2.3. L'EXPERIENCE DU JEU DES ALLIANCES ET COALITIONS
POLITIQUES EN RDC
Il est important de préciser d'entrée de jeu que
l'expérience du système des coalitions et des alliances dans la
période susmentionnée ne porte que sur les institutions
nationales et provinciales, étant donné que les restes des
scrutins n'ont jamais été organisés. Les Assemblées
locales n'ont jamais existé et les responsables des entités
territoriales ont été nommés par ordonnance
présidentielle pour assurer la continuité de l'Etat.
En effet, le premier constat qu'on peut établir
lorsqu'on analyse l'espace politique congolais, c'est celui du
dédoublement entre les alliances et coalitions politiques. Le
législateur du 18 Février 2006 a perçu en avance la
disparité entre ces deux types d'alliances ou coalitions
(électorale et gouvernementale)
L'article 78 de la constitution dispose que :
« Le Président de la République nomme le Premier
Ministre au sein de la majorité parlementaire après consultation
de celle-ci. Il met fin à ses fonctions sur présentation par
celui-ci de la démission du gouvernement. Si une telle majorité
n'existe pas, le Président de la République confie une mission
d'information à une personnalité en vue d'identifier une
coalition. La mission d'information est de trente jours renouvelables une seule
fois »
A la vérité, en 2006 comme 2011, l'observance de
cette disposition n'aura pas été de stricte application, la
frontière entre la majorité parlementaire et celle
présidentielle n'étaient que fictive. En conséquence, les
chefs de différents gouvernements qui se sont succédés
n'auront été ni députés ni responsables de la
majorité présidentielle en tant que plateforme. Antoine GIZENGA,
le premier chef du gouvernement de la troisième République, par
exemple, a dû sa désignation à la tête du
gouvernement a sa position au premier tour des élections de 2006 ;
son parti, PALU, disposait d'un sénateur et de 27 députés
ou représentants dans la chambre basse. Le Premier Ministre MATATA
PONYO, cadre du PPRD était ministre des finances ; c'est dire que
le principe de la coalition gouvernementale n'a pas été
respecté, et aussi les programmes de ce deux gouvernement n'ont pas
été ceux des coalitions parlementaires identifiés.
Dans ce cas, la stabilité institutionnelle du
gouvernement dépend de la loyauté de tous au Président de
la République, mieux de la subordination de la majorité
parlementaire à la majorité présidentielle. La
majorité parlementaire a, à plusieurs reprises, cherché
à déstabiliser le gouvernement responsable devant le parlement.
D'où plusieurs motions de censure contre le gouvernement,
initiées des fois par la majorité, mais dont aucune n'aabouti
à déchoir un ministre ou renverser le gouvernement à
l'issue du contrôle parlementaire.
Les alliances politiques de 2006 n'ont tenu longtemps. L'UN
était entrée dans la phase d'hibernation depuis
l'incarcération de Jean-Pierre BEMBA à la Haye. Le SET (soutien
à Etienne TSHISEKEDI) et DTP (dynamique TSHISEKEDI Président) qui
se sont constitués autour d'Etienne TSHISEKEDI ont implosé du
fait d'une absence de vision commune. L'AMP a disparu au profit de la MP
coordonnée par un secrétariatgénéral. Une partie de
l'opposition regroupée au sein d'une coalition dénommée
forces acquises au changement (FAC)
En 2018, étant donné que les
nécessités politiques étaienténormes pour pouvoir
renverser le régime Kabila, l'opposition congolaise s'est
constituée en coalition dénommée LAMUKA puis
s'était vu obligée d'accepter l'idée d'un candidat unique
de l'opposition dont Martin FAYULU ayant été rendu officiel
à Genève par les leaders de l'opposition. Cet accord aurait
malheureusement lésé la base de Felix TSHISEKEDI et Vital
KAMERHE, les partisans dudit accord. Ces derniers avaient tout simplement
décliné c'est ainsi que va naitre la coalition Cap pour le
Changement (CACH) à Nairobi.Empêché par la constitution,
KABILA choisit Emmanuel RAMAZANI SHADARY comme dauphin afin de compétir
aux élections du 30 Décembre 2018 pour le compte de la
majorité présidentielle transformée en Front commun pour
le Congo (FCC).
Cette petite sociologie du jeu des alliances de la
majorité et de l'opposition politique en RDC soulève logiquement
la question des raisons véritables de la formation de ces regroupements
ainsi que des conséquences possibles quirésultent dans la vie de
la nation.
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