cette provocation d'un proche de Félix
TSHISEKEDI ; ils accusent Jean-Marc KABUND d'une arrogance
injustifiée et de non-respect d'un accord de paix, tout en promettant
à leur tour des actions s'il n'était pas sanctionné par
CACH.
Voilà le décor planté pour un
véritable duel institutionnel et une preuve de la fragilité de
cette alliance politique, que certains avaient qualifiée de contre
nature.
Fallait-il éviter le piège de la coalition et
accepter une cohabitation pour être indépendant, voire même
un arbitre impartial qui incarne le destin de la nation ? Sans
majorité propre au parlement, le nouveau Président n'était
pas dans une situation favorable. Deux choix s'offraient à lui.
Soit une cohabitation : de captation (tenu par ses engagements secrets
avec Joseph KABILA, le Président TSHISEKEDI est progressivement
étouffé par le clan Kabila, n'a aucune marge de manoeuvre et est
réduit à un roi sans royaume. Il mène une politique qui ne
heurte pas les fondamentaux du pouvoir du clan Kabila et est
discrédité dans l'opinion publique congolaise) ou une
cohabitation pacifique (chacun se contente de son espace de pouvoir et respecte
les engagements pris envers l'autre camp. Les deux camps trouvent un
équilibre politique et la cohabitation se déroule sans accroc
majeur jusqu'à la prochaine élection.) Ou une cohabitation
guerre-de-tranchée (chacun essaie de rogner progressivement l'espace de
pouvoir de l'autre camp et tente de bloquer ses initiatives. La cohabitation
devient une négociation pérennante et une longue série de
batailles juridico-constitutionnelles sur les limites du pouvoir
exécutif et législatif. Ces luttes interinstitutionnelles
bloquent les réformes nécessaires pour faire avancer le pays et
améliorer les conditions de vie de la population. La cohabitation se
traduit par l'inertie gouvernementale mais va jusqu'à son terme
électoral.) Ou une cohabitation belliqueuse (chacun essaie de
déstabiliser l'autre grâce à des manoeuvres politiciennes
et des coups tordus : motions de défiances, dissolution de
l'Assemblée nationale, etc. la cohabitation se transforme en une
série de crises politiques qui accroissent le risque politique, bloquent
les réformes nécessaires et peuvent aboutir à
l'interruption du mandat présidentiel et/ou à des nouvelles
élections législatives en cas de dissolution de
l'Assemblée nationale.), soit une coalition avec le Président
sortant. Aujourd'hui, on constate que Félix TSHISEKEDI se retrouve
devant un fait accompli. Il lui faut un courage exceptionnel et une main qui ne
tremble pas pour surmonter ce qui apparait comme un obstacle sur son chemin de
la construction de l'Etat de droit. Peut-il avoir ce courage et le
déclic qui lui permettront de faire de l'année 2023
réellement celle de l'action et sortir de toutes les promesses qui
risquent de faire de lui un père Noël à la recherche d'un
traineau ? D'autant plus que l'année 2020 dite de l'action
s'avère être une année des illusions suite à la
crise sanitaire humanitaire due à l'intrusion de la pandémie de
Coronavirus, la saga judicaire due au détournement de deniers publics
lié au programme d'urgence de ses 100 premiers jours initié par
lui et qui a occasionné l'arrestation de son allié et bras droit
Vital KAMERHE et les crise institutionnelles entre le pouvoir judiciaire et
législatif.
Avec une majorité parlementaire qui joue pas
clairement le jeu, il sera difficile mais pas impossible au Président de
construire l'Etat de droit qu'il ne cesse de promettre, car bien que
déterminé, on ne voit pas comment le chef de l'Etat congolais va
faire accepter certaines choses à ceux qui s'organisent
déjà pour reconquérir le pouvoir et qui ne souhaitent pas
voir leur conquérant muni d'un bilan défendable.
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