Incidence des accords politiques dans la gestion de léétat cas du FCC-CACH.par Papy WETSHONGA LOKOMO Université - Licence en sciences politiques 2020 |
3.3. LES SCENARIOS DE LA COALITION FCC-CACHDans la déclaration finale lu par Jean-Marc KABUND, chef de la délégation de CACH, les deux parties ont reconnu que « le peule a accordé une large majorité au FCC à l'Assemblée nationale, au Senat et aux Assemblées provinciales ». Elles justifient cet accord par disent-elles, leur patriotisme et cela « tenant à prévenir des crises politiques qui en cas de cohabitation pourrait dans notre jeune démocratie bloquer dangereusement le fonctionnement des institutions nationales et provinciales, réduisant à néant les chances de rencontrer les aspirations légitimes de notre peuple (...) »72(*) Les quatre points principaux de la conclusion de ces longues négociations sont : l'effectivité de la coalition FCC-CACH pour gouverner ensemble, l'adoption d'un programme commun de gouvernement, la mise en place d'un gouvernement de coalition et en fin la mise sur pied d'un comité de suivi de la mise en oeuvre d'un accord de suivi de la dite coalition. Hormis le Premier ministre, le gouvernement comprendra 65 membres dont 48 Ministres et 17 vice-ministres. La famille politique de Félix TSHISEKEDI a droit à 23 postes et le FCC va s'adjuger 42 autres restants. Dans cette section, nous allons analyser les rapports qui caractérisent cette coalition inédite et démontrer les causes et effets de cette dernière dans la gestion de l'Etat. 3.3.1. LA COALITION FCC-CACH DUO OU DUELLa majorité des congolais ne croit pas à une coalition fonctionnelle et encore plus rares sont ceux qui croient à une coalition fonctionnelle et durable. D'une part, les conditions d'une coalition fonctionnelle ne sont pas réunies (respect des prérogatives constitutionnelles de chacun et entente sur un socle minimal d'objectifs communs) ; d'autre part, l'asymétrie du rapport de force pourrait jouer en défaveur du Président TSHISEKEDI et risque de l'empêcher d'incarner la volonté de rupture de la population avec le régime précèdent. D'autant plus qu'il n'avait toujours pas encore résolu la problématique de la formation d'un nouveau gouvernement après plus de quatre mois de coalition, le couple FCC-CACH subissait ses premiers couacs : mauvaise odeur, spectacle désolant, violences, casses et autres actes de vandalisme, discours acérés, quolibets et autres injures à la limite de la déraison, réactions musclées et disproportionnées. Même s'il n'est pas encore au point de bénéficier d'un certificat de divorce en dépit de demandes et menaces sans succès de la base de l'UDPS, la tension observée depuis le début de cette coalition, fait, néanmoins, dire aux analystes indépendants que cette coalition est sérieusement bousculée. Et qu'à la prochaine, si des dispositions appropriées ne sont pas prises, le pire est à craindre. D'où des appels se multiplient pour appeler KABILA et TSHISEKEDI à inviter à leurs partisans au calme. Car, en effet, la gestion consensuelle du pays vers son redécollage tant souhaité par tous les congolais est de loin plus importante pour le salut public que la propension à se laisser entrainer sur le chemin ténébreux des conflits postélectoraux aux effets déchirant. Selon Martin MULUMBA, « la coalition entre FCC et CACH au pouvoir semblait être un moindre mal pour sortir le pays de l'agitation politique au lendemain d'un processus électoral controversé. Mais quelques mois ont suffi pour constater que ce qui est souvent présenté comme un duo, résultat de la volonté du peuple congolais, s'avère être un véritable duel entre les deux alliés73(*) ». Non seulement cette alliance est fondée sur une méfiance réciproque de ses acteurs, mais elle révèle aussi, par leur comportement, qu'elle est totalement dépourvue d'un objectif commun, ce qui constitue un caillou dans les chaussures présidentielles. Car, s'il est vrai que les partisans de Félix TSHISEKEDI se battent pour la réussite du quinquennat, on constate que les membres du FCC de Joseph KABILA s'organisent sérieusement pour reconquérir le pouvoir en 2023, un combat logique en démocratie, mais qui ne rend pas la tâche facile à Félix TSHISEKEDI, minoritaire dans les deux chambres du parlement. Celui-ci s'est-il tiré une balle dans le pied en faisant le choix d'une coalition au lieu d'une cohabitation ? Cette situation d'un président venant de l'opposition et d'une majorité parlementaire acquise au Président sortant alors que les deux élections avaient eu lieu le même jour reflète-t-elle réellement la volonté du peuple congolais ou s'agit-il seulement des conséquences d'une commission électorale dépourvue de toute indépendance ? * 72 Accord de coalition FCC-CACH, www.24hcongo.net visité le 16 avril 2020 à 21h * 73Mulumba, M. « la coalition TSHISEKEDI-KABILA : duo ou duel au sommet de l'Etat en RDC ? » www.afrique.lalibre.bevisité le 25 avril 2020 à 10h |
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