II.1.2. Pendant la
période coloniale
Jusqu'en 1908, rien que quelques écoles avaient vu le
jour. Et ce dans quelques villes seulement. En date du 12/12/1908, l'ordonnance
du Gouverneur Général instaure officiellement l'enseignement
primaire de l'Etat. C'était les écoles dites
« officielles congregationistes » qui s'installent un peu
partout à Boma, Kisangani, Kinshasa et Buta. C'est en effet le
régime congregationiste qui prévaut à partir de 1910. Bien
que toutes les charges incombent à l'Etat, la direction des
écoles se voit confiée à des congrégations
religieuses :
Ø Aux Frères des écoles
chrétiennes :( écoles de Boma et de Kinshasa en 1910)
Ø Aux Frères de la charité de Gand
(école de Lusambo en 1910)
Ø Aux Frères Mariste de Kisangani en 1911 et de
Buta en 1913
Ø Aux Frères Salésiens (écoles de
Lubumbashi en 1911).
Ces écoles fondées par l'Etat colonial belge ont
un caractère essentiellement professionnel et visent la formation des
agents auxiliaires, c'est-à-dire des commis don le pays a besoin.
Après la première guerre mondiale de 1914-1918,
la Belgique s'est trouvée devant un impératif : le
développement de l'administration et celui de l'exploitation de la
colonie ont entrainé un besoin plus comportant en matière de la
formation des noirs. L'enseignement devient ainsi un sujet de
préoccupations majeures. Parmi les rapports réalisés et
susceptibles des solutions adéquates à ces problèmes de
l'élaboration d'une variation enseignement, on peut en citer
trois :
Ø Rapport Phels Stokes Funds en 1921.
Ø Rapport du bureau permanent du congrès
colonial sur l'enseignement au Congo en 1922.
Ø Rapport Frank en 1922.
Tous ces rapports formulent en résumé les
recommandations suivantes :
L'adaptation de l'enseignement au milieu, a la
capacité et à la mentalité des noirs ; l'utilisation
de la langue indigène (swahili, lingala, tshiluba et kikongo) comme
premières langues d'enseignement : un accent particulier et mis sur
l'éducation manuelle, morale te des messes. Le renforcement des
conditions pour subsidier les écoles, la collaboration entre mission et
l'Etat ; la formation des instituteurs. Lubamba KIBAMBE
(2004 :p20-21).
L'idée maitresse de la première
règlementation est le souci d'adapter l'enseignement au milieu
congolais. En 1926 l'organisation de l'enseignement ainsi arrêté
prévoit les types d'écoles et le programme suivants :
Ø Enseignement primaire 5 ans. Premier
degré : deux ans (1er et 2ème
année) l'activité scolaire a pour pivot « travail
manuel » spécialement agricole en milieu rural.
Ø Deuxième degré :
trois (3ème, 4ème, 5ème
année) est organisé à ce niveau, l'enseignement manuel
pratique (travaux de maçonnerie, charpenterie, plomberie etc.).
En 1938, il eut une seconde réglementation.
C'était une révision de celle de 1926 pour examiner le type
d'écoles, la durée et l'orientation des études. Elle
prévoit pour les garçons une 6ème année
primaire mais attachée comme une classe préparatoire aux
différentes études spéciales. Du moins pour les
élèves doués, alors que les moins doués devront se
servir de la formation reçue.
a. L'implantation de l'école laïque
(1920-1954)
Quand on parle de « l'école
laïque », de « l'école officielle »
en RD Congo, on ne peut s'empêcher d'évoquer le souvenir d'Auguste
Buisseret, le ministre des colonies qui en est le promoteur. Il faut dire
toutefois avec force que la question de l'école officielle n'est pas
née ne 1954 avec l'avènement du libéral August Buisseret.
Déjà en 1920, Paul Panda Farnana, le premier universitaire
congolais, et sans doute aussi le premier nationaliste, posa au nom de l'union
congolaise, son O.N.G, les instances métropolitaines, le problème
de la création d'écoles officielles pour noirs (enseignement
professionnel et général).
Les écoles étaient classées en trois
catégories, à savoir : les écoles officielles
congréganistes, les écoles libres subsidiées, et les
écoles non subsidiées.
Les premières tiraient leur nom du fait que les
dépenses afférentes incombaient aux pouvoirs publics.
