3.4.3 L'intermédiaire : l'employé
bilingue
Le bilinguisme est défini comme « savoir parler
couramment deux langues »105 , il faut cependant se pencher sur
la définition que l'on donne à la notion de couramment.
En France, on évalue le niveau linguistique d'une personne en
rapport avec sa compréhension et expression écrite et orale, son
aisance à passer d'une langue à l`autre ainsi que sa
maîtrise du vocabulaire et des subtilités grammaticales d'une
langue. Être bilingue c'est avoir la capacité à passer d'un
système de langue à un autre sans aucune difficulté
(code switching) de plus lors de situations d'asymétries de
pouvoir, l'employé bilingue est là pour
rééquilibrer la balance et garantir une continuité entre
les deux groupes linguistiques 106
Si le principal avantage du bilinguisme est d'avoir la
possibilité de s'exprimer dans la langue de son choix avec la même
aisance cet avantage indéniable arrive aussi avec son lot de
conséquences.
Le passage d'un code à l'autre n'est pas toujours
tâche aisée et parfois il peut y avoir des «
interférences » entre les langues, des problèmes de «
bruit » dans le continuum du transfert
104 Sabath, Ann Marie, (2000), International business
etiquette what you need to know to conduct business abroad with charm and
savvy. Franklin Lakes, NJ: Career Press
105 Dictionnaire le petit robert
106 Rakesh Mohan, Bhatt, (2013), « Optimization in bilingual
language use », in Bilingualism: Language and Cognition, p. 740
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de l'information ce qui est préjudiciable puisque
l'employé bilingue est l'intermédiaire entre A et B, il est celui
qui fait en sort qu'il n'y a pas de « communication breakdowns »
entre les différents groupes sociolinguistiques. Ceux-ci se
caractérisent par des malentendus et des incompréhensions
linguistiques, des mésinterprétations culturelles dues à
l'importance des clichés et des stéréotypes et un manque
d'ouverture à la diversité. Ces « communication breakdowns
» entravent non seulement le leadership mais aussi la relation de
confiance qui doit exister entre les deux groupes.107Comme je
l'évoquais dans la partie 3.3.1 les membres du groupe qui ne parlent pas
la langue B vont avoir tendance à s'effacer lors d'interactions entres
les entités A et B. Pour l'employé bilingue c'est la situation
inverse , celui-ci va pouvoir se mettre en avant en intégrant le groupe
social et linguistique de B tout en restant membre du groupe A.
L'employé bilingue est donc plus qu'un simple intermédiaire entre
les groupes A et B, il est une partie prenante et membre de chacun de ces
groupes.108
107 Lauring, Jakob, et al., (2012), « Multicultural
organizations : Common language and group cohesiveness », in
Organizational Behaviour and Human Resource Management, pp. 270-271
108 Bouchien De Groot, Elizabeth, (2012), « Personal
preference or policy? Language choice in a European-based international
organization », in Corporate Communications : An international Journal, p.
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