3.3.3 Conflits entre les langues en présence
1&1 en imposant l'allemand comme langue de travail et en
invitant ceux qui ne le parlent pas à « utiliser Google traduction
» envoie un symbole social fort.
Charles écrit « if people [...] face situations
where they feel deprived of their ability to communicate and express themselves
[sic] they feel a sense of frustration and a struggle to
96 Kinicki, Angelo, et al., (2003), Organizational
behavior: key concepts, skills & best practices, Boston, McGraw-Hill/Irwin,
p. 283
97 Bouchien De Groot, Elizabeth, (2012), «
Personal preference or policy? Language choice in a European-based
international organization », in Corporate Communications : An
international Journal, p. 257
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maintain dignity»98. L'usage de l'allemand
n'est donc pas seulement une question de simples compétences
linguistiques mais revêt une dimension beaucoup plus stratégique
de domination où la dignité du récepteur est mise à
mal. En effet, les personnes ne parlant pas la langue ou peu ont l'impression
que leur capacités professionnelles s'en voient elles aussi
limitées puisqu'ils ne peuvent pas argumenter leur idées avec
l'aisance dont ils auraient fait preuve dans leur langue natale.99
Une solution serait d'utiliser une langue dite « neutre » pour mettre
tout le monde sur un pied d'égalité.
Il aurait été en effet plus logique d'utiliser
l'anglais. Il a été en effet démontré que l'usage
de l'anglais serait plus propice au développement d'un climat positif de
diversité qui se traduit par l'ouverture aux différents niveaux
de langues, vocabulaire et accents100
Comme je l'ai évoqué plus haut, les langues ont
un impact sur les interactions entre les groupes et permettent le transfert de
l'information et des connaissances tout comme elles peuvent maintenir certains
employés isolés : une langue véhiculaire unique
permettrait une meilleure compréhension et communication entre les
membres des deux entreprises ce qui créera de facto un environnement
stimulant propice au partage et donc une meilleure performance. Or la mise en
place d'une langue unique que seule une partie des employés comprend ne
va pas dans ce sens et va même jusqu'à créer des tensions
parfois racistes : les allemands de 1&1 sont qualifiés de «
nazis » autoritaires par les télévendeurs et parfois
même par les managers. Ceci ne relève plus d'un problème
linguistique mais bien d'un problème d'ouverture culturelle qui doit
être initié et encadré par les managers eux même afin
de montrer la voie à suivre aux équipes commerciales.
98 Lauring, Jakob, et al., (2011), «
Multicultural organizations: common language, knowledge sharing and performance
», in Personnel Review, p. 268
99 Vaara, Eero, et al. (2005), « Language and the
Circuits of Power in a Merging Multinational Corporation», in Journal of
Management Studies
100 Lauring, Jakob, et al., (2011), « Multicultural
organizations: common language, knowledge sharing and performance », in
Personnel Review, p. 157
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