C'était l'Etat qui avait fondé ces écoles mais leur
administration était assurée par des congrégations
religieuses. Les écoles libres subsidiées étaient tenues
par les Missions. Elles bénéficiaient de subventions, mais
étaient soumises au contrôle gouvernemental. Les écoles non
subsidiées (séminaires et établissements
créés par des sociétés privées)
n'étaient pas l'objet de la sollicitude des pouvoirs publics.
L'implantation de l'école officielle laïque pour
Blancs en 1946 a ravivé la frustration des Noirs. Il faut signaler que
la politique scolaire impliquait une collaboration très étroite
avec les Missions chrétiennes. Le gouvernement soutenait les
écoles subsidiées confiées aux Missions. Il pourrait
également créer encore d'autres écoles de régime
officiel congregatioiste. L'enseignement laïc allait faire de
l'indigène un déraciné à tendance anarchique.
De plus, la formule de l'enseignement subsidié
était plus économique que celle d'un enseignement officiel
laïc dont le coût crèverait le trésor public. Ce
n'était pas le point de vue Buisseret.
L'enseignement était ségrégationniste,
distinguant l'enseignement pour Blancs et Noirs, et Asiatiques. Les
réalisations n'étaient pas à la mesure des besoins sans
cesse croissants du pays ; les enseignements post-primaires et
post-secondaires ne touchaient qu'une minorité de la population,
l'instruction des filles était négligée, l'enseignement
était trop appuyé sur la mémoire et pas assez sur le
jugement et l'esprit critique, le côté pratique était
privilégié par rapport à la théorie, il n'y avait
pas d'enseignement officiel de caractère laïc pour les africains.
L'école laïque est devenue en 1954 l'enjeu du combat de Buisseret
dans la colonie. Deux camps se sont formés. En l'absence des partis
politiques qui apparaitront timidement en 1957 à la faveur des
élections communales, les évolués furent sollicités
pour former sollicités pour former des groupes de pression afin de
soutenir, selon le cas, l'enseignement laïc ou l'enseignement libre. La
guerre scolaire au Congo se termina par des négociations avec le
Comité Permanent des évêques.
A l'issue d'un séjour du ministre à
Léopoldville (Kinshasa) en janvier 1955, Buisseret retira les
ordonnances de décembre 1954 qui séduisaient les crédits
accordés aux écoles professionnelles, mais il affirma son
intention de voir régner une véritable égalité de
fait naitre l'enseignement officiel et l'enseignement libre. Il fallait veiller
à établir « une concurrence égale et loyale de
manière à éviter toute discrimination entre les enfants
congolais ou européens qui les fréquentent ». En mars
1956, un compromis conclu entre le ministre et le bureau central de
l'enseignement catholique régla définitivement le problème
en admettant la concurrence des enseignements laïcs et libres, et en
maintenant les subsides des écoles confessionnelles.
En somme, les congolais, malgré leur minorité,
avaient fait preuve d'un sentiment de patriotisme en luttant acharnement afin
d'obtenir la liberté de l'instruction. La résistance de colons
était la preuve combien éloquente qu'ils usaient de la religion
pour amadouer les congolais, afin de rester toujours maîtres
incontestés. Comme le disaient certains
philosophes : « la religion est l'opium du
peuple » malgré la précarité de la formation au
niveau d'instruction, ces pionniers usaient des moyens démocratiques
pour se faire entendre. Ils avaient à exploiter la présence de
Buisseret et à atteindre leur objectif. L'esprit d'équipe
régnait entre eux, ils s'étaient réunis pour mener un
combat pacifique avec détermination sans exclusion des uns ni des
autres. Ils parviennent aux résultats escomptés plusieurs
années plus tard sans se lasser.
b. Enseignement à la veille de
l'indépendance (1950-1960)
A cette période, le Congo belge avait
déjà déterminé les structures, les programmes, les
méthodes et les objectifs du système éducatif dans la
colonie. Il existait deux catégories distinctes ou système
d'enseignement à cette époque : l'enseignement à
régime métropolitain, pour les élèves belges
(desservant en fait les enfants européens, asiatiques, etc.
résidant au Congo -Belge), et l'enseignement à régime
Congolais, conçu en fonction des élèves congolais.
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