1.5. Niveau socio-économique de la famille
Du point de vue d'André Renaud et
Richard Cloutier, « l'argent dont dispose la famille conditionne
l'ensemble de ce qu'elle peut s'offrir matériellement : logement,
vêtement, nourriture, équipement de loisirs, services
éducatifs, services de santé, etc. Même si
« l'argent ne fait pas le bonheur », mais un milieu
économiquement pauvre est généralement moins bien
équipé pour offrir à l'enfant une stimulation
intellectuelle de qualité, un soutien constant dans la poursuite des
objectifs de scolarisation à long termes, et ce milieu familial
s'inscrit souvent dans un réseau d'aide sociale moins adéquate.
Les enfants issus de familles défavorisées seraient plus sujets
à afficher une faible estime de soi, de la rigidité
intellectuelle et un manque de persévérance dans la poursuite des
objectifs professionnels (Cloutier, 1985a). La pauvreté se place en
tête de liste des facteurs de risques en santé physique et
mentale.
Werner et Smith (1982) ont mené une étude
longitudinale qui a permis de suivre 698 jeunes Hawaïens de leur naissance
jusqu'à l'âge de 18 ans ; leurs résultats ont
clairement montré que les enfants, rendus vulnérables au
départ par des complications périnatales ; un faible poids
à la naissance ou un tempérament considéré comme
difficile (irritabilité, difficulté de contact, etc.), avaient
beaucoup plus de chance de progresser normalement dans une famille de niveau
socio-économique moyen ou supérieur que dans une famille pauvre.
Dans ce dernier cas, le risque de développer une maladie mentale ou une
forme d'inadaptation sociale s'est avéré très
élevé.
C'est dans ce contexte que Cloutier a affirmé que
« clairement, le faible statut économique représente un
déterminant important dans l'adaptation psychologique : L'enfant
qui naît dans une famille pauvre, explique-t-il, a une probabilité
plus élevée de vivre des difficultés psycho-sociales au
cours de son développement, et par conséquent dans sa vie adulte
ultérieure. L'abondance des appuis empiriques à cette affirmation
fait contraste avec l'absence de moyens vraiment utiles à contrer cette
situation bien connue de la « pauvreté
héréditaire » : Les enfants nés dans une
famille pauvre ont plus de chance à devenir pauvre
(10). La richesse éducative de l'environnement
familiale a ses effets sur le développement de l'enfant.
1.5.1. Richesse éducative de l'environnement
familial
Par ailleurs, plusieurs recherches ont montré que les
variables familiales suivantes jouaient un rôle significatif dans la
qualité environnementale offerte à l'enfant :
a- Le climat émotionnel dans la famille (notamment le
niveau de conflit) ;
b- La qualité de communication entre les
membres ;
c- La disponibilité d'adultes auprès de l'enfant
pour favoriser la réussite de ses apprentissages ;
d- La qualité de l'organisation pratique,
c'est-à-dire un fonctionnement pratique bien organisé dans
l'espace et dans le temps permettant à l'enfant de prévoir ce qui
lui arrive ;
e- Des expériences de vie riches et variées
permettant à l'enfant d'explorer son monde physique, psychologique et
social dans la mesure de ses capacités (Cloutier, 1985b ; Elardo,
Bradley et Caldwell, 1977).
Intégrant plusieurs de ces facteurs dans son approche
écologique de la famille, Bronfenbrenner (1979b) propose quatre
contextes dont la présence est liée à la richesse de la
stimulation offerte à l'enfant dans sa famille. Premièrement, il
ya le contexte éducationnel primaire où une personne plus
développée que l'enfant (le père ou la mère par
exemple) consacre son temps à l'enfant en vue de favoriser ses
apprentissages. Une famille où l'enfant passe beaucoup de temps
bénéficiant d'un encadrement dans ses activités
éducatives sera plus stimulante pour ce dernier qu'une famille où
l'enfant n'accède que rarement à ce contexte éducatif
primaire.
Deuxièmement, Bronfenbrenener (1979b) décrit un
contexte éducationnel secondaire correspondant au soutien que la famille
donne à l'enfant pour qu'il exerce les habilités acquises,
notamment dans le contexte primaire pour les appuyer dans leur rôle
éducatif auprès de l'enfant. Il s'agira par exemple de
l'encouragement concret que la mère offrira au père pour que
celui-ci consacre du temps en interaction directe avec son enfant. Enfin, le
contexte quaternaire, renvoie à la compétence que la famille
affiche dans l'utilisation de ses ressources communautaires disponibles. Ce
quatrième contexte concerne par exemple les habilités de la
famille à bien mettre au service de l'enfant les ressources
éducatives, de santé ou de loisirs disponibles dans sa
communauté.
Donc, selon Bronfenbrenner (1979a, 1979b), une famille active
dans chacun de ses contextes, est une famille riche pour l'enfant. Cette
richesse de stimulation dépend de son fonctionnement systémique.
Sur ce dernier plan, la compétence des parents dans leur rôle de
guide, est certainement importante. A côté des effets de la
situation économique sur la vie scolaire, situations conjugales
actuelles peuvent avoir des incidences sur le fonctionnement des
écoles.
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