1.5. Diversité linguistique en Europe : obstacle
ou atout ?
1.5.1. Langues minoritaires / langues majoritaires
Malgré la volonté farouche de l'union
européenne de protéger et sauvegarder sa diversité
linguistique, il serait naïf de croire que toutes les langues
européennes bénéficient de la même reconnaissance et
sont utilisées sans distinction aucune :
Les langues les plus utilisées en Europe sont
l'anglais, l'allemand, l'espagnol, le français et l'italien même
si l'utilisation de langues régionales persiste dans des pays comme le
royaume uni avec le welsh et le gaélique ou encore
l'irlandais.28
On parle alors de langues majoritaires et minoritaires.
Les langues majoritaires ou langues d'état sont les
langues officielles (et littéraires) d'un état dont la forme et
unitaire et centralisée.29 Elles sont associées
à la modernité, la rationalité, la productivité et
la rentabilité. Elles sont également synonymes de pouvoir et de
prestige.30
Les langues minoritaires quant à elles sont des langues
non étatiques, un fait confus qui découlerait de
représentations sociales, de sensibilités. Elles sont le signe
d'une appartenance identitaire et sont ancrées dans la culture
populaire. Elles deviennent des « sujets fantômes », de telle
sorte qu'il est impossible de les dénombrer en Europe. Leur utilisation
est aujourd'hui
28 Poche, Bernard, (2000), Les langues
minoritaires en Europe, Grenoble : PUG (Presses universitaires de
Grenoble), p. 231
29 Poche, Bernard, (2000), Les langues
minoritaires en Europe, Grenoble : PUG (Presses universitaires de
Grenoble), p. 182
30 Poche, Bernard, (2000), Les langues
minoritaires en Europe, Grenoble : PUG (Presses universitaires de
Grenoble), p. 62
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« militante »31 et protégée
par la « Charte Européenne des langues régionales ou
minoritaires », une initiative du Conseil de l'Europe en 1992.
Les langues ne sont donc pas égales entre elles, les
plus pratiquées sont estimées en « position favorable »
ou à défaut celles qui bénéficient d'un soutien
politique, institutionnel, culturel ou encore médiatique important comme
c'est le cas du catalan en catalogne ou encore du
luxembourgeois32.
1.5.2. Volonté d'unification : une utopie ?
La question est de savoir s'il est possible de mettre fin
à ces inégalités linguistique et avec quels moyens. La
création d'une langue véhiculaire unique serait une solution mais
pourra elle concilier les revendications ethniques, géographiques,
politiques, intellectuelles qui s'identifient à une langue
?33 Les langues contiennent en effet l'histoire des
sociétés et de des hommes et les perpétuent. Cependant
dans une politique d'harmonisation de l'Europe, après la création
d'un marché et d'une monnaie commune, la création d'une langue
véhiculaire commune a souvent était considérée et
ce malgré la garantie de l'usage de toutes les langues officielles entre
les états membres.34 Or aujourd'hui toutes ces tentatives se
sont soldées par un échec.
31 Poche, Bernard, (2000), Les langues
minoritaires en Europe, Grenoble : PUG (Presses universitaires de
Grenoble), p. 49
32 Poche, Bernard, (2000), Les langues
minoritaires en Europe, Grenoble : PUG (Presses universitaires de
Grenoble), p. 150
33 Deproost, Paul-Augustin, (2004), Langues
imaginaires européens, Paris, L'Harmattan, p. 7
34 Deproost, Paul-Augustin, (2004), Langues
imaginaires européens, Paris, L'Harmattan, p. 29
